La malédiction des templiers
aide.
Ces mots déclenchèrent chez les responsables de la sécurité un bref mais vif débat, en turc. A l’évidence, ils n’appréciaient guère d’être mis dans l’embarras devant un collègue étranger.
İzzettin sembla réclamer une sorte de temps mort, avant de se contenter de répéter à Reilly ce qu’il lui avait déjà dit :
— Nous allons enquêter là-dessus.
— OK. Nous devons également découvrir comment il se déplace maintenant qu’il est là, insista Reilly. Si nous voulons retrouver sa trace, nous devons savoir précisément ce qu’on cherche. Comment est-il arrivé au Patriarcat ? Disposait-il d’une voiture qu’il aurait garée quelque part dans le coin et qu’il aurait abandonnée quand il nous a vus arriver ? Ou bien a-t-il tout simplement pris un taxi ? A moins que quelqu’un ne l’ait attendu ? Il n’est pas impossible qu’il ait sur place des agents en soutien…
— Autre question, intervint Ertugrul. Si l’on part du principe qu’il a emmené Simmons avec lui, où l’a-t-il laissé en attendant ?
— Nous avons pris le contrôle de la zone sitôt après la fusillade, répliqua İzzettin. Je suis sûr qu’il n’y avait pas de chauffeur qui l’attendait, car personne n’a quitté les lieux.
— L’assistant à l’université, dit Tess en se tournant vers Ertugrul, le mouchard qui a déclenché tout ce bazar en balançant Sharafi ? Vous êtes sûr qu’il a quitté le pays ?
— Il est parti depuis longtemps.
— Ce type se déplace trop vite pour faire ça tout seul, reprit Reilly. Il doit bénéficier d’un appui quelconque. N’oubliez pas qu’il ignorait que la piste menait à Istanbul jusqu’à hier soir, quand il s’est enfui du Vatican avec le Registre. Autrement dit, il n’avait pas vraiment le temps de planifier tout ça. Il improvise. Il réagit à mesure que l’information lui parvient, tout comme nous, mais avec un coup d’avance. Ce monastère… poursuivit-il en se tournant vers Ertugrul. A qui d’autre pourrait-on s’adresser pour essayer de le localiser ?
— J’ai eu une brève conversation à ce sujet avec le secrétaire du patriarche, après le drame, répondit Ertugrul. Il n’avait pas vraiment l’esprit à ça, mais il m’a clairement dit qu’il n’en avait jamais entendu parler.
— Ce qui n’a rien de surprenant, remarqua Tess. L’inquisiteur qui est tombé dessus a écrit qu’il était abandonné, et cela remonte au début du XIV e siècle. Sept cents ans plus tard, il n’en reste sans doute plus que des décombres, quelques ruines perdues au milieu de nulle part.
— Le secrétaire m’a promis d’en parler aux autres prêtres, expliqua l’attaché juridique. L’un d’eux saura peut-être quelque chose.
Désappointé, Reilly se tourna vers ses hôtes.
— Vous devez quand même avoir des experts, des universitaires qui connaissent leur histoire !
Le chef de la police eut un haussement d’épaules.
— Il s’agit d’une Eglise orthodoxe, agent Reilly. Et non seulement orthodoxe, mais orthodoxe grecque. Or la Turquie est un pays musulman. Ce qui signifie que, pour nos universitaires, ce sujet ne constitue pas une priorité. Si personne ne sait rien au Patriarcat…
Reilly hocha la tête, la mine sombre. Il savait pertinemment qu’entre Grecs et Turcs, ce n’était pas le grand amour, en tout cas pas depuis l’aube de l’ère seldjoukide et, par la suite, de l’Empire ottoman. Cet antagonisme aux racines profondes remontait à plus de mille ans, et il demeurait vivace aujourd’hui encore, ne demandant qu’à se raviver à l’occasion de problèmes épineux comme celui de Chypre, cette île divisée en deux.
— Donc, pour nous résumer, tout ce que nous savons, c’est que ce monastère se trouve dans les environs du mont Argée, ce que vous appelez les monts Erciyes. Vous avez une idée de la superficie de la région concernée ?
Ertugrul échangea trois ou quatre phrases avec leurs hôtes, sur quoi l’un d’eux décrocha le téléphone et murmura quelques mots en turc. Peu après, un jeune policier fit son entrée, apportant une carte routière qui fut dépliée sur la table. Après un nouvel échange avec les responsables turcs, Ertugrul se tourna vers Reilly.
— En fait, il ne s’agit pas d’un ensemble montagneux, mais d’une unique montagne, là, expliqua-t-il, désignant du doigt une vaste zone de couleur un peu plus sombre, au centre du pays. C’est un
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