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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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que de votre habileté… de votre hardiesse, surtout, dépendent de graves intérêts… mon enfant, j’ai confiance en vous…
    Il y eut alors un long silence.
    Vers cinq heures et demie, la nuit était tout à fait venue.
    M. Jacques, qui se promenait de long en large, s’arrêta tout à coup, et dit :
    – Allons… il est temps !…
    Ils sortirent tous les trois, M. Jacques impassible, du Barry sombre, et Juliette violemment émue.
    Devant la maison, une voiture attendait. C’était une de ces solides berlines de voyage qui couraient les routes de porte en porte. Elle était attelée de deux vigoureux chevaux sur l’un desquels un postillon, déjà en selle, était prêt à fouetter ses bêtes.
    Juliette monta dans la voiture. Du Barry se plaça près d’elle. M. Jacques s’approcha du postillon.
    – Les soixante mille livres ? demanda-t-il.
    – Dans le coffre, Monseigneur, répondit le postillon.
    – Vous avez toutes vos instructions ?…
    – Oui, Monseigneur : une jeune fille doit monter dans cette voiture et je dois la conduire hors Paris. Mais je n’ai pas encore l’endroit…
    – Villers-Cotterêts, dit M. Jacques.
    – Villers-Cotterêts, bien…
    – Si la jeune fille vous demande de la conduire jusqu’à un village voisin qui s’appelle Morienval, vous la conduirez. Mais en cours de route elle ne doit communiquer avec personne… A votre retour, vous me rendrez compte des incidents, s’il y en a eu…
    Cela dit, M. Jacques monta dans la voiture qui s’ébranla aussitôt et qui, dix minutes plus tard, s’arrêta à deux cents pas de la petite maison du roi.
    Tous les trois descendirent, Juliette enveloppée d’un grand manteau noir qui cachait entièrement son costume de soubrette.
    Ils firent le tour de la maison.
    Devant la porte bâtarde du jardin, un homme attendait. Il s’avança vivement à la rencontre de M. Jacques…
    C’était Bernis.
    Au loin, six heures sonnèrent…
    – Etes-vous prêt ? demanda M. Jacques.
    – Oui, Monseigneur, répondit Bernis en dissimulant son émotion.
    M. Jacques se tourna alors vers du Barry et lui remit un papier plié en quatre.
    – Ce billet dans la chambre du roi, dit-il. Il faut que Lebel fasse en sorte que le roi ne sorte pas avant minuit. Il faut tout prévoir. Le chevalier sera ici à dix heures. Rappelez-vous votre besogne à ce moment-là. Deux heures ne sont pas de trop pour les incidents imprévus…
    – Minuit, bien !… Et moi, ici à dix heures, dit le comte qui, ayant pris le billet, s’éloigna aussitôt dans la direction du château.
    – Le signal, Bernis, dit alors M. Jacques.
    En même temps, il jeta un dernier regard autour de lui. Juliette, un petit portemanteau à la main, s’était approchée de la petite porte en même temps que Bernis.
    M. Jacques se posta sous les quinconces.
    Bernis frappa trois petits coups à la porte du jardin.
    Elle s’ouvrit aussitôt, et Suzon parut, un peu pâle et tremblante.
    A cette minute, elle eut une hésitation suprême et fit un mouvement comme pour se rejeter en arrière.
    Mais déjà Bernis l’avait saisie par le bras et attirée au dehors.
    Au même instant, Juliette se glissa, rapide comme une ombre, dans le jardin, et la porte se referma.
    – Ah ! François ! murmura Suzon en s’appuyant au bras de Bernis, je n’oublierai jamais les émotions que je viens d’avoir. Vous me jurez bien, au moins, qu’on n’en veut ni au roi ni à M me  d’Etioles ?
    – Je te jure sur ma part de paradis qu’il n’arrivera aucun mal ni à l’un ni à l’autre… Allons, viens… la voiture est là qui va t’emmener à Villers-Cotterêts. L’argent est dans le coffre… Le postillon est à tes ordres… Te voilà riche… ne m’oublie pas dans ton bonheur, ma petite Suzon… Quant à moi, je garderai toute la vie le charmant souvenir des quatre journées d’amour que je te dois…
    Suzon, trop émue pour répondre, se contenta de presser contre elle le bras de son cavalier.
    Ils atteignirent ainsi la voiture. Bernis, jouant jusqu’au bout son rôle d’amoureux, serra Suzon dans ses bras, puis la poussa dans la berline dont il ferma la portière à clef. Au même moment le postillon enleva ses deux chevaux, et quelques minutes plus tard, le grondement des roues s’éteignit dans le lointain…
    Bernis revint alors à M. Jacques, et, s’inclinant :
    – C’est fait, Monseigneur… Je n’ai plus qu’à attendre dix heures… devant la

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