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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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ne pouvais, de là où je me tenais, évaluer l’ampleur du désastre. Je ne pouvais que prier le Ciel que les défenseurs obéissent aux derniers ordres que j’avais donnés.
    Je jetai un coup d’œil vers la barbacane. Aucun combat ne semblait s’y dérouler. La reconnaissance effectuée par le chevalier Géraud de Castelnau d’Auzan, lors de la sommation qu’il nous avait lancée le matin même, l’avait probablement, convaincu de la force de nos défenses d’icelui côté.
    Cent cinquante hommes, bien décidés et bien armés, n’auraient pu en venir à bout qu’à l’aide de beffrois, de chats et de béliers, engins dont l’avant-garde anglaise et gasconne ne disposait pas. Sauf à creuser une sape. Question de temps.
    Mais l’orgueilleux chevalier pensait bien réussir à enlever la place à lui seul. Avec son avant-garde. Sans attendre l’arrivée du gros de l’armée. Pour s’en attribuer la gloire. Et se saisir de la châtelaine pour le profit de son maître, le triste sire de Castelnaud de Beynac. Il avait préféré mener l’assaut du côté de la vallée, où il devait penser que nous ne l’attendrions point. Et tenter de pénétrer nos enceintes sous la chapelle, avec l’aide du félon qui se dressait devant moi. Il n’était pas loin de parvenir à ses fins, craignis-je.
     
     

     
     
    « Arnaud, Arnaud ? Est-ce toi ? » Mon cœur battait la chamade. À rompre les veines-artères.
    Ce n’était Dieu possible. Je crus être victime de quelque plante hallucinogène. Comment aurait-il pu pénétrer dans notre place ? À notre insu ? S’il était parvenu à s’esbigner des souterrains, plusieurs mois plus tôt, c’était sans doute pour se réfugier dans quelque maison forte de feu son père, loin au nord, en pays breton ou poitevin.
    Pourtant, ce regard… Ce regard de loup… Ces yeux plissés en amandes… L’homme d’armes s’avança. Je scrutai ses traits à peine visibles à contre-jour.
    Non, ce n’était point Arnaud. J’en éprouvai sur l’heure une sorte de soulagement morbide. L’homme qui s’avançait sur la passerelle était celui auquel je pensais depuis longtemps. Depuis le jour où j’avais libéré le chevalier Romuald Mirepoix de la Tour de la réclusion sommaire où une erreur de jugement de ma part l’avait conduit, un temps.
    L’homme qui me provoquait était à l’origine de plusieurs assassinats et tentatives de meurtre depuis mon arrivée en cette place. L’homme qui avait révélé à la baronne la mort de mon maître et compère, le baron de Beynac.
    En franchissant le tablier du guichet et le petit pont surmontant le fossé qui séparait la chapelle Saint-Jean et la Maison-Tour, l’homme qui se dressait céans, l’air menaçant, à la tête d’un détachement de gens d’armes, avait déclenché l’ingénieuse mécanique que maître Pierre, dit Taillefer, avait réalisée en secret selon les plans que j’avais conçus.
    La herse s’était abattue incontinent, scellant de ses sabots de fer le corps de l’envahisseur qui le suivait de près. De très près, mais pas d’assez près. Au même instant, déclenché par le même principe de mécanique, un lourd madrier, adroitement suspendu, avait bloqué de l’extérieur la porte en chêne massif par laquelle le traître avait fait pénétrer le groupe d’assaut, le retenant à présent bellement prisonnier dans le large passage sis sous l’autel de la chapelle.
    Une trentaine d’ennemis, ou plus, s’étaient engouffrés dans le piège que je leur avais tendu. Ils rugissaient à présent comme des fauves en cage, où se mêlaient accents français, anglais et gascons, leurs heuses pataugeant dans la bouse de vache et les excréments que le bétail et les chevaux avaient déféqués. Leur odeur m’avait alerté quelque temps plus tôt.
    À défaut de voir ou d’entendre, la merdouille fraîche copieusement arrosée de l’urine que j’avais fait répandre, écrasée sous leurs pieds, avait répandu ce fort parfum dont les puissants effluves m’avaient mis en alerte.
     
     

     
     
    Raoul d’Astignac, traître, meurtrier et félon à la cause de ses maîtres, capitaine d’armes de la place forte de Commarque qui relevait de la coseigneurie des seigneurs de Beynac et de Commarque, s’approchait enfin d’un pas décidé. Il arracha son gorgerin et s’avança vers nous, le bouc et la moustache finement rasés, dévoilant son crâne chauve comme un œuf, pour livrer son

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