La malédiction des templiers
Irakiens de garde aux portes, convaincus qu’ils avaient affaire à des Américains, les avaient laissés entrer. Une fois dans la place, le commando s’était déchaîné : ses hommes avaient tué un soldat américain et en avaient fait prisonniers quatre autres, qu’ils avaient exécutés peu après avoir quitté le QG. Au final, cette journée avait compté comme la troisième plus meurtrière pour les troupes américaines en Irak. Chose stupéfiante, aucun Irakien n’avait été blessé au cours du raid.
— Il était là. Ta cible. C’était l’un des mecs qui ont attaqué la base, lui apprit Aparo. Ses empreintes digitales correspondent à celles que nos gars ont trouvées sur l’une des bagnoles qu’ils ont abandonnées derrière eux. Et selon les infos qu’on a reçues, comme les deux opés ont été réalisées par la même équipe, il est possible, et même probable, qu’il ait été impliqué dans l’enlèvement de l’informaticien.
— On sait quelque chose sur lui ?
— Non, avoua Aparo. Rien du tout. Les mecs qui avaient organisé le raid se sont évanouis dans la nature. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’apparemment il en était. Mais ça nous donne une petite idée de ce à quoi peut ressembler le reste de son CV. Qui sait dans quelles autres affaires tordues ce pourri a été impliqué ? Si tu veux mon avis, c’est sans doute l’homme auquel ils recourent pour les opérations hors norme.
Reilly plissa le front.
— C’est bien notre veine.
Il était conscient du fait que, pour peu que l’on puisse se fier à l’histoire, tout cela ne prêtait guère à l’optimisme : dans chacune des confrontations qui avaient opposé l’Iran et les Etats-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Khomeiny, en 1979, dans chacun des incidents majeurs entre les Etats-Unis et l’Iran, c’était toujours l’Iran qui avait eu le dessus.
— Il faut lui faire la peau, Sean. Trouve-nous cette pourriture et envoie-le griller au fin fond de l’enfer.
Le bruit d’une sirène fit sursauter Reilly. Il se retourna pour voir une ambulance dévaler la rue et fit un bond de côté pour la laisser passer.
— Mettons-lui d’abord la main dessus, dit-il à son coéquipier. Une fois que ça sera fait, crois-moi, je n’ai pas vraiment l’intention de partager une bière avec lui.
23
Compte tenu des tensions politiques, tant nationales qu’internationales, qui agitaient le pays, les Turcs prenaient très au sérieux tout ce qui avait trait à leur sécurité intérieure, et l’affaire en cours n’y fit pas exception. Moins d’une heure après son retour au Patriarcat, Reilly, accompagné de Tess et d’Ertugrul, se retrouvait installé dans une salle de conférences aux parois en verre, dans les locaux de la Police nationale turque, au cœur du quartier d’Aksaray, échangeant questions et réponses avec une demi-douzaine de responsables des services de sécurité du pays.
Une question irritait tout particulièrement Reilly.
— Mais comment diable a-t-il pu entrer dans votre pays ? demanda-t-il, toujours furieux de ce cafouillage. Je croyais que vos aéroports étaient équipés de dispositifs de sécurité de niveau militaire.
Aucun de ses interlocuteurs ne parut avoir de réponse immédiate à lui offrir.
Suleyman İzzettin, le capitaine de la police qui l’avait accueilli à l’aéroport avec Ertugrul, décida de se jeter à l’eau et de rompre un silence qui devenait pesant.
— Nous menons une enquête sur ce point. Mais n’oubliez pas, ajouta-t-il, tout aussi furieux que Reilly de cette défaillance, que nos services de police aux frontières n’avaient ni photo nette ni pseudo. J’ajouterai qu’il n’est peut-être pas entré chez nous par les airs.
— Impossible, affirma Reilly, catégorique. Jamais il n’aurait eu le temps d’arriver ici par la route, pas depuis Rome. Il est arrivé en avion. C’est une certitude.
Il fit des yeux le tour de la pièce, parlant avec un débit un peu plus lent qu’à son habitude et articulant avec une netteté un peu forcée, pour être sûr d’être compris par tous.
— Ce type a réussi à faire passer ses otages de Jordanie en Italie sans problème. Maintenant il est ici, et il en détient toujours un. Nous devons absolument découvrir comment il se débrouille pour sauter d’un pays à l’autre. Et savoir dans quel aéroport il a réussi à passer à travers les mailles du filet nous serait d’une grande
Weitere Kostenlose Bücher