La malédiction des templiers
siège, tête la première. Du sang suinta de ses cheveux à l’arrière de son crâne et commença à couler sur le siège en cuir. Il ne bougea plus.
— Nom d’un chien, grimaça Steyl. Ça va nous flanquer dans une sacrée merde.
— Mais non, ne vous en faites pas. Débrouillez-vous pour nous tirer de là au plus vite, voilà tout, répliqua Zahed avec flegme.
— On ne pourra pas atterrir là-bas avec ce type à bord, vous le savez, dit le pilote.
L’Iranien réfléchit au problème une bonne seconde avant de hausser les épaules.
— Alors ce ne sera pas le cas, répliqua-t-il en regardant Steyl d’un air entendu.
Le pilote fit signe qu’il avait compris. Il referma la porte de la cabine, retourna dans le cockpit, prit place sur son siège et redémarra les moteurs. Il amena l’avion en bout de piste et, quelques secondes plus tard, l’appareil prenait de l’altitude dans un ciel sans nuages. Zahed était assis dans le sens inverse de la marche, Simmons en face de lui. Il regarda par le hublot et attendit.
Peu après le décollage, Steyl ôta l’écouteur de son oreille droite et, se tournant vers Zahed depuis le cockpit, lui lança par l’ouverture menant à la cabine :
— Nous avons l’autorisation de monter à cinq mille pieds !
Le panorama était spectaculaire, et plus encore quand le pilote vira sur l’aile, vers deux mille cinq cents pieds. Les hauts plateaux autour de L’Aquila cédèrent rapidement la place à des montagnes couvertes de forêts. Le petit appareil passa bientôt au-dessus du nid d’aigle de la ville fortifiée de Castel del Monte et, quelques minutes plus tard, longea une série de pics déchiquetés, laissant sur sa gauche le sommet enneigé du Gran Sasso, point culminant de la péninsule italienne.
Steyl se tourna de nouveau vers la cabine :
— Palier à cinq mille pieds. D’ici un peu plus d’une minute, je devrai prendre de l’altitude.
Zahed sentit que l’avion ralentissait et comprit que Steyl avait réduit les gaz pour ne pas dépasser une vitesse de cent nœuds. Quand l’appareil se fut stabilisé, il s’extirpa de son siège, ôta à Simmons ses lunettes de soleil, qu’il fourra dans sa poche, avant de vérifier son état. L’archéologue était éveillé mais toujours sous l’effet des sédatifs : ses yeux éteints fixèrent Zahed d’un regard totalement dépourvu d’expression. Ce dernier tira sur sa ceinture de sécurité pour s’assurer qu’elle était toujours bouclée, tapota la joue de Simmons d’un geste condescendant puis, courbant le dos, se dirigea vers la porte de la cabine.
Celle-ci était en deux parties qui s’ouvraient comme un coquillage : le panneau du dessus, occupant le tiers de l’ouverture, basculait vers le haut, celui du dessous, plus important puisqu’il contenait le dispositif de passerelle, s’ouvrait vers le bas. Zahed saisit des deux mains la poignée et la tourna lentement, avant de retenir son souffle l’espace d’une seconde et d’entrouvrir la partie supérieure de la porte, de quelques centimètres à peine. Elle s’ouvrit instantanément en grand, le panneau étant violemment repoussé par l’air qui glissait le long du fuselage. Il relâcha ensuite la poignée du panneau inférieur, qui s’ouvrit tout aussi brutalement.
Un flux d’air glacial s’engouffra à l’intérieur de l’appareil avec un rugissement assourdissant. Zahed vérifia ses appuis. Il devait agir sans tarder. Les agents du contrôle aérien allaient incessamment donner à Steyl le feu vert pour passer à un palier supérieur et ils commenceraient à lui poser des questions s’il ne reprenait pas de l’altitude aussitôt après. Il s’approcha du pompier, se pencha sur lui, glissa ses mains sous ses aisselles et le redressa. Ahanant sous le poids de l’obèse, il parvint à grand-peine à lui faire quitter son siège… et le sentit bouger : l’homme était groggy, mais conscient. Il agita un peu les bras, faiblement. Zahed passa alors à l’action avec une ardeur accrue. La situation se faisait urgente. Poussant et tirant tour à tour, il fit franchir au pompier le mètre et demi qui le séparait de la porte de la cabine, prêt à s’opposer à tout mouvement brusque. Qui ne se produisit pas. Une fois à proximité de la porte, il déposa le corps sur le plancher de la cabine et commença à le pousser.
C’est la tête de l’Italien qui, la première, sortit à l’air libre. Heurtée avec violence
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