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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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stupéfaction l’homme chétif mais opulent qui lui parlait comme à un seigneur.
    – Je suis le plus proche parent de la personne qui habite là ! ajouta l’homme. Allons, montez, je vous prie…
    Machinalement, Damiens obéit… Henri d’Etioles prit place près de lui… Le carrosse s’ébranla au trot de ses chevaux…
    q

Chapitre 5 NOE POISSON
    Q uelle mystérieuse accointance pouvait bien exister entre ces deux êtres si dissemblables et placés aux antipodes de la société : François Damiens et Henri d’Etioles ?
    De toute évidence, ils ne se connaissaient pas…
    Et pourtant, devant les laquais étonnés, le richissime sous-fermier faisait monter dans son carrosse le pauvre hère aux vêtements presque misérables.
    Henri d’Etioles avait-il vu Damiens au moment où celui-ci s’agenouillait devant le roi ?…
    Sur cette physionomie fatale avait-il déchiffré l’énigme vivante qu’était cet homme ?
    Et si cela était !… Oui, si cela était, quels redoutables et secrets calculs l’avaient soudain poussé à saisir Damiens au passage et à l’emmener avec lui ?…
    Laissons aux événements qui vont se succéder le soin – ou plutôt le droit – de répondre à ces questions.
    Laissons s’éloigner le carrosse du sous-fermier, et, pour un instant encore, attachons-nous aux actes et aux pensées de Jeanne…
    Lorsque la jeune fille eut compris que François Damiens venait vers elle, elle se rejeta en arrière avec une instinctive terreur. Elle regarda autour d’elle pour appeler M me  Poisson ; mais celle-ci avait disparu, ayant vu sans doute tout ce qu’elle voulait voir.
    Dix minutes se passèrent, puis une demi-heure… une heure.
    Damiens ne parut pas.
    Rassurée alors ; toute sa pensée se reporta vers la scène odieuse qui venait de se dérouler dans ce salon.
    C’en était fait, maintenant ! Elle devenait la proie d’Henri d’Etioles… Une minute, elle songea à tout dire à M. de Tournehem – à son père ! – lorsqu’il viendrait…
    Mais quoi ! N’était-ce pas du même coup le condamner ? Son père lui défendrait de céder aux menaces d’Henri, cela était sûr ! Et alors ?… Oh ! alors, l’affreux petit homme aux yeux louches agirait promptement !
    – Que faire ! Que faire ! murmura-t-elle. Je suis condamnée… Rien ne peut me sauver !…
    Chose étrange !
    Ce n’était pas de devenir la femme d’Henri, de s’appeler dès le lendemain M me  d’Etioles, non, ce n’était pas cela qui lui causait l’insurmontable horreur qu’elle sentait croître en elle de minute en minute… Ce qui l’effrayait, ce qui la faisait frissonner d’épouvante, c’est qu’elle sentait ou croyait comprendre que ce mariage était le
commencement de quelque chose…
    Quoi ?… Elle n’avait aucune idée de ce que ce pouvait être. Mais ce devait être formidable… quelque chose comme une profonde et souterraine machination où elle devenait un rouage inconscient, privé de volonté… le rouage d’une machine… oh ! d’une machine destinée à broyer quelqu’un…
    Mais qui ! qui !… Elle-même ?… oh ! non !
    M. de Tournehem ?… Non plus !…
    Qui ! Qui donc alors ?…
    Devant qui Henri d’Etioles surgissait-il du fond de son ombre et dressait-il sa petite taille de gnome malfaisant ?…
    – Oh ! continuait-elle, je m’y perds !… J’entre dans de la nuit et de l’effroi… Je tremble… J’ai peur… et personne ! personne près de moi à qui je puisse me fier, personne pour me guider, me protéger, me défendre !…
    A ce moment, on lui apporta une lettre qu’elle ouvrit d’une main fiévreuse. Elle était de M. de Tournehem. Son père la félicitait du mariage projeté, tout en témoignant quelque surprise. Il annonçait sa visite pour le soir, voulant passer l’après-midi à courir les magasins et acheter quelques « colifichets ». Il faisait d’ailleurs un grand éloge d’Henri d’Etioles.
    La lettre tomba des mains de Jeanne ; et elle éclata en sanglots.
    – O mon père ! Mon pauvre père ! Tu me félicites, ô lamentable ironie !…
    Quelques heures s’écoulèrent. La soirée s’avançait. Contre son habitude, M me  Poisson ne vint pas rôder autour de celle qu’elle appelait sa fille. M me  du Hausset s’abstint aussi de toute visite… Jeanne ne remarqua pas ces absences insolites et étranges en pareil jour, – car elles devaient être au courant de ce qui allait se passer le

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