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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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rattraper le temps perdu, mais elle le fit maladroitement, cette fois :
    « Nous pouvons jouir ensemble, en parfaite communion, mon doux ami. Une communion de la chair et de l’esprit.
    — Dans le péché ! Dans le péché de l’adulteire ! affirmai-je à rebelute.
    — Le péché ! Le péché ! Vous n’avez que ce mot à la bouche. Elle se reprit incontinent : tu n’as que ce mot à la bouche. Rends-toi à confesse dès que tu l’auras commis, ce péché de chair. Tu recevras l’absolution et pourras récidiver, aussi souvent qu’il te plaira. Si tu crois à ces sornettes ! »
    La châtelaine s’était enflammée. Elle se radoucit, écarta les bras, ferma les yeux et chuchota :
    « Livrons nos corps à l’unisson et communions d’esprit. J’ai folle envie de toi et n’ai point connu plaisir charnel depuis près de quinze ans. »
    La tentation devenait forte. Trop forte. Une vague de chaleur embrasa mes reins. Nous nous rendrions un service réciproque, en quelque sorte. Dans une vertueuse communion de la chair et de l’esprit.
    En appui sur une main, j’effleurai de l’autre l’étoffe qui galbait les merveilleuses rondeurs de sa poitrine, l’arrêtai un instant sur les renflements provoquants qui tendaient la soie. Leur pointe grossit encore, gonfla au toucher.
    Je n’eus d’autre idée, l’esprit submergé par des fantasmes de toutes sortes, que de les pincer légèrement avant d’y poser la bouche pour les mordiller délicatement entre mes dents. À travers la soie.
    Ses reins se cambrèrent, ses jambes me pressèrent sur son bassin pour mieux m’emprisonner entre ses cuisses. Elle leva le menton, ouvrit la bouche et, alors que j’étais à un doigt de la desrober tout à plat, elle implora :
    « Oui ! Oui… Paillarde-moi et prends-moi sans atermoyer. Peut-être accepteras-tu ensuite de me rendre ce que je t’ai prêté il y a peu ? »
     
    Cette fois, le charme était définitivement rompu et toute envie de la pastisser s’envola d’un seul coup. La belle garce n’aurait-elle pas tenté de me séduire en profitant de notre chute malencontreuse (ou délibérée ?) pour récupérer ce que le hasard d’un rêve prémonitoire avait posé sur le chemin de mon enquête ?
    « Or donc, serait-ce pour récupérer cet insignifiant codex que vous auriez fait semblance de vous complaire à me séduire ? » lui demandai-je en l’aidant à se relever.
    Elle accepta la main tendue et, avant que j’eusse le temps de mettre prudente distance entre nous, Éléonore de Guirande me gratifia d’une gifle magistrale dont je ressens encore le cuisant sur ma joue.
     
    La violence de son geste me convainquit alors de deux choses : elle avait grande envie de s’emmistoyer avec moi et elle se révoltait à l’idée que j’eusse pu en douter. Mais elle avait aussi eu, derrière le chef, l’idée de récupérer ce codex aux ais de bois dont la couverture était frappée d’une croix cléchée.
    Lequel de ces deux sentiments, surprenants pour une femme qui ne parlait ni n’agissait avec légèreté, l’avait-il emporté sur l’heure ? Je ne sus le dire. Mais je compris que ce codex me livrerait des secrets bien gardés et éclairerait, sans nul doute d’autres voies que celles dans lesquelles elle avait souhaité m’enfermer.
    Pour la remercier de l’aveu que je pensais être parvenu à lui arracher en quelque sorte, je la morguai en déposant un baiser sur ses lèvres. Je redoutai un geste de révolte, une nouvelle gifle, une bouche qui se détournerait avec dédain dans le meilleur des cas. Que nenni. Loin s’en fallut. Elle accepta mon hommage avant de me le rendre avec une tendresse désarmante.
    J’eus l’impression, sans autre raison, d’avoir fait partie nulle. Une partie, plus chaude, plus excitante et d’une tout autre nature que toutes les parties d’échecs auxquelles nous nous étions livrés.
    Après l’avoir salué, le précieux codex en main, je me retirai, non sans éprouver un certain malaise.
     
    Clic et Clac, mes fidèles dogues, soulevèrent la tête, se dressèrent séant, frétillèrent de la queue lorsque je les caressai et s’allongèrent sagement par le travers de la porte. Les lattes du parquet étaient assurément plus fraîches que le sol poussiéreux du chenil.
     
    Dehors, le ciel s’assombrit à l’heure des vêpres. Quelques nuages s’effilochaient. Une légère brise s’était levée. Les collines avaient changé de place.

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