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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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L’affaire est grave. » Marguerite fut interloquée :
    « J’ignorais que vous enquêtiez sur les remuements et les clabaudages des lingères et des filles de cuisine, mon gentil sire.
    — Je t’en prie, Marguerite, l’affaire est d’importance. Parle et conte-moi tout ce qui se dit. Par le menu. »
    Elle ouvrit tout grands ses magnifiques yeux couleur des châtaignes à l’automne, réfléchit un instant avant de lâcher :
    « Honorine pleure encore la mort de Mathieu Tranchecourt avec qui elle eut des relations charnelles, Marthe regrette celle de Julien Liorac pour les mêmes raisons, mais elle a jeté son dévolu sur Luc Finebranche, un autre sergent de la place, sans avoir encore commis le péché de chair avec icelui.
    « Florette a reconnu son attirance pour René le Passeur, mais redoute ses exsudations de rouquin. Elles ne semblent pas incommoder Gilberte, qui la rend terriblement jalouse au point qu’elles en sont venues aux mains un beau soir et se sont battues comme des charpies. Avant qu’elle ne jette son dévolu sur Charles l’Andouiller.
    « Quant à la pauvre Claire, elle est sourde et muette et Léa préfère la compagnie de personnes du même sexe…
    — Est-ce vraiment tout ? Des affaires de cul et de foutre, rien d’autre ?
    — Ah, si ! Un coq a été dérobé. Deux boudins de porc aussi et quelques pâtés. On soupçonne Thaïs, une des filles de cuisine, sans avoir de preuve. Elle est aussi grasse qu’une truie et grignote à tout va ce qui lui passe sous la main.
    — Quelles sont les dernières nouvelles de Beynac ?
    — Peu de choses ; on sait seulement que nous risquons de devoir affronter un siège anglais depuis que vous en avez parlé et avez ordonné de lever l’arrière-ban. D’aucunes redoutent grand malheur, d’autres se déclarent prêtes à se battre comme des lionnes.
    — Ont-elles jamais vu ces bêtes féroces ?
    — Nenni, seulement ouï des récits de troubadours. Aucune ne sait lire ou écrire. À part moi, bien sûr, me dit-elle fièrement.
    — Rien d’autre ? En es-tu bien assurée, Marguerite ? Il en va de la vie de deux hommes.
    — De la vie de deux hommes ? Par Saint-Jean ! Je vous trouve bien cachottier. Que craignez-vous d’apprendre, messire Bertrand ? Je ne puis vous dire ce que je ne sais, et il me répugne de jouer les référants.
    « Aucune rumeur ne m’échappe. Les filles commentent ce que toute la garnison sait et elles se confessent à moi car elles croient que je ne suis point une rivale pour icelles.
    — Ah, oui ? Et pourquoi ?
    — Voyons, messire Bertrand, elles savent que je n’ai d’yeux que pour un écuyer et éprouve grand amour pour icelui. Elles se moquent de ma modeste condition et se rient de moi. Mais peu me chaut.
    — Messire Fulbert Pons de Beynac, premier baron du Pierregord est mort.
    — C’est impossible, réagit-elle, le visage décomposé, en plaquant ses mains sur ses joues.
    — Hélas, c’est la triste vérité. Nous ne sommes que quatre ou cinq personnes à le savoir à présent et je t’interdis d’en parler à quiquionques. J’annoncerai moi-même cette infortune lorsque-je jugerai le moment opportun. Je ne tiens pas à créer d’émoi avant le probable siège des Godons.
    — Savez-vous quelle est la cause de son décès ?
    — Il aurait été empoisonné par l’eau de la citerne, semble-t-il. Et pas autrement. C’est là une triste fin pour si vaillant et noble chevalier, qui était en outre mon compère et mon protecteur.
    — Ô mon Dieu, oui ! Qui aurait pu imaginer pareille cause à son trépas ? Depuis quand avez-vous appris son infortune ?
    — Il y a plusieurs jours déjà. Mais la baronne en a été informée. Sauras-tu au moins tenir ta langue et ne pas clabauder à qui mieux mieux cette bien triste nouvelle ? lui demandai-je. Tu en joues trop bien du plat, pour que…
    — Vous me vexez, messire. Ne voilà pas que vous me soupçonnez d’avoir livré une information que j’ignorais ! C’est un comble ! Je croyais vous avoir prouvé mon indéfectible fidélité en moult occasions. Vos paroles me blessent plus que vous ne l’imaginez. Faut-il que vous ayez bien peu confiance en moi pour oser m’insulter de la sorte ! Ce n’est point là ce bel esprit de chevalerie dont je vous croyais le servant.
    « Permettez-moi de me retirer incontinent, hoqueta-t-elle, les larmes aux yeux. Adieu, messire. Je vais prévenir René de vous apporter

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