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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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expliqué ! dit Noé Poisson en sanglotant.
    – Voyons, mon digne ami, fais taire un instant ta douleur, et raconte-moi l’explication de M. Berryer. Car là doit se trouver le point intéressant de l’aventure… le nœud de l’action, comme nous disons en tragédie.
    Noé Poisson essuya son visage ruisselant de larmes, avala un verre de vin d’Espagne, et reprit :
    – Voici exactement ce que m’a dit M. Berryer :
    « Mon cher monsieur Poisson, vous pouvez et vous devez aider M. le lieutenant de police à sauver madame d’Etioles et empêcher ainsi un grand crime. D’abord, madame d’Etioles est votre fille, et votre devoir paternel vous oblige à la protéger…
    – Certes ! ai-je répondu. Et je suis disposé à tout faire pour cela !
    – Eh bien, a continué alors le lieutenant, qui se donnait toujours pour un simple sbire, tu comprends ?… eh bien, un seul mot de tout cela à M me  d’Etioles ou à quelqu’un de son entourage ne ferait que hâter le dénouement, c’est-à-dire l’exécution du complot, c’est-à-dire le meurtre de cette malheureuse jeune femme. Alors, voici ce qui a été décidé. Nous enlèverons madame d’Etioles et, pendant quelques jours, nous la garderons en lieu sûr. Puis, quand nous aurons arrêté ceux qui conspirent sa perte, nous la ramènerons à l’hôtel d’Etioles. Seulement, M me  d’Etioles est toujours bien escortée quand elle sort. Elle se refuserait à nous suivre. Il faut donc que ce soit vous qui trouviez le moyen de la décider. Nous aurons un carrosse qui stationnera à l’endroit que vous nous indiquerez. Vous amènerez M me  d’Etioles. Vous la ferez monter dans le carrosse, et le reste nous regarde !… »
    Ayant achevé son récit, Noé jeta un coup d’œil d’angoisse sur Crébillon.
    – Voyons ! qu’est-ce que tu penses de tout cela ?
    – C’est simple, répondit le poète sans hésiter. Si l’homme qui t’a parlé est bien réellement le lieutenant de police, il faut obéir sans retard. Car alors, c’est que Jeanne est réellement menacée. Mais…
    – Mais ?… Parle donc !…
    – Eh bien ! Je crois que tu as mal vu ! Je crois que tu devais être ivre ! Je crois que tu n’as pas parlé à M. Berryer ! Et alors, c’est toi qui dois prévenir la police !… Voilà ce que je pense.
    Noé secoua la tête.
    – J’ai vu cent fois M. Berryer. Je suis sûr de ne pas me tromper. Ivre ? Je ne l’étais pas ! Et d’ailleurs, tu sais que l’ivresse ne m’enlève rien de ma netteté de pensée !…
    – Hum ! fit Crébillon, narquois.
    – Enfin, Crébillon, veux-tu que je te dise une chose ?… Eh bien, en venant ici, je me suis aperçu que M. Berryer me suivait !… Juge par là si la chose est grave !…
    Crébillon se leva aussitôt.
    – Où vas-tu ? s’écria Noé. Tu m’abandonnes !…
    – Non. Si tu as été suivi, on t’attend. Et je vais voir…
    Il s’élança aussitôt au dehors. Au premier étage, il y avait, outre un appartement dont il va être question, un petit logement donnant sur le palier par une porte vitrée et habité par une sorte de gardienne.
    Le palier était dans l’obscurité. Le logis était éclairé. En passant, Crébillon y jeta un coup d’œil. Et il aperçut distinctement un homme qui causait à la gardienne ; il s’arrêta court et ne put s’empêcher de tressaillir : cet homme, c’était Berryer ! le lieutenant de police en personne !…
    Crébillon remonta tout pensif.
    – Tu avais raison, dit-il à Poisson. La chose est grave. M. Berryer est en bas.
    – Seigneur ! larmoya Noé. Je vais être pendu, roué vif, jeté dans une oubliette !…
    – Du courage, morbleu ! En tout cas, il faut agir promptement.
    – Que faut-il faire ?… J’ai la tête perdue…
    – Obéir !… Ecoute… j’ai une idée… l’habitude des pièces de théâtre, tu sais…
    – Oui, oui ! Tu es un homme de génie… Parle…
    – Sais-tu qui habite dans cette maison ?… Madame Lebon.
    – La tireuse de cartes ?
    – Elle-même. Elle occupe presque tout le premier étage. Un magnifique appartement. Alors, voici !… Tu vas décider Jeanne à demander une consultation. Avec son esprit poétique, elle adore le merveilleux. L’idée la séduira, j’en suis sûr. Elle viendra…
    – Et alors ?…
    – Le carrosse en question viendra stationner en bas, ce qui n’aura rien d’étonnant, puisqu’il y a toujours des carrosses et des

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