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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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Seulement, Varencourt, lui, agit pour des motifs personnels et non politiques. À tel point qu’il n’a pas hésité à trahir ses alliés en se servant d’eux pour apprendre où résidait le comte Kevlokine, afin de l’assassiner. Le comte Kevlokine a payé pour le comte Rostopchine – tous deux étaient des amis du Tsar, des proches. Maintenant, Napoléon va payer pour Napoléon...
    Il revoyait l’incendie de Moscou. Quatre jours de feu ! Et les lendemains... Les quatre cinquièmes de la ville détruits, vingt mille morts... De ces milliards de milliards de flammes s’était en quelque sorte détachée une flammèche qui brûlait encore aujourd’hui, dix-huit mois plus tard, alimentée par l’esprit de Charles de Varencourt. Elle avait parcouru deux mille cinq cents kilomètres pour arriver jusqu’à Paris, avec un seul but : embraser Napoléon... Un retour de flammes.
    Cela pouvait sembler dérisoire : un homme contre un empereur et les milliers de personnes qui veillent sur lui. Mais la flamme d’une seule bougie peut réussir à consumer une forêt entière...
    Margont allait sortir lorsqu’il revint sur ses pas pour retourner voir Catherine de Saltonges. Assise sur sa couche, elle était prostrée, le regard perdu dans le vague. Il déposa le bouton à ses côtés.
    — Cela vous appartient, murmura-t-il.
    Elle posa les yeux sur l’objet, le prit et l’enserra délicatement dans ses paumes, comme si elle caressait la dernière étoile qui brillait encore dans son univers.

 
    CHAPITRE XL
    Margont, Lefine, Palenier et son subordonné se rendirent chez Varencourt. Les rues de ce quartier, boueuses et malodorantes, évoquaient un marais qui se serait faufilé entre des rangées de maisons délabrées. L’adresse indiquée par Charles de Varencourt à la police était effectivement un « pigeonnier », comme l’avait appelé Lefine. En d’autres circonstances, il aurait été comique d’observer ces hommes se pressant là pour fouiller, se gênant les uns les autres, se cognant la tête à la charpente... Quatre policiers occupaient déjà les lieux avant leur arrivée et avaient déclaré n’avoir rien découvert d’intéressant.
    — Qu’en pensez-vous ? demanda Palenier à Margont, l’air de rien.
    — J’avoue que je suis dépité. Le groupe avait prévu de nous faire disparaître, mon ami et moi. Heureusement, il y a eu votre intervention salvatrice !
    Palenier rougit, mais continua à regarder Margont, ne voulant pas perdre la face devant ses hommes.
    — Certes, nous n’avons arrêté que Catherine de Saltonges et un homme de main, reprit Margont. Cependant, Charles de Varencourt n’a pas eu le temps de repasser ici. C’eût été courir trop de risques. J’avais espéré que nous découvririons des indices... Il possède au moins deux logements. Celui-ci – où résidait le « Varencourt qui trahit au profit de l’Empire » ― et l’autre, où il doit se trouver actuellement. C’est là-bas qu’il a entreposé les poisons et tout ce dont il a besoin pour mettre en oeuvre son plan. Ici, il y avait toujours le risque que la police cesse de lui faire confiance et surgisse pour tout inspecter de fond en comble...
    — Sa maîtresse, elle, connaît sûrement l’autre adresse...
    — J’en doute, au contraire. Regardez l’assassinat du colonel Berle, la complexité de leur plan, le double jeu qu’il a mené : Charles de Varencourt est prudent, méticuleux. Je ne pense pas qu’il aurait commis une telle erreur. D’autant plus que, grâce à Louis de Leaume, il peut disposer d’un grand nombre de logements. Et puis, il s’agit sûrement d’un taudis de ce genre. Vous imaginez-vous vous livrant à des ébats amoureux au milieu de fioles de poison qui vont servir à assassiner quelqu’un ? Peut-être se rencontraient-ils chez elle, mais je ne le pense pas, car Catherine de Saltonges a des domestiques : ceux-ci auraient jasé... Ils devaient plutôt se rendre dans une hôtellerie, en se faisant passer pour un couple en voyage. De toute façon, il ne faut pas se leurrer, elle ne nous dira plus rien.
    Il s’approcha de la paillasse sur laquelle les policiers avaient aligné les objets qu’ils avaient trouvés. Une bien maigre pêche.
    Il saisit d’abord la Bible et l’ouvrit là où se trouvait un marque-page. Alors que cet exemplaire était récent – la reliure n’était pas abîmée et la tranche des pages était blanche –, les deux feuillets mis

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