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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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poursuivit :
    “Reçois cette épée qui n’a jamais failli en moult magnifiques batailles et descoleté plus d’une tête. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
    “Reçois ces éperons d’or qui symbolisent ton appartenance à la chevalerie…” Désolés, nous n’avons pas eu le temps de forger tes éperons, se lamenta-t-il en s’en rendant compte soudain.
    — Qu’importe, s’esclaffa Guillaume de Lebestourac en dénouant les courroies des siens, prends les miens. Je te les offre avec grande fierté ! »
     
     

     
     
    Le ciel était constellé de scintillements argentés. L’étoile de Vénus, dite du berger, me faisait de rapides clins d’œil pour attirer mon attention et bénir mes épousailles et mon entrée en chevalerie du haut des cieux. Quelques feux achevaient de se consumer. De nouvelles torches sillonnaient le chemin de ronde. Et de puissantes torchères illuminaient le sommet du donjon.
    Les manants déportaient sur des charrois mortuaires ceux qui étaient passés de vie à trépas. Ils seraient enterrés dès l’aube, à l’extérieur des murailles, ou rendus à l’ennemi si le gros de la bataille anglaise estravait ses pavillons prochainement.
    Tous les blessés, amis ou ennemis, avaient été conduits dans la lingerie, transformée pour la circonstance en enfermerie où il régnait une agitation fébrile. Marguerite s’affairait, aidée par des paysannes et d’autres servantes. Elle faisait office de miresse et d’apothicaire à la fois.
    Ici, on lavait les navrures, on préparait des décoctions, on apazimait les plus agités, là on recousait les lèvres des plaies ouvertes, on cautérisait, on administrait baumes et onguents, on pansait à tour de bras sous les gémissements ou les râles des blessés.
    Marguerite, le visage sueux, les manches retroussées, la robe rouge de sang, me fit un pauvre sourire lorsqu’elle me vit. Elle invectivait les servantes, les encourageait d’une voix ferme, maniait les outils de la trousse du barbier, des cotels, des pinces, des aiguilles, et autant d’instruments improvisés qu’elle passait sous la flamme avant de s’en servir.
    Elle prodiguait des mots d’encouragement ou de consolation aux agonisants avant que le curé ne leur administrât les derniers sacrements.
    Tout ce sang, tous ces blessés… J’en eus la nausée. Je lui déposai un baiser sur le front et me retirai.
     
    Je fis enlever les chanlattes que l’ennemi avait dressées contre les murs d’enceinte et consolider, de l’extérieur, la porte du passage sous la chapelle d’où beuglaient nos captifs. Il leur fut servi du pain et de l’eau, mais point de couette. La bouse de vache et le crottin de cheval leur tiendraient lieu de coutils et de litières pour cette nuit. Parmi eux, le moins fringant était le chevalier Géraud de Castelnau d’Auzan… Demain on aviserait.
     
    Alors que je regagnais la maison forte du chevalier de Lebestourac, ce dernier m’interpella et m’avertit :
    « Messire Bertrand, mon ami, je crains tu ne sois encore que trop peu averti de la perversité de ces drôlettes et moins bien préparé au combat que tu livreras ce soir qu’à ceux qui nous ont opposés aux Godons !
    « Lors de ta nuit de noces, prends garde, n’oublie pas que mon épouse me remercia de mes prouesses en des termes que je ne suis pas prêt d’oublier, gémit-il en prenant une voix aigrelette pour me conter ses anciennes mésaventures nocturnes :
    “Messire mon mari, vous galopez lorsqu’il faudrait trotter, vous trottez lorsqu’il faudrait marcher, vous reculez lorsqu’il faudrait avancer, vous vous arrêtez lorsqu’il faudrait allonger l’allure. Et vous videz les arçons au moment de sauter l’obstacle ! En un mot, vous êtes un bien piètre cavalier pour oser saillir une jument aussi prompte à s’escambiller que moi !
    “Je ne saillis point une jument, ma Dame, je vous chevauche l’échine ! lui avais-je répondu, les sangs en ébullition.
    “Alors vous chevauchez trop tôt ou trop tard, car vous montez trop court ou trop long. Et vous dégainez trop mou   ! ” m’avait-elle craché à la figure, m’avoua Guillaume de Lebestourac, avec dépit.
    — Votre épouse avait grand tort, mon bon chevalier ! Ignorait-elle que des paroles aussi blessantes ne pouvaient que gâter le plaisir qu’elle refusait de donner à celui qui le lui offrait ? tentai-je de le rassurer, sans parvenir encore à le tutoyer.
    — Des mots, des

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