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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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France. N’en vient-il pas à revendiquer, non sans outrecuidance, la couronne de Saint-Denis et prétendre se faire oindre du saint crème ?
    « Mettez-vous à genoux et jurez de défendre notre sol, ses richesses, ses manants et ses bourgeois contre l’envahisseur godon. Soyez immutable et toujours fidèle à notre sire le roi Philippe et à notre Sainte-Mère l’Église. »
    Il avait desforé son épée aux quillons trifoliés, l’avait posée droit sur la pointe et avait placé ses mains de part et d’autre de la garde. J’avais levé timidement la main dextre vers le pommeau qui enserrait, en émail cloisonné d’or et de gueules, les armes champlevées de la très noble et très ancienne famille des Beynac. J’avais juré fidélité, les yeux encore brillants, en écrasant gauchement une dernière larme.
    Le baron m’avait aussitôt affirmé qu’à présent, j’étais devenu un homme, prié de tailler mes cheveux et de ne onques oublier le serment que j’avais fait. Il avait rengainé son épée dans le fourreau d’un claquement sec et m’avait tourné les talons, ainsi qu’il se plaisait à le faire pour mettre fin à un entretien.
     
    Dès lors, j’avais suivi l’enseignement de plusieurs maîtres d’école en l’abbaye de Sarlat, enseignement que mon tuteur avait enrichi de ses propres connaissances, qui étaient grandes. Presque aussi grandes que celles de mon père. Il avait complété mon expérience par la pratique des armes.
    Une lourde épée à dégorgeoir avait remplacé l’épée de bois. La canne et le bâton de berger s’étaient mués en fracassantes masses et terribles fléaux d’armes. Mon roussin était devenu destrier et il m’était arrivé plusieurs fois de vider les arçons.
    Pons de Beynac, au contraire de mon père, était dur, autoritaire, exigeant, mais toujours juste. Il punissait d’abord, il écoutait ensuite les doléances. Il ne tolérait ni faiblesse de l’esprit ni mollesse du corps.
     
    Quatre ans plus tard, page promu jeune écuyer à son service, je pratiquais le poteau de quintaine lance couchée, essuyais coups et contusions de l’aspersoir d’eau bénite, combattais à cheval, apprenais à diriger ma monture par la position des fesses sur la selle et la pression des jambes sur les flancs de mon cheval ou de ma jument préférée, les rênes et le bouclier d’une main, épée, lance ou hache d’armes de l’autre. En ces temps bienheureux, j’étais presque devenu un homme de guerre.
     
     

     
     
    Je parvins, non sans mal, à me ressaisir. Le capitaine d’armes gardait les yeux baissés.
    « Messire d’Astignac, nous a-t-on appris les circonstances de la mort du baron ? Les armes à la main pour défendre la forteresse ? Empoisonné ? Assassiné ?
    — Empoisonné, sans doute, mais par l’eau de la citerne. Il aurait enduré de violents maux de ventre et déféqué de terribles coliques avant de passer de vie à trépas, laissait entendre le message.
    — Ce message, sommes-nous certains qu’il ne s’agit pas d’un faux ?
    — Jugez par vous-même messire », me répondit le capitaine d’armes en me tendant un minuscule parchemin gratté d’une fine écriture en pattes de mouche. Le document portait le petit sceau du chevalier de Montfort. Aucun doute ne semblait possible. Le baron n’était plus de ce monde et je n’avais pu l’assister dans ses derniers moments ni recueillir son dernier souffle.
    Mon maître, mon compère, mon deuxième père avait expiré dans d’atroces souffrances. Cette fois, j’étais vraiment orphelin, sans que Dieu m’ait apporté le réconfort d’un frère ou d’une sœur. Les bras m’en tombèrent, l’esprit accablé par une immense tristesse. Mes sentiments étaient partagés. D’un côté, mon cœur pleurait le baron, d’un autre côté, j’eus le sentiment de m’apitoyer sur mon propre sort.
    Je lus les dernières lignes du document acheminé par pigeon voyageur. Le chevalier de Montfort nous mettait en garde : l’armée anglaise s’était divisée en deux corps de bataille d’environ cent cinquante lances chacun. L’un d’iceux pouvait, d’un jour à l’autre, faire mouvement vers nous.
    Le message me confirmait en ma qualité de lieutenant de la place et me conseillait de renforcer la garnison de Commarque en accueillant et en armant les paysans de la seigneurie.
    Sur l’heure, on n’envisageait pas de nous porter secours : la garnison de Beynac était

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