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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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ces féroces créatures ? lui demandai-je avec irritation.
    — J’ai mauvaise nouvelle, messire : Beynac nous informe de l’approche de fortes bannières ennemies en provenance de la ville de Saint-Cyprien. Elles se dirigent vers leur forteresse.
    — Cela voudrait-il dire que les Godons ne craignent plus les risques de quelque contagion ? Que le Mal noir aurait effectivement quitté la baronnie ainsi que nous l’espérions il y a peu ? Dans ce cas, messire Raoul, j’y vois là bonne et heureuse nouvelle !
    — Mais, messire, les guetteurs ont dénombré plus de trois cents lances ! Soit près de mil hommes d’armes au total !
    — Ne craignez rien, capitaine, la forteresse de Beynac est solidement remparée et sa garnison plus nombreuse et plus efficace que la nôtre.
    — Que Dieu vous entende, messire Brachet.
    — Cette nouvelle pouvait attendre que j’eusse terminé mon entretien avec la baronne, ne croyez-vous pas ?
    — Messire, j’ai plus grave nouvelle encore », me dit-il l’air sombre, en baissant la voix pour n’être ouï de quiquionques.
    Je le priai de parler sans tergiverser.
     
    Lorsqu’il m’annonça la stupéfiante nouvelle j’en restai interdit , cloué sur place, livide.
     
    Un pan entier de ma vie venait de s’écrouler.

La ceinture d’Hippolyté, ou le signe des Poissons dans la constellation du zodiaque.
     
    Le neuvième des douze travaux d’Héraclès
     
     
     
     
    Chapitre 9
    À Commarque, en l’an de grâce MCCCXLVIII, entre le jour de la Saint-Michel et le jour des nones d’octobre {xxvi} .
     
    « J’ai bien triste nouvelle, messire : notre maître, le baron Fulbert Pons de Beynac, a rendu son âme à Dieu. La nuit dernière », me dit-il d’une voix lugubre.
    J’en restai interdit, cloué sur place. Il m’est difficile de décrire ce que je ressentis ce soir-là tant j’étais bouleversé. J’en restai coi. Je revis en une succession d’images les deux hommes de ma vie : l’homme que je respectais et celui que j’avais aimé.
    Je croyais mon protecteur immortel. Taillé dans le roc, solide comme un vieux chêne. Sourcils en bataille, il se dressait dans mon souvenir, la main dextre sur la poignée de son épée, face à mon père par le sang. J’avais en quelque sorte hérité du deuxième à la mort du premier, c’est-à-dire après avoir perdu le mien, ce père bien-aimé qui avait assuré ma première instruction alors que je n’étais qu’un enfant de onze ans au seuil de l’adolescence.
    Mon père Thibaut m’avait inculqué l’esprit de chevalerie et de sacrifice : honneur, courage et loyauté. Il m’avait enseigné les rudiments du maniement de l’épée de bois, m’avait appris à monter à cheval, avait tenu le rôle du père et de la mère que je n’avais, làs, pas eu l’heur de connaître. En me donnant la vie, elle avait perdu la sienne.
    Mon père était d’une douceur et d’une patience exemplaires. Il m’avait choyé, protégé, instruit. Avant de me confier à mon compère, à mon parrain de baptême, le tout puissant baron de Beynac, pour le cas où il lui arriverait malheur prématurément.
     
     

     
     
    Le malheur arrive sans crier gare et toujours trop tôt. À son retour de la lamentable bataille de l’Écluse, couvert de moult balèvres, pansé de partout, le baron m’avait appris la triste nouvelle. Mon compère serait désormais mon tuteur. Je me souvins avoir éclaté en sanglots et pleuré toutes les larmes de mon cœur sans retenue aucune.
    Le baron de Beynac m’avait serré dans ses bras, un bref instant, en caressant la chevelure blonde qui descendait sur mes épaules, sans dire un mot. Puis il m’avait pris par la main et conduit sur les remparts de la forteresse avant de gravir les degrés de l’escalier en caillemaçon qui menaient au donjon.
    Il avait alors étendu le bras, balayant lentement l’horizon d’est en ouest, du nord au sud. De lourds et gris nuages poussés par un vent de norois cachaient puis découvraient le soleil de cette fin d’après-midi. La rivière Dourdonne pleurait aussi ses larmes d’argent en chevauchant quelques rapides ici ou là.
     
    « Messire Bertrand, ouvrez grand vos yeux et admirez la beauté et la douceur de notre comté : il n’en est de plus belle au monde. Le roi Édouard d’Angleterre veut faire de la Guyenne une terre anglaise. Au mépris du droit féodal qui lie un vassal à son suzerain, il récuse la légitimité du roi de

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