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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Que j’ai eu une petite fille ! Quand je suis seule, près du berceau de ma petite Anne, ces idées me passent par la tête, et alors, je pleure… tenez, comme en ce moment !…
    Juliette Bécu – ou M lle  Lange, ou encore mademoiselle L’Ange, comme ou voudra l’appeler – essuya ses yeux où brillaient quelques larmes.
    – Me suis-je trompé ? gronda M. Jacques entre ses dents. Suis-je tombé sur une fille qui a du cœur ? Ce serait jouer de malheur !
    – Que dites-vous, monsieur ?
    – Rien. Je réfléchissais à la singulière destinée qui pousse hors de leur route naturelle certains hommes et certaines femmes. Vous, par exemple, d’après votre attitude, d’après tout ce que je vois et entends, depuis que je suis ici, vous étiez née pour être une bonne femme de ménage, heureuse et fière d’être fidèle à votre époux, élevant avec amour vos enfants…
    Juliette eut un éclat de rire qui découvrit l’éblouissante rangée de perles qui brillait entre le double corail de ses lèvres.
    Ce rire soudain, cette mobilité dans les idées parurent rassurer le digne M. Jacques.
    – Vous êtes étonné ? s’écria Juliette en riant toujours. Je ris… excusez-moi. Mais c’est si étrange, ce que vous me dites !… Pour les enfants, je ne dis pas non. Je crois que je les eusse aimés. Et encore, ma petite Anne… ce n’est pas la même chose !… Mais quant à la fidélité… quant à l’époux… ah ! non, c’est trop drôle !… Le pauvre malheureux ! Je le plains !… Tenez, je suis en veine de confession, ce soir…
    – Parlez, parlez tout à votre aise, ma chère enfant… je parlerai ensuite, moi !
    – Soit ! Vous n’avez pas l’air de vous douter de ce qui nous entraîne, nous autres, créatures de joie, à une existence que vous jugez sans doute très immorale. Pour les unes, c’est la misère… c’est vrai pour le plus grand nombre. Pour d’autres… et c’est mon cas, c’est la soif des plaisirs, l’amour de tout ce qui brille, les belles toilettes, les brillants…
    – Ah ! ah ! interrompit M. Jacques avec une parfaite tranquillité. Permettez-moi donc de vous offrir ceux-ci !
    En même temps, il tira de sa poche une petite boîte de chagrin qu’il ouvrit et fit briller aux yeux éblouis de Juliette une paire de boucles… deux solitaires d’une eau magnifique et gros comme des petites noisettes.
    Elle saisit la boîte en tremblant, et murmura :
    – Oh ! monsieur… vous voulez vous moquer d’une pauvre fille !…
    – Pas le moins du monde : ces diamants sont à vous !
    – A moi ! A moi !… Mais ces deux boucles valent au moins trente mille livres !…
    – Quarante mille chacune, mon enfant : cela fait quatre-vingt mille…
    Juliette demeura suffoquée, toute pâle. Puis elle devint pourpre, et courant vers une haute glace qui occupait tout un panneau, elle essaya d’accrocher les boucles à ses oreilles. Mais ses mains tremblaient trop.
    – Permettez-moi, fit M. Jacques avec la même tranquillité.
    Et en un tour de main, avec une habileté que lui eût enviée plus d’un roué, il attacha les boucles.
    Devant la glace, Juliette se tournait et se retournait.
    – Que c’est beau, mon Dieu ! que c’est beau !…
    – Allons… venez vous asseoir… vous contemplerez ces bijoux à votre aise quand je serai parti…
    – Oh ! laissez-moi vous remercier au moins !…
    – Avec plaisir. Mais la meilleure manière de me remercier, c’est d’achever votre confession…
    Juliette, encore toute bouleversée, vint reprendre sa place, et cette fois, avec un sérieux où perçait tout son respect pour la fabuleuse générosité de cet inconnu, elle reprit :
    – Ma confession n’est pas longue, monsieur ! Je raffole de la danse, j’adore les bijoux, j’ai une passion pour les toilettes… Tenez, toute ma vie, j’ai fait un rêve qui jamais ne se réalisera : souvent, quand je pense à ces choses, je me vois dans une magnifique salle de bal…
    – Vous seriez habillée comme une reine, interrompit M. Jacques en souriant, vous seriez vêtue et parée comme une de ces belles dames de la cour que vous allez voir passer lorsqu’il y a soirée de gala…
    – C’est cela ! oh ! c’est cela ! s’écria Juliette en battant des mains.
    – Vous entreriez dans la salle de bal qui se trouverait être au Louvre, par exemple, ou quelque chose d’approchant… Vous descendriez de votre carrosse tout de

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