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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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grêle qui l’avait écrasée, se redressa et reverdit presque à vue d’œil. Tout rentra dans l’ordre paisible de la nature.
     
     

     
     
    Je me séchai, m’habillai et rendis incontinent visite à ma douce Marguerite pour qu’elle panse mes nouvelles blessures. Elle me rassura :
    — Vous ne passerez pas les pieds outre ce jour d’hui. Vous serez aussi beau qu’un sou neuf dans peu de temps.
    — Un sou ? Un simple sou ? J’avais l’outrecuidance de croire valoir plus à tes yeux ! m’étonnai-je.
    — Un écu d’or : cela vous convient-il mieux, messire ?
    — Oui, ma belle. Mon écolière fait-elle des progrès ?
    — Vous en jugerez bientôt, messire. Je suis très douée, m’a affirmé ma maîtresse, dame de Guirande. Je ne sais comment vous remercier de m’avoir fait instruire par icelle. Vous êtes émerveillable et de ma vie ne l’oublierai, me dit-elle les yeux grands ouverts, baignants de bonheur, avant de me gourmander :
    « Mais il ne me paraît pas utile de la remercier, elle, de façons trop pressantes. Je suis sûre qu’elle fait tout pour vous énamourer (elle ne croyait pas si bien dire, ma petite Marguerite). Je lui ai pourtant vivement déconseillé l’ancolie.
    — Ne serait-ce pas cette nouvelle essence dont tu t’es parfumée avec abondance, ce jour ? Cette herbe dont on dit qu’elle sort de la main d’une sorcière ? Or donc, serais-tu jalouse, mon joli cœur ?
    —  Qui non zelat, amore non potest , qui n’est jaloux ne peut aimer.
    —  Amorosus semper est timorosus , qui est rempli d’amour est toujours rempli de crainte, rétorquai-je aussitôt avant de m’étonner : connaîtrais-tu le latin à présent ?
    — Bien peu encore. Mais il m’est aussi enseigné et j’en ois les mots et les curieuses constructions de la gramatique avec moult plaisirs. Ainsi, je saurai un jour, si la Vierge Marie le veut bien – je la prie en ce sens tous les jours que Dieu fait –, si ma science et mon esprit pèseront plus lourd en ma faveur sur le plateau du trébuchet d’un gentil mari. Car, sur l’autre plateau, la maigreur de ma dot et la modestie de ma naissance ne l’inclineront pas à pencher en ma faveur.
    « Qu’en pensez-vous, messire Bertrand ? me demanda-t-elle faussement innocente, la bouche en cœur.
    — Humm… humm. Sur l’heure, je n’en pense rien, ma jolie. Nous aviserons le moment venu. À tantôt, Marguerite », lui répondis-je pour couper court à des déclarations de fine amour que je voyais venir d’aussi loin que la maison du chevalier de Lebestourac qui dressait sa forte bâtisse au milieu du village.
    Je sortis de la salle des pansements, moins d’une heure après. Avec une bosse en forme d’œuf de pigeon sur le crâne. À part quelques flaques d’eau, des ruels saturés, un sol détrempé et quelques branches qui jonchaient le sol, il ne s’était rien passé. Le beau temps était revenu. Les bêtes à bon Dieu aussi.
    Alors que je traversai le verger, mon pied heurta un tube étrange. La grêle, par sa violence, avait descellé plusieurs pierres d’un muret. L’eau s’y était engouffrée et avait expulsé le rouleau. Il gisait à mes pieds, dix pas plus loin.
    Je le pris, examinai la feuille de plomb sertie qui l’avait protégé de l’humidité et fis un détour par ma chambrette. Je l’essuyai et le cachai entre deux piles de vêtements dans mon coffre à linge. J’aurais tout loisir de l’examiner plus tard, pensai-je alors. J’eusse mieux fait d’en prendre connaissance incontinent.
    Sur l’heure, je me dirigeai d’un pas décidé et guilleret vers la salle des Gardes pour gravir les marches de l’escalier qui menait à la chambre d’Éléonore de Guirande, le codex à la croix d’or cléchée, vuidée de gueules et cerclée de sable en main.
    Je n’avais pas revu la baronne depuis deux bonnes semaines. Le temps de lire ce stupéfiant document templier dont je m’étais saisi et de tenter de découvrir la vérité qui se cachait sous les mots et les phrases mystérieuses du dernier récit écrit de secrète manière. Mais elle ne perdait rien pour attendre.
    Après des jours et des nuits passés à réfléchir sur des ordonnancements de nombres, de lettres, à effectuer de savantes recherches à la façon des alchimistes, j’étais enfin parvenu à percer une partie d’un incroyable secret plus que centenaire. Avant qu’il ne se referme sur le cavalier englouti dans le

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