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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Elles étaient, selon les moments, à la fois plus plates et plus gigantesques que les jours précédents. L’orage ne menaçait pas encore.
    Des sillons blancs traçaient dans le ciel des destinations inconnues. Partis de rien pour aller nulle part.
    Les pommiers et les poiriers du verger, dans le petit enclos qui leur était réservé près de l’un des murs du donjon, faisaient des signes de détresse. Les noyers, un peu plus bas, mal entretenus sur un sol en pente légère, manifestaient une nonchalance inquiétante.
    Les champs de seigle, de chanvre, d’avoine et de blé ondulaient. Les épis desséchés étaient recroquevillés sur eux-mêmes. Un temps exceptionnellement chaud avait sévi tout l’été, à peine tempéré par quelques averses, aussi rares qu’éphémères.
    Je jetai un coup d’œil à dextre et à senestre. Vers l’est, le ciel était encore tendrement bleu ; vers l’ouest, il était velouté de noir et de gris. Mais le vent soufflait du noroît. Les orages les plus violents venaient généralement d’autan, du sud ou du sud-ouest.
    La soirée était très chaude. Trop chaude pour ne pas annoncer un orage. L’air devenait étouffant. L’orage menaçait sérieusement. Mais l’orage n’éclata ni ce soir-là ni le lendemain.
     
     

     
     
    La veille du jour de la Nativité de Notre-Dame, à cinq jours des ides de septembre, soit le 8 du mois, le village de Commarque était solidement fortifié.
    Tous étaient prêts à déboter un bel assaut. Les servants des engins réussissaient à atteindre leur cible avec une précision remarquable qui s’améliorait chaque jour.
     
    Le ciel se chargea de lourds et épais nuages. Les hirondelles volaient bas et laissaient présager un orage comme nous n’en attendions plus après trois mois de sécheresse. Nous étions parvenus sur les rives de l’automne. Le soleil se levait de plus en plus tard et se couchait de plus en plus tôt.
    Pour éviter que l’humidité ne les amollisse et qu’elles ne perdent en efficacité, j’ordonnai au capitaine d’armes de débander les cordes des arbalètes. Il en fit de même de tous les cordages qui rouillaient les différents engins de jet et les fit entreposer à l’abri de la pluie, dans l’armurerie.
    La lisière des arbres, au sommet de la colline, se dentelait d’une couleur vert tilleul. Plus bas, en dessous, dans le fond de la vallée, quelques tâches sombres et mordorées.
    À peu près au milieu du pech, légèrement à dextre, un éclat plus blanc que les autres se détachait : les rayons de soleil couchant illuminaient les pierres jaunes de la façade du château de Laussel, où s’était probablement réfugié le seigneur de Commarque depuis l’arrivée du Mal noir.
     
    Le vent soufflait à présent de l’autan. Les hirondelles volaient de plus en plus bas. En rase-mottes. Je contemplai la beauté du paysage qui m’entourait. Il changeait de formes, de volumes et de couleur à chaque instant. Décidément, le temps se couvrait. Le ciel se voilait à l’horizon, le vent se levait, d’abord modéré, puis de plus en plus fort.
    De brusques rafales décoiffèrent les chaperons de quelques dames et arrachèrent le chapel de fer d’un ou deux gens d’armes. Elles fouillèrent les feuilles, tordirent les branches, couchèrent lances et boucliers. J’avais toujours aimé assister au déchaînement des forces de la nature. J’allais être comblé.
    Les orages, en notre comté du Pierregord, sont parfois d’une violence incroyable et d’une soudaineté inoubliable pour les étrangers de passage. Le ciel, partout ailleurs, devient gris. Ici, les gros nuages blancs se chargent d’abord d’une belle couleur de plomb qui contraste avec l’azur du ciel.
    Peu à peu, ils se fondent les uns dans les autres et couvrent le paysage d’une lumière grise et cendrée. Les chênes, les châtaigniers, les noyers et les charmes se teintent d’un reflet gris-vert. La luminosité est cependant aveuglante, aussi curieux que cela puisse paraître.
    Le tonnerre gronde avec une certaine discrétion lointaine tout d’abord, puis il se rapproche au gré des vents. Le Bon Dieu roule des futs. En chêne, mais vides. Il prépare une grande colère.
    Les futs deviennent des tonnels, puis des barriques qui enflent pour dévaler une pente de plus en plus forte en s’entrechoquant mutuellement.
    Les barriques sont de plus en plus lourdement chargées, de plus en plus énormes. Elles roulent dans un

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