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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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initier à vos charges, devoirs et droits nouveaux par M. de Bernis…
    – Quoi ! ce petit poète !…
    – Troisième rang, mon fils !…
    Le marquis de Machault s’inclina profondément.
    – C’est un homme profond et qui vous étonnera quelque jour. C’est en tout cas votre supérieur. Je lui donnerai mes instructions, et vous serez initié à votre nouvelle dignité.
    – Comment vous remercier, Monseigneur !…
    – En servant notre ordre, en tenant scrupuleusement le serment que vous avez fait en y entrant de vous dévouer à lui corps et âme et d’obéir sans discussion,
perinde ac cadaver…
comme un cadavre sans volonté !
    – Je suis prêt à vivre et à mourir
ad majorem Dei
gloriam !
    – C’est bien, mon fils… je vous connais, je vous suis des yeux…
    – Je suis confus de vos hautes bontés, Monseigneur…
    – N’en parlons plus. Vous recevrez des instructions sur quelque besogne qui doit s’accomplir à Paris. Quant au présent, j’ai un ordre rigoureux à vous donner.
    – Je suis prêt, Monseigneur.
    – Très bien. Voici l’ordre : oubliez à l’instant même quel personnage se trouve en votre présence, et oubliez-le de telle sorte que jamais personne, pas même vous, ne se doute à qui vous avez parlé…
    A peine le général eût-il donné cet ordre que le gouverneur de la Bastille reprit en une seconde son air de lassitude ennuyée, de hautaine protection et d’impertinence vis-à-vis du petit bourgeois qu’était M. Jacques.
    M. Jacques avait tourné en dedans le chaton de sa bague ; la redoutable vision du chef suprême des Jésuites disparut, et il n’y eut plus là que l’humble M. Jacques.
    Le marquis de Machault alla alors ouvrir lui-même la porte : l’antichambre était pleine de soldats que commandait un officier.
    – Faites enregistrer cet ordre de mise en liberté, dit-il d’une voix nonchalante à une sorte de commis. Il concerne monsieur… voyons… M. le chevalier d’Assas… Veuillez, ajouta-t-il en s’adressant à l’officier, veuillez m’amener le n° 214 : le roi fait grâce !
    Dix minutes plus tard, le chevalier d’Assas paraissait devant le gouverneur et, toutes formalités étant remplies, sortait de la Bastille.
    Le pont-levis une fois franchi, le chevalier, tout pâle de cette liberté imprévue, respira à grands traits en murmurant :
    – Mordieu, que c’est bon ! que Paris est beau ! qu’il fait bon vivre !…
    Et se tournant vers M. Jacques qui le regardait en souriant :
    – Que puis-je faire pour vous remercier ?
    – Etre heureux ! répondit M. Jacques.
    Aussitôt, il s’éloigna, laissant le chevalier ivre de bonheur et de liberté, un peu étourdi de l’étrangeté de ce personnage. Lorsqu’il revint au sens de la situation, d’Assas voulut rejoindre M. Jacques ; mais déjà celui ci avait disparu au détour de l’une des étroites ruelles qui avoisinaient la Bastille et formaient autour du sombre monument un réseau à mailles serrées…
    q

Chapitre 17 LA FILLE GALANTE
    M onsieur Jacques rentra dans son logis de la rue du Foin et y trouva le comte du Barry qui l’attendait, en trempant des biscuits dans du frontignan dont il venait d’absorber une demi-bouteille.
    – Voilà qui est fait, dit-il en entrant. Votre farouche ennemi est en liberté. Mais pas de bêtises, n’est-ce pas ? Songez que le chevalier d’Assas est désormais votre ami… et le mien !
    – Le vôtre, peut-être ! mais…
    – Mon cher, dit M. Jacques en regardant durement du Barry, le frontignan ne vous vaut rien. Il vous inspire des pensées de révolte… Voici les deux bons que je vous ai promis. Cinquante mille livres pour être l’ami d’un petit cornette au régiment d’Auvergne, il me semble que c’est bien payé !
    Du Barry saisit les deux papiers, les empocha, et s’inclina en grondant :
    – C’est bien, je suis l’ami du chevalier.
    – A telles enseignes que vous allez me procurer pour lui une invitation au bal de l’Hôtel de Ville où Sa Majesté doit paraître.
    – Mais on n’invite que les dignitaires ou gens de cour !
    – Ceci ne me regarde pas, dit froidement monsieur Jacques. Ayez-moi l’invitation dès demain. Ah ! à propos, j’allais oublier : il faut aussi une invitation pour une demoiselle… une dame… que j’espère vous présenter.
    – Belle ?
    – A damner un saint.
    – Noble ?
    – Elle s’appelle Juliette Bécu.
    Du Barry secoua la

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