La mariage du Viking
silence.
Comme il ne répondait rien et se contentait de la regarder, Meradyce poursuivit :
— Ces femmes et ces enfants n’ont rien fait contre toi. Je t’en prie, demande à ton père de les libérer. Ne le laisse pas les vendre comme esclaves.
— Mon père m’a fait part des intentions des Vikings. Ils parlaient de me vendre, si l’on refusait de leur payer la rançon.
— Et tu crois cela ? demanda-t-elle vivement. Crois-tu qu’Einar t’aurait vendu ?
Adelar jeta un regard désemparé. La réaction de Meradyce le déconcertait.
— Einar t’aimait comme son propre fils, continua celle-ci. Il savait que ton père paierait, parce qu’il en a les moyens.
— Comment pouvait-il en être sûr ?
Meradyce ne pouvait lui mentir. Adelar devait savoir.
— Parce que ton père avait déjà payé beaucoup d’argent.
— Pourquoi cela ? demanda-t-il, intrigué. Il ne traitait aucune affaire avec les Vikings.
A cet instant, Kendric rejoignit le centre du navire.
— Retourne avec les autres femmes, ordonna-t-il à Meradyce. Retourne avec les barbares, comme tu le mérites.
Meradyce voulut désobéir, crier à Kendric qu’il n’était qu’un vil traître, qu’il avait payé pour l’assassinat de sa femme, et qu’elle le soupçonnait de s’en être, pour finir, chargé lui-même.
Pourtant, elle se ressaisit. Comment, dans sa position de prisonnière, oserait-elle l’accuser d’une telle félonie sans prononcer son propre arrêt de mort ?
***
Comme le drakkar pénétrait sur la rivière qui devait les mener au village de Kendric, Meradyce se rendit compte que les Saxons ne cessaient de faire des commentaires sur leur cargaison humaine. Glacée d’angoisse, elle comprit qu’ils choisissaient leurs prix.
Endera paraissait de plus en plus préoccupée, et Meradyce lui passa un bras réconfortant autour des épaules.
— N’aie crainte, lui dit-elle doucement. Ton père…
— Je n’ai pas peur, rétorqua aussitôt la jeune fille. Mais je ne crois pas que nous puissions compter sur mon père pour nous secourir avant que nous soyons vendues. Cela dépendra plutôt de nous, je crois.
Son regard balaya les alentours, puis elle ajouta :
— Il faudra que je me souvienne de cette fourche que fait la rivière, pour le jour où nous nous échapperons.
Endera parlait sur un ton si tranquille et confiant, que Meradyce eut soudain l’espoir, qu’ensemble, elles parviendraient à s’échapper.
— Il faut absolument rester ensemble, murmura-t-elle. Tous ensemble.
— Nous n’aurons qu’à trouver un bateau.
— Et être capables de naviguer jusqu’à notre village, lui rappela Meradyce.
— Nous sommes des femmes vikings, reprit Endera dans un sourire. La mer est notre sang, et Thor sera sûrement de notre côté. Le plus dur sera de voler un navire.
L’un des jumeaux de Asa se mit à pleurer, et Meradyce, le cœur empli d’un nouvel espoir, alla réconforter la jeune maman. Oui, elles s’échapperaient toutes ensemble, avec les enfants, en ne laissant personne derrière elles !
***
Einar et ses guerriers tirèrent sur le rivage deux des navires à demi immergés. Le drakkar, dont la coque était percée, serait réparé et utilisé pour suivre les Saxons. L’autre servirait à emporter les morts vers le Valhalla.
Muet de chagrin, Thorston prépara une tombe pour Olva, dont la religion voulait qu’elle fût enterrée. Il déposa son corps en terre, accompagné de son métier à tisser et de ses plus beaux bijoux. Quand il eut fini, il alla trouver Einar, et tous deux se recueillirent un long moment devant la tombe de la femme qu’ils avaient aimée. Des larmes coulèrent le long des joues de Thorston, qu’il ne chercha pas à essuyer.
— Elle était bonne, murmura-t-il. C’était une bonne épouse, la meilleure dont un homme puisse rêver. Jamais elle ne s’est plainte, même si je lui en ai souvent donné l’occasion. Einar, elle va tant me manquer…
Miné par le chagrin et l’inquiétude, Einar ne répondit pas. Sa mère était morte, sa femme et sa fille avaient disparu. Dans un immense soupir, il leva les yeux au ciel et réprima la rage qui menaçait à tout instant d’exploser en lui.
— Ils paieront, Thorston.
— Oui, ils paieront. Je m’en assurerai.
— Tu n’es pas un guerrier, lui rappela Einar. Il faut que certains d’entre vous restent ici pour commencer les réparations…
— Pas moi ! repartit Thorston avec
Weitere Kostenlose Bücher