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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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dos.
    Je défis la boucle de mon ceinturon et posai mes armes sur le coffre à vêtements. Ils en firent de même. Les dogues s’étendirent sagement devant le feu et fermèrent les yeux de plaisir. Ils les ouvrirent, et relevèrent la tête lorsqu’on frappa trois coups discrets à la porte.
    René, accompagné de trois serviteurs, dressa l’ensemble des victuailles sous les yeux émerveillés des écuyers : potage de courges au lait d’amende et pâtissons au goût moins prononcé que l’artichaut de Jérusalem, pâtés d’échine marinés au vin rouge, longes de porc farci à l’ail, cor-marie accompagné de champignons relevés au cubèbe et au galanga, salades du verdurier et fromages de vache et de brebis. Le tout était accompagné de piquantes graines de paradis et de plusieurs brocs d’hippocrace.
    « N’est-ce point là un festin de roi alors que nous devons serrer les rations de près ?
    — Soyez quiet, messire Brachet. Le village de Commarque est presque aussi riche désormais que la baronnie tout entière. Nos chevauchées ont dépassé toutes nos espérances. Dès demain, deux cents têtes de bétail franchiront l’enceinte ainsi que près de trois cents manants, femmes et enfants à qui nous avons offert hospitalité et protection, s’exclama Guy de Vieilcastel. Ses compains opinèrent du chef et scrutèrent ma réaction.
    — Deux cents têtes de bétail ? Trois cents paysans ? Je n’en reviens pas. Ai-je bien ouï, messire ?
    — Sans compter les chevaux, les volailles, les jambons, les pâtés, les muids d’avoine, de farine de blé, de seigle, d’orge et de froment… renchérit Amaury de Siorac, visiblement fier du succès de leur mission.
    « Un foyer sur dix seulement a décliné notre offre. D’aucuns préfèrent surveiller leur demeure, cacher leurs réserves et courir le risque d’un pillage. Que Dieu leur vienne en aide !
    — Pourrons-nous loger autant de monde à l’intérieur du village ? m’inquiétai-je.
    — Il le faudra bien, messire Brachet. Ils font route vers nous et les premiers charrois se présenteront aux portes avant laudes. Mais nous avons déjà pris nos dispositions pour loger nos manants et leur famille, au chaud.
    « Les chevaliers de la place y répugnaient pour la plupart, mais ils ont accepté d’ouvrir la porte de leurs maisons fortes, conscients des avantages qu’ils trouveraient en vivres et en piétaille. Raoul d’Astignac n’attend plus que votre ordre pour leur ouvrir les portes de la barbacane.
    « Nous nous proposons, mes compains et moi, de les conduire en bon ordre à l’intérieur de notre enceinte et de les répartir en leurs différents logis, intervint Amaury de Siorac. À moins que vous ne souhaitiez diriger la manœuvre vous-même ? ou la confier à d’autres que nous ?
    — Préparez les plus robustes d’entre eux à soutenir un siège et à repousser les chanlattes d’assaut que les Anglais lèveront sur nos créneaux. Assurez-vous aussi des groupes qui servent les machines de guerre. Je vous fais confiance pour mener cette tâche à bonne fin, messires. Vous avez déjà réussi magnifiquement votre mission au-delà de toute espérance et vous en fais beau compliment.
    « Faisons ripaille à présent et prenons des forces. Je crains que nous en ayons besoin sous peu », dis-je en remplissant nos gobelets de ce vin d’hippocrace parfumé et en levant le mien pour boire une santé au baron Fulbert Pons de Beynac, en lui souhaitant longue vie.
    J’observai attentivement le visage de mes compains. Personne ne broncha. Tout mon petit monde leva son godet, avec spontanéité, sans arrière-pensée. Sans me poser la moindre question. Sans émettre le moindre doute sur sa santé. Un large sourire leur fendait la gueule. J’en fus rassuré incontinent.
     
     

     
     
    Nous étions seuls, Marguerite et moi. Les trois écuyers avaient pris congé, René et les serviteurs avaient débarrassé la chambre de la table qui avait été dressée pour notre copieux souper. Clic et Clac s’étaient jetés sur les reliefs du repas et ronflaient discrètement au coin du feu, le chat entre leurs grosses pattes. Une nouvelle brouettée de bois de chauffe apportée par René me permettrait de passer une nuit douillette.
    « Marguerite, quelles sont les dernières rumeurs dont le bruit se répand parmi le personnel de la lingerie et des cuisines ? Parle sans crainte et réponds-moi sur ton âme et sur ta conscience.

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