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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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chaises devant la porte de la grande cartomancienne… Lorsque Jeanne sortira, tu la feras monter dans le carrosse… tu y monteras toi-même… et ta fille est sauvée !… Et toi-même… tu n’es ni pendu ni roué vif !…
    – Crébillon ! mon cher ! mon excellent ami !… Ton idée est sublime ! Ah ! que j’ai donc été bien inspiré de venir te trouver !… Il faut que je t’embrasse !…
    Les deux amis s’embrassèrent en effet… puis, ils achevèrent de vider le flacon de vin d’Espagne.
    – Ce n’est pas tout, reprit alors Crébillon, il faut agir promptement, et prévenir M. Berryer. Allons, viens…
    – Où m’entraînes-tu ?… Crébillon, j’ai peur, je ne veux pas revoir cet homme…
    – Morbleu ! Veux-tu donc être pendu ?
    – Miséricorde !…
    – Roué vif, alors ?… Allons, viens ! La chance te favorise, puisque M. Berryer est dans la maison… marche !
    – Crébillon ! si tu y allais tout seul ?
    – Imbécile ! Comment expliquerai-je que je connais cette affaire, puisque tu as juré de n’en parler à personne !
    – Et je vois que M. Poisson tient parole ! dit une voix.
    En même temps, un homme entra dans le grenier.
    Crébillon demeura stupéfait.
    Noé s’écroula dans son fauteuil.
    – Lui ! balbutia-t-il. Lui, monsieur…
    – Picard ! interrompit vivement le nouveau venu. M. Picard, comme je vous l’ai dit, M. Picard, employé de M. le lieutenant de police !
    – Monsieur Picard, dit Crébillon, faites-moi donc l’honneur d’entrer dans ma pauvre maison. Nous allons, si vous le voulez bien, pour lier connaissance, boire à la santé de votre maître, l’illustre Berryer !…
    Berryer, – car c’était lui, – s’inclina en grommelant.
    – Tiens, mais il a de l’esprit, ce poète tragique. Et se relevant :
    – Je suis prêt à vous tenir raison, monsieur, à condition que nous portions ensuite la santé du non moins illustre poète Crébillon…
    Et ce fut au tour du poète de se courber en deux, en murmurant :
    – Tiens, mais il est plus aimable qu’on ne dit, ce digne lieutenant de police !
    Poisson, lui, roulait ses yeux effarés de l’un à l’autre. Tout ce qu’il vit de plus clair en tous ces salamalecs, c’est que Crébillon remplissait les verres, et, comme le terrible Berryer ne parlait ni de le pendre ni de le rouer, il reprit peu à peu courage, et d’une main encore tremblante, choqua son verre.
    – Et vous disiez donc, cher monsieur Crébillon ?… fit alors Berryer.
    – Je disais, mon cher monsieur Picard, que Noé Poisson ici présent et moi, nous ne faisons qu’un en deux. Mêmes pensées, mêmes sentiments, mêmes goûts…
    – Excepté en ce qui concerne le champagne, rectifia Poisson.
    – Alors, continua le poète, vous comprenez, mon ami Noé ne peut ni penser ni agir seul. Il lui faut le secours de mon cerveau, et, à l’occasion, celui de mon bras.
    – C’est pour cela qu’il vous a raconté le complot qui menace M me  d’Etioles, dit Berryer. Il a bien fait !
    – Vrai ! j’ai bien fait ? s’exclama Poisson.
    – Mais oui, puisque M. Crébillon est assez bon pour nous sortir tous deux d’embarras. Il me semble qu’il parlait d’une histoire de carrosse venant attendre devant cette maison ?
    Crébillon ne voulut pas s’étonner de ces paroles qui prouvaient tout simplement que M. Berryer avait tout écouté, tout entendu à la porte. Et il donna une nouvelle preuve de son esprit au lieutenant de police, en répondant :
    – Comme j’avais l’honneur de le dire, monsieur Picard, nous nous chargeons de faire venir ici madame d’Etioles.
    – Seule ?
    – Seule. Indiquez-moi seulement le jour et l’heure.
    – Demain, à dix heures du soir, fit Berryer, d’une voix brève. Le carrosse attendra devant la porte de cette maison à partir de dix heures moins cinq. Il faudra donc que M me  d’Etioles soit dans la maison avant cette heure.
    – Elle y sera à neuf, dit Crébillon. Et maintenant, monsieur Picard, puisque nous nous donnons mutuellement de telles preuves de confiance, pourriez-vous me dire quel est le danger qui menace cette charmante enfant ?
    – Ce soir, c’est impossible ! dit Berryer. Mais vous pourrez le demander à M. le lieutenant de police qui, certainement, voudra vous remercier du signalé service que vous lui rendez. Ce que je puis vous affirmer, c’est que le danger est réel et imminent. Sans quoi nous ne prendrions

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