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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pas un coup de dent.
    – Si tu veux m’en croire, dit alors le poète, mangeons en paix. Tu me raconteras après ton histoire qui doit être fort lugubre. Or, rien ne trouble l’appétit comme la tristesse.
    – C’est vrai, dit Poisson, quand je suis triste, je ne puis manger, mais je bois davantage…
    Crébillon remplit les verres qui, l’instant d’après, se trouvèrent vides…
    Enfin, le moment arriva où, la dernière pâtisserie ayant été dévorée, Crébillon plaça sur la cheminée un flacon de vin d’Espagne réservé pour la bonne digestion, alluma voluptueusement sa pipe, s’installa près de l’âtre, et murmura :
    – Seigneur, que la vie est belle !…
    Avec son soupir de béatitude s’envola un nuage de fumée bleuâtre.
    – Je t’écoute ! reprit le poète à Noé qui, de son côté, avait traîné le bon fauteuil à l’autre bout de la cheminée.
    – Eh bien ! dit alors Poisson en se bourrant le nez de tabac, figure-toi, mon digne ami, que j’ai reçu une visite… mais une visite terrible… une visite dont tu ne peux te faire aucune idée.
    – Bah ! serait-ce celle de Belzébuth, avec ses cornes ?…
    – Non. C’est bien pis !…
    – Halte, Poisson !… Je devine ! Tu as reçu la visite de M. de Voltaire.
    Crébillon était affreusement jaloux de Voltaire.
    – Non !… C’est bien pis encore !… reprit Noé Poisson. J’ai reçu un homme qui se prétendait envoyé par M. le lieutenant de police !…
    – Eh bien ? Ta conscience te reprocherait-elle quelque crime ? Pour moi, la vue d’un agent de police m’est indifférente.
    – Oui ! mais sache qu’en cet homme qui, en effet, se prétendait un modeste employé, qui disait parler au nom de son maître… eh bien, Crébillon, j’ai reconnu M. Berryer lui-même, le lieutenant de la police royale en personne !…
    – Grand honneur après tout !… Et que t’a-t-il dit ?
    – Ainsi, fit Poisson, cela ne t’étonne pas que le terrible M. Berryer, cet homme qui passe pour ne daigner parler qu’au roi, se soit dérangé pour me voir, moi !… Tu ne vois là rien de grave ?
    – Si fait ! Mais enfin, M. Berryer, tout lieutenant de police qu’il est, ne peut, par sa seule approche, bouleverser un homme aussi courageux que toi. Il a donc fallu qu’il te dise…
    – D’horribles choses, mon ami !… Sache que, sous peu, je me balancerai peut-être au bout d’une potence avec une cravache de chanvre autour du cou !…
    Poisson se mit à pleurer.
    Crébillon saisit la main de son compagnon.
    – Noé, s’écria-t-il, si ce malheur arrivait, je te jure de ne pas passer un seul jour sans boire un flacon en ton honneur et à la mémoire du plus digne ami que j’aie jamais eu !… Je ferai une tragédie qui…
    – Merci, Crébillon, fit Noé en s’essuyant les yeux. Mais qui sait s’il ne vaudrait pas mieux que je puisse continuer à te tenir compagnie ?
    – C’est mon avis. Explique-moi donc pourquoi tu risques d’être pendu, et nous aviserons.
    – Il paraît, se décida à dire alors Poisson, il paraît qu’un grand danger menace ma fille.
    – Madame d’Etioles ?…
    – Oui, Jeanne. Quel est ce danger ? M. le lieutenant a dédaigné de me l’expliquer. Et alors, si Jeanne venait à être tuée…
    – Tuée !… Ah ça ! mais il est fou, M. Berryer ! s’écria Crébillon.
    – Sage ou fou, il n’en a pas moins déclaré que des gens complotent la mort de Jeanne. Et que, si elle succombe à ce complot, je serai tenu pour responsable, complice… et je serai pendu.
    – Mais enfin, quel est ce complot ?
    – C’est ce que j’ai demandé, mais c’est ce que M. Berryer s’est refusé à me dire.
    – Diable ! fit Crébillon réellement ému. Il faut tout de suite prévenir ta fille !…
    – C’est ce que j’ai dit ! Mais M. le lieutenant a déclaré que si j’en disais un seul mot à Jeanne, il le saurait et me ferait jeter dans une oubliette…
    – Préviens son mari, alors ! ou M. de Tournehem !…
    – C’est encore ce que j’ai dit. Mais le damné lieutenant m’a assuré que si j’en parlais à l’un ou l’autre de ces messieurs, je serais pour le moins roué vif ! Ainsi, j’ai le choix entre la roue, l’oubliette et la corde !…
    – Oh ! mais il m’excède, ce M. Berryer !… Il se montre plus barbare que Néron et plus tyran que Caligula. Que veut-il donc que tu fasses ?…
    – Il me l’a

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