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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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par un choc de mémoire, la ritournelle entendue dans la clairière au bord de l’étang murmura dans son esprit la ronde enfantine :
    Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés…
    Machinalement, comme si la chère escapade projetée rue des Bons-Enfants eût été désormais inutile, il se déshabilla, se coucha et se retourna longtemps sur sa couche.
    La fatigue aidant, il finit par s’endormir d’un pesant sommeil.
    Le lendemain matin, à sept heures, le chevalier était sur pied.
    Toute agitation avait disparu de son esprit.
    D’un pas alerte, il gagna le Cours de la Reine, descendit sur la berge du fleuve, et, ayant atteint le Port aux pierres, constata avec satisfaction qu’il était le premier au rendez-vous.
    Quelques minutes plus tard, comme huit heures sonnaient au loin, le comte du Barry apparut, escorté de deux témoins.
    Le chevalier s’avança à leur rencontre. Il y eut de grandes salutations.
    – Messieurs, fit d’Assas, arrivé à Paris d’hier seulement, et désireux de ne pas faire attendre M. le comte, j’ai dû commettre l’incorrection de me présenter seul.
    – Votre nom, chevalier d’Assas, honorablement connu dans l’Auvergne que j’ai habitée quelque temps, vous tiendra lieu de témoins et de parrains.
    L’homme qui venait de parler ainsi était l’un des témoins du comte.
    Le chevalier le regarda avec une surprise non exempte d’une certaine gratitude.
    Du Barry fit alors, dans les règles, la présentation indispensable.
    – M. le comte de Saint-Germain, dit-il en désignant celui de ses deux amis qui n’avait encore rien dit et qui fixait sur le chevalier un étrange regard d’un insoutenable éclat.
    Puis, se tournant vers celui qui avait parlé de la famille d’Assas et de l’Auvergne :
    – M. Le Normant d’Etioles…
    Et tout aussitôt, il ajouta avec ce sourire contraint qui donnait à sa physionomie un indéfinissable caractère de causticité sardonique :
    – Puisque je suis si riche de témoins, j’entends partager avec vous, chevalier. Le comte de Saint-Germain voudra bien m’assister, tandis que M. Le Normant d’Etioles sera heureux, j’en suis sûr, de vous servir de second.
    Cet arrangement accepté, les deux adversaires mirent bas leurs habits.
    L’instant d’après, les épées étaient engagées.
    Notre intention n’est pas de faire ici l’ordinaire et insipide récit des quartes, des contres, des primes et des tierces qui furent échangés. Disons simplement que le comte du Barry passait pour une des plus redoutables « lames » de la Cour et qu’il attaqua son adversaire par un jeu d’une impeccable science. La lutte se poursuivit pendant dix minutes en trois reprises.
    Pendant le combat, celui que du Barry avait appelé le comte de Saint-Germain garda ses yeux fixés sur le chevalier d’Assas, qu’il parut étudier avec une singulière attention.
    A la quatrième reprise, et dès le premier froissement, le chevalier se fendit par un coup droit foudroyant qu’il n’avait fait précéder d’aucune feinte.
    Du Barry laissa tomber son épée et devint très pâle ; le coup avait porté : le comte avait l’épaule droite traversée. Il se tint un instant debout, puis s’affaissa soudain dans les bras de Saint-Germain. Presque aussitôt, il rouvrit les yeux. Et le chevalier d’Assas, qui s’avançait, lut dans ces yeux une si effroyable expression de haine qu’il s’arrêta court et se contenta de s’incliner devant le vaincu. A ce moment, du Barry perdit tout à fait connaissance…
    Le comte de Saint-Germain avait jeté un strident signal au moyen d’un petit sifflet d’or.
    Un carrosse, qui avait dû, sans doute, amener le comte jusqu’au Cours de la Reine, descendit sur la berge, et du Barry fut déposé sur les coussins tandis que d’Assas remettait son habit.
    Le jeune chevalier allait saluer la compagnie et se retirer, lorsque le comte de Saint-Germain s’approcha de lui et lui prit la main d’un geste d’autorité. A ce contact, le chevalier frissonna. Il voulut retirer sa main. Mais son effort fut vain : cette main était comme paralysée dans celle du comte.
    – Monsieur ! balbutia-t-il avec un commencement de colère mêlée d’angoisse.
    – Jeune homme, dit le comte en abandonnant la main qu’il venait d’examiner, vous me plaisez. Vous avez du courage et de l’esprit ; vous avez la beauté du corps et la beauté du cœur ; vous avez la jeunesse, l’enthousiasme qui

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