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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Et une larme brûlante parut dans ses yeux.
    – Vous vous trompez sur ces trois points… ou presque, dit alors Bernis.
    Le chevalier eut un long frémissement.
    – Tout d’abord, c’est contrainte et forcée que M me  d’Etioles est montée dans le carrosse. C’est à la suite d’un véritable guet-apens et je puis vous en parler en connaissance : j’ai assisté à la chose. Elle s’est défendue vaillamment, je vous le garantis, et on n’a eu raison de sa résistance qu’en lui assurant qu’on la conduisait dans une maison où elle serait chez elle…
    Le chevalier secouait la tête et songeait :
    – Pourquoi alors ne s’est-elle pas confiée à moi lors de la rencontre ?…
    – Il est vrai, reprit Bernis, que cette charmante jeune femme a quelque penchant pour le roi… ou du moins elle est éblouie par la grandeur royale. Mais ceci ne me regarde pas… Et j’arrive au troisième point : M me  d’Etioles a été conduite à Versailles dans une maison où Louis XV n’a pas pénétré. Et elle n’y est entrée qu’à cette condition qu’elle recevrait qui bon lui semblerait… même son mari, ajouta Bernis en éclatant de rire.
    – Etes-vous sûr de ce fait ? haleta d’Assas qui saisit la main du visiteur.
    – Pardieu ! monsieur, s’écria Bernis en jetant un cri de douleur, vous oubliez que vous m’avez fracassé l’épaule !…
    – Oh ! pardon… c’est donc moi… c’est donc mon coup de pistolet…
    Le pauvre chevalier était désolé ; et à cette désolation, Bernis vit qu’il avait cause gagnée.
    – Ce n’est rien, reprit-il. Dans huit jours, il n’y paraîtra plus. Et puis, cela m’apprendra à me mêler de ces sortes d’aventures au lieu de m’occuper de rimer, ce qui est mon métier… Si je suis sûr que le roi n’a pas encore pénétré auprès de M me  d’Etioles !… Je puis vous le jurer sur l’honneur !…
    – Et comment le savez-vous ? s’écria le chevalier repris d’un soupçon subit.
    – Chevalier, vous aimez ; sur ce point, au moins, je vous ressemble : j’aime !… Oh ! rassurez-vous : ce n’est pas M me  d’Etioles… mais une charmante, une délicieuse enfant qui habite la maison en question, à titre de soubrette… Que voulez-vous ? Je déroge, mais la coquine m’a ensorcelé, je crois… C’est pour lui complaire que je me suis transformé en Phébus conduisant le char de l’Amour… Bref, Suzon… elle s’appelle Suzon… n’a plus aucun secret pour moi… et par elle je sais tout ce qui me tient à cœur, pour moi… ou pour mes amis… et je veux espérer que vous me faites l’honneur d’être de mes amis.
    Le chevalier tendit sa main à Bernis et appela pour qu’on montât du vin d’Espagne.
    La glace rompue, Bernis accumula les détails, fournit des preuves, répondit à toutes les questions du chevalier, l’assura qu’il serait enchanté de jouer un mauvais tour au roi qu’il détestait, et finalement lui proposa de le conduire à Versailles, pour lui montrer la maison où M me  d’Etioles était enfermée.
    – Je n’osais vous le demander ! s’écria le chevalier transporté, mais j’avais déjà fait mon plan : je vous eusse suivi, et puisque vous vous rendez tous les jours dans cette maison…
    – Bien imaginé ! Eh bien ! mon cher chevalier, faites comme si je ne vous avais rien proposé : suivez-moi sans que je m’en aperçoive. Je vais de ce pas monter à cheval, et la maison devant laquelle vous me verrez m’arrêter… eh bien, ce sera là ! De cette façon, nul ne pourra dire que je vous ai conduit… Et même, s’il vous arrivait de me rencontrer à Versailles…
    – Soyez tranquille, je ne vous reconnaîtrai pas…
    – Parfait. En route, donc !…
    Les deux jeunes gens descendirent, enfourchèrent chacun leur cheval, et marchèrent de conserve jusqu’à ce qu’ils fussent sortis de Paris. Alors, ils se serrèrent la main, et de Bernis prit les devants, suivi à deux cents pas par le chevalier.
    Le soir tombait au moment où ils arrivaient à Versailles.
    Bernis contourna l’aile droite du château ; le chevalier, le cœur battant, le vit passer au pas et s’arrêter enfin devant une maison isolée. Bernis mit pied à terre comme pour ressangler son cheval, puis, se remettant en selle, ne tarda pas à disparaître.
    Aussitôt le chevalier sauta à terre, attacha sa bête à un tronc d’arbre et s’avança vers la maison, qui avait une apparence des plus

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