La mariage du Viking
véhémence. Quand un homme a une cause à défendre, il ne doit pas se dérober. Si je dois reprendre mon épée, ce sera contre les Saxons. Et les autres me suivront, j’en fais le serment.
Devant l’expression résolue de son beau-père, Einar se vit dans l’obligation d’accepter. Puis, il repartit endirection de la rive, où il irait rendre un dernier hommage à son père.
Sur le flanc du drakkar endommagé, l’on fixa de grandes planches de bois pour colmater l’ouverture béante.
Puis, les corps des guerriers tués furent placés à bord, chacun gardant son arme à ses côtés. Bjorn et ses ouvriers eurent aussi l’honneur d’être embarqués sur le pont, leurs outils étalés auprès d’eux.
Enfin, Einar plaça l’épée de Svend dans sa main déjà glacée et raidie par la mort, tandis que Hamar lui glissait sa hache dans l’autre main.
Au bout d’un long instant de silence recueilli, Hamar vint se poster sur la proue du navire et s’adressa aux guerriers réunis.
— Amis, nous tous qui luttons côte à côte, nous savons que ceux qui nous sont chers festoieront dorénavant au Valhalla, chéris par Odin. Ils sont morts comme tout Viking veut mourir, au combat, l’arme à la main. Et pour ajouter à leur gloire, ils se battaient pour leur pays. A présent, c’est à nous, qui sommes encore vivants, de reconstruire notre village et de sauver nos familles. Je jure devant Odin que je n’abaisserai pas les armes tant que je n’aurai pas retrouvé les miens. Je sais que vous ferez tous le même serment. Travaillons au plus vite pour remettre nos navires à flot, et prions Odin de sortir victorieux de notre combat. Demandons à Njord de nous offrir un temps clément pour notre voyage. Demandons à Thor de nous donner la force, et à Balder de nous montrer la sagesse ! Et demandons à Freya de veiller sur nos femmes et nos enfants jusqu’à ce que nous soyons de nouveau réunis.
— A présent, ajouta Hamar, emmenons nos amispour le voyage final, vers le glorieux Valhalla, où nous espérons les retrouver un jour.
Puis il prit une torche des mains d’un des guerriers debout près de lui, et alluma le bûcher. Bientôt les bûches crépitèrent sous les flammes qui s’élevaient haut dans le ciel. Le vaisseau sembla frémir tandis que le bois humide sifflait doucement en séchant, avant de craquer puis prendre feu à son tour.
Alors, lentement, les guerriers tournèrent le dos au navire qui se consumait sur l’eau, et retournèrent à leur travail.
***
Les femmes et les enfants furent brutalement débarqués du drakkar par des soldats saxons ravis d’avoir des Vikings à leur merci.
Meradyce chercha des yeux Kendric et Adelar, mais ne vit aucun d’eux. Sans doute étaient-ils déjà descendus à terre.
Bientôt, les prisonniers se virent poussés, comme un troupeau, dans une vaste grange située en dehors du village. Alors seulement, avant que l’on refermât sur eux l’immense porte, Kendric apparut, accompagné de deux vigoureux guerriers. D’un doigt pointé en avant, il leur indiqua Endera.
Le cœur battant à tout rompre, n’écoutant que son courage, Meradyce s’interposa entre le thane et ses soldats.
— Kendric !
— Que veux-tu ?
— Je désire te parler.
— Je suis occupé, rétorqua-t-il avant de faire un signe aux gardes.
Sans ménagement, ceux-ci s’emparèrent de la jeune fille.
Meradyce se rua vers elle, mais les hommes de Kendric la précipitèrent au sol et, tandis qu’elle essuyait le sang qui s’écoulait de sa bouche, elle vit Endera entraînée de force dehors.
La lourde porte se referma, plongeant la bâtisse dans l’obscurité. Les femmes restèrent muettes de consternation, et quelques enfants se mirent à pleurer.
Meradyce se releva lentement. Il n’y avait plus un instant à perdre. Elle devait aider Endera, coûte que coûte. Mais comment ?
— Gunnhild ? Asa ? Reinhild ? appela-t-elle.
— Je suis là, répondirent successivement trois voix féminines.
— Moi aussi, ajouta Ilsa après un instant d’hésitation.
— Bien, reprit Meradyce qui, pour une fois, accueillit avec plaisir la présence d’Ilsa.
Elle n’avait pas une très bonne connaissance de la langue viking, mais fit tout son possible pour se faire comprendre.
— L’une d’entre vous peut-elle trouver une issue là où elle se trouve ? demanda-t-elle calmement. Tâtez les murs, cherchez quelque planche qui serait moins solide que les
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