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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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est la poésie du cerveau… oui, tous ces trésors sont en vous. Veillez sur eux, veillez sur vous-même. Gardez-vous de la haine… et surtout, gardez-vous de l’amour !…
    Une extraordinaire agitation fit palpiter le chevalier.
    – Monsieur, dit-il d’une voix basse et ardente, qui êtes-vous ?… Inconnu de moi, vous m’inspirez des sentiments qui m’étonnent… Que voulez-vous me dire ?… Parlez, je vous en supplie… vous en avez trop dit ou pas assez !
    Saint-Germain regarda le jeune homme avec une indéfinissable pitié.
    – Enfant, dit-il, – et bien qu’il parût à peine trente ans, ce mot ne paraissait pas déplacé dans sa bouche, – enfant, défiez-vous des femmes… et surtout des reines.
    – Des reines !… Oh ! monsieur, ce que vous me dites est si étrange…
    – Des reines ! Ai-je dit des reines ?… Ou bien, des femmes qui peuvent l’être. Adieu. Méditez ce conseil que je vous donne de retourner au fond de votre province. Et cela non pas demain, non pas ce soir, mais dès cette minute, dès cette seconde. Fuyez, jeune homme, fuyez ! L’air de Paris est pour vous un poison mortel. Fuyez à l’instant !…
    Et plus gravement encore, le comte de Saint-Germain ajouta :
    – Demain, il sera trop tard. Vous m’entendez ?… Demain !…
    Le chevalier, en proie à un malaise mystérieux où il y avait un fond de terreur irraisonnée et de curiosité poussée au paroxysme, allait poser une nouvelle question.
    Mais déjà le comte avait pris place dans le carrosse auprès du blessé toujours évanoui, et la voiture s’éloignait au pas. A mesure que s’augmentait la distance entre le carrosse et lui, le chevalier sentait diminuer l’étrange impression d’angoisse qui l’avait accablé ; et enfin, lorsque le lourd véhicule eut atteint le sommet de la rampe qui, du Port aux pierres, conduisait au Cours de la Reine, et eut disparu derrière un massif de vieux ormes, d’Assas respira longuement.
    C’est à peine s’il se souvenait du duel, du comte du Barry, de la victoire qu’il venait de remporter. Toutes ses pensées évoluaient autour du singulier personnage qui, avec tant d’insistance, lui avait conseillé de fuir Paris.
    Quitter Paris !… Sans l’avoir revue !… Sans s’être enivré encore de sa douce image et de sa voix plus douce encore ! Oh ! jamais !…
    A ce moment une main le toucha au bras. Il tressaillit violemment comme un homme arraché soudain à quelque rêve ; et, se retournant, il se vit en présence de celui qui lui avait servi de témoin et qu’on avait appelé M. Le Normant d’Etioles.
    – Ah ! monsieur, s’écria-t-il, je vous dois mille remerciements !… Mais comment se fait-il…
    – Que je n’accompagne pas du Barry blessé ?… Pour deux raisons, mon cher monsieur. La première et la plus valable, c’est qu’ayant accepté d’être votre témoin, c’est à vous que je me dois, même après le duel ; la seconde, c’est que du Barry a près de lui en ce moment quelqu’un qui lui sera plus utile que tous les amis du monde.
    – Le comte de Saint-Germain serait-il donc médecin ? fit vivement d’Assas.
    – Heu ! Il est médecin, il est sorcier, il est un peu tout ce qu’il vous plaira…
    – Le connaissez-vous ?
    – Comme tout le monde à Paris…
    – Excusez ma curiosité indiscrète peut-être. Mais cet homme a fait sur moi une telle impression…
    – Que vous voudriez bien savoir au juste qui il est ! Mais voilà justement le
hic
. Tout le monde connaît M. le comte de Saint-Germain, et nul ne l’a pénétré. Les uns le disent riche comme un nabab des Indes, les autres soutiennent qu’il n’a pas le sou ; il est peut-être Italien ou Roumain, ou peut-être Grec ou Maltais, à moins qu’il ne soit Arabe ou Egyptiaque… à moins encore qu’il ne soit tout bonnement de Pontoise.
    « Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il mène grand train, que le roi lui-même a admiré la beauté de ses équipages et qu’il porte toujours sur lui une collection de diamants à faire envie à une favorite du sultan. Pour en revenir à notre, ou plutôt à votre blessé, soyez sûr que Saint-Germain le guérira promptement.
    – Je le souhaite de tout mon cœur, dit le chevalier.
    Les deux hommes s’étaient mis en marche depuis un moment. Ils atteignirent le Cours de la Reine, et d’Etioles montrant un carrosse qui stationnait :
    – Ma voiture est à votre disposition… Si fait ! ne me

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