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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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coin.
    — Peu nous chaut, Bertrand, nous avons remporté une fabuleuse victoire ! Quelle belle façon de les déçoivre !
    — Mais cette saignée, là, près du col ?
    — Un simple dard que j’ai extrait incontinent du gras de mon épaule. Une simple piqûre de moustique, décochée par l’un de vos archers paysans. Il a dû me prendre pour un Gascon ! dit-il en bombant le torse et en s’administrant force claques sur la bedaine.
    « Dommage que ces cochons d’Anglais ne soient pas comestibles. Nous aurions fait belle ripaille ! Car nos vivres commencent à manquer », chuchota-t-il en observant ma réaction du coin de l’œil.
    Alors que je ne comprenais pas pourquoi les considérables réserves que nous avions accumulées venaient déjà à manquer, il éclata d’un rire tonitruant :
    « Non, rassurez-vous messire Bertrand. Nous manquons seulement de porcs ! Et nos gens aiment le cochon ! Le Cochon godon, de préférence !
    « Mais trêve de balivernes ! À présent, agenouille-toi, jeune écuyer, m’ordonna-t-il, alors que le doyen de nos chevaliers, qui avait répondu à l’émissaire gascon, s’approchait à grands pas de nous.
    — M’agenouiller ? Vous n’êtes pas Dieu le Père que je sache, messire Guillaume ! Sauf votre respect.
    — Un écuyer ne peut être adoubé debout, aussi fendant soit-il ; même s’il est armé chevalier sur le champ de bataille », clama-t-il. Je le regardai interdit. Plaisantait-il ? À voir son visage impassible, empreint de solennité, j’en doutais, mais ne pus m’empêcher de lui demander, blèze :
    « Je, je… Je ne mérite point un si grand honneur !
    — Si, vous le méritez, messire Brachet de Born. Vous avez confondu cet infâme traître d’Astignac et, grâce à vos talents de stratège, grâce à votre sens aigu de la tactique, nous avons descharpi ou capturé presque toute l’avant-garde ennemie. De riches rançons qu’ils devront bailler s’ils veulent recouvrer leur liberté ! De quoi vivre dans la pécuniosité de longues années encore, s’exclama le vieux chevalier qui était de la bataille de Crécy. Nous serons vos deux compères en chevalerie, le chevalier Guillaume et moi. Ainsi en avons-nous décidé.
    — Mais, la veillée de prière ? Avant l’adoubement… ? invoquai-je pour gagner du temps et me remettre de mes émotions.
    — La prière, tu la feras dans le lit de Marguerite cette nuit, gloussa Guillaume de Lebestourac. Et puis, il suffit à la parfin ! Par Saint-Denis, vas-tu mettre un genou au sol ou dois-je t’y contraindre par la force ? »
    Le chevalier de Lebestourac ne plaisantait plus. La jambe flageolante, mon genou dextre fléchit sans que je lui commande la génuflexion.
    Je me souvins alors de ces paroles de la princesse Échive de Lusignan : “Tu seras armé chevalier avant cinq ans, mais pas par qui tu crois, icelui auquel tu penses ". J’avais effectivement pensé mériter cet honneur, aussi grand que ruineux, par le baron de Beynac. Un jour peut-être. Mais le baron n’était plus de ce monde.
    Le chevalier Guillaume m’administra sur la nuque une colée qui ressemblait plus à une baffe qu’à un geste rituel d’adoubement. J’en basculai sur le côté.
    Le vieux chevalier desfora et m’adouba solennellement sur l’épaule senestre du plat de son épée en récitant les paroles de l’ancien rite de l’adoubement :
    “ Seigneur  ; exauce nos prières et bénis de ta Dextre de Majesté cette épée dont ton serviteur que voici a désiré être ceint (sic !) afin qu’elle devienne protection et défense des églises, des veuves, des orphelins et de tous les serviteurs de Dieu contre la fureur des païens, procurant terreur et crainte à tous les assaillants.
    “Quant à toi, Bertrand Brachet de Born, sur le point d’être armé chevalier, souviens-toi de cette parole de l’Esprit saint : Vaillant guerrier, ceins ton épée. Cette épée, c’est en effet celle de l’Esprit saint, qui est la parole de Dieu. Selon cette image, soutiens donc la Vérité, défends l’Église, les orphelins, les veuves, ceux qui prient et ceux qui travaillent, dresse-toi promptement contre ceux qui attaquent la Sainte-Église, afin de pouvoir paraître couronné en présence du Christ, armé du glaive de la Vérité et de la Justice”.
    Le chevalier Gaucelme de Biran, notre doyen en la place, m’offrit alors sa propre épée, posée à plat sur les paumes de ses mains et

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