Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
n’avait retrouvé un peu de sang-froid qu’en apercevant tout à coup sous ses yeux la masse confuse de Paris que des vapeurs rousses estompaient.
    Parvenu au point où le faubourg devenait rue Saint-Honoré, le chevalier entra à droite dans la cour d’une hôtellerie, et aussitôt, un valet s’empara du cheval, tandis qu’un domestique détachait de la selle le portemanteau de voyage.
    L’hôtellerie des
Trois Dauphins
était fort estimée des provinciaux à cause de sa situation : elle était en effet assez éloignée des quartiers bruyants, et pourtant à proximité du centre des affaires.
    Elle était tranquille, paisible, respectable.
    De plus, la cuisine y était excellente ; de plus, ses prix étaient honnêtes ; maître Claude, son propriétaire, était passé capitaine dans l’art de voler en douceur sans faire crier le client, ce qui constitue la parfaite honnêteté pour un aubergiste.
    De plus, encore, l’hôtesse, M me  Claude, était accorte et avenante, en ses vingt-six printemps, blanche et dodue, au point qu’elle était connue et célébrée des voyageurs sous le nom flatteur et harmonieux de « la belle Claudine ».
    De plus, enfin, l’enseigne de l’hôtellerie qui balançait sur sa tringle ses trois dauphins or sur azur faisait vis-à-vis à la grande porte d’un couvent, en sorte qu’en cas d’accident on était toujours sûr d’avoir un confesseur sous la main, avantage appréciable, disait maître Claude, quand on veut passer de vie à trépas en bonne et due forme.
    Ce couvent, pourvu de moines savants, et fort vaste puisqu’il s’étendait de la rue Saint-Honoré à la rue Croix-des-Petits-Champs, devait, cinquante ans plus tard, abriter sous ses voûtes un club révolutionnaire destiné à faire quelque bruit dans l’histoire, et s’appelait couvent des Jacobins.
    Ainsi le voisinage rassurant des moines, les poulardes truffées et les grands yeux veloutés de l’hôtesse constituaient à cette auberge une triple spécialité qui avait solidement établi sa renommée en province.
    Lorsque le chevalier d’Assas mit pied à terre dans la cour de l’hôtellerie, maître Claude apparut sur le perron aux quatre marches honorablement usées. Et comme le jeune homme demandait une chambre et un souper, le digne aubergiste, ayant, avec ce coup d’œil des grands capitaines, remarqué que son futur locataire n’avait pas de laquais et que son portemanteau paraissait assez léger, exécuta ce salut protecteur qu’il accordait aux moins fortunés de ses hôtes, et s’écria :
    – Qu’on prépare le 25. Monsieur y sera comme un prince.
    Mais, talonnée par une légitime curiosité, madame Claude était apparue sur le perron en même temps que son mari. Elle aussi avait rapidement passé l’inspection du nouveau venu. Et chez elle, aussi, le résultat de cette inspection se traduisit par l’énoncé d’un numéro de chambre.
    – Mais non, mais non, fit-elle d’une voix autoritaire. Le 25 n’est pas libre. Qu’on mette monsieur au 14.
    Maître Claude baissa la tête sous la décision autocratique de sa femme et regagna ses fourneaux.
    Quant au chevalier, il eut un geste d’indifférence : 25 ou 14, peu lui importait.
    Pourtant, il eût peut-être éprouvé quelque gratitude pour l’hôtesse qui s’empressait autour de lui, s’il eût su que le 25 n’était qu’un cabinet noir sous les combles, tandis que le 14 était une belle chambre au second, sur la rue, avec vue sur les beaux jardins du couvent des jacobins.
    Dans la salle commune où il s’installa bientôt devant une nappe éblouissante, il ne remarqua pas davantage que « la belle Claudine » le servait elle-même, honneur qu’elle n’accordait qu’à quelques marchands drapiers.
    Il ne daigna apercevoir ni les mains potelées, ni les bras nus jusqu’aux coudes, ni les yeux veloutés de la bonne hôtesse. Il soupa avec ce robuste appétit de la vingtième année qui ne désarme même pas devant l’amour, et se retira dans sa chambre – le fameux 14 dont M me  Claude, décidément troublée par la vue de ce joli cavalier, lui fit en vain l’éloge, très mérité d’ailleurs.
    Il était à ce moment neuf heures.
    Le chevalier était fatigué. L’étape de la journée avait été longue et rude.
    Mais ce ne fut pas au sommeil qu’il s’apprêta.
    Avec des frissons d’impatience, il changea de toilette, rajusta le nœud de son catogan, chercha à donner des plis harmonieux à son

Weitere Kostenlose Bücher