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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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Austerlitz, ce qui avait précipité l’armée austro-russe dans le piège de Napoléon, la conduisant à la catastrophe. Au contraire, durant la campagne de Russie, la majorité de ses soldats l’avaient jugé trop prudent ! Aujourd’hui encore, nombreux étaient ceux qui pensaient que les Français auraient pu être battus avant d’arriver à Moscou, à la bataille de Borodino-la Moskova, si Alexandre et le haut état-major n’avaient pas douté de leurs soldats... Il s’agissait d’un point de vue absurde, mais tout paraît toujours si simple après coup. Alors, tantôt il se disait qu’il ne répéterait pas l’erreur d’Austerlitz et devenait prudent à outrance, tantôt il songeait à sa chère Moscou détruite et avait envie de lancer au pas de charge son armée sur Paris. Ou alors sur Napoléon. Quoique, à bien y songer, à Austerlitz... Étonnamment, ce jour-là, ses conseillers se mirent d’accord. Paris !
    Le Tsar rêvait depuis longtemps déjà de prendre Paris, pour venger Moscou. Donc Paris !
    Schwarzenberg, le généralissime, fit preuve de modestie, qualité inhabituelle chez quelqu’un de son rang. Napoléon l’avait battu avec sa petite armée. Bien d’autres généraux se seraient empressés de tenter de prendre leur revanche. Mais Schwarzenberg jugea que l’Empereur était meilleur tacticien que lui et qu’il valait mieux éviter de le combattre. Alors Paris.
    Frédéric-Guillaume III, le roi de Prusse, était du même avis.
    La décision était presque prise. Dans ce pile-Napoléon, face-Paris, la pièce penchait beaucoup, mais hésitait encore... Le général Winzingerode, un Allemand passé au service du Tsar et qui avait la réputation d’être le meilleur sabreur des Alliés, eut une idée qui améliorait leur plan. Il suggéra de marcher sur la capitale tout en faisant croire à Napoléon que l’on avait décidé, au contraire, de se lancer à sa poursuite. Il se proposait de se diriger lui-même vers Napoléon – avec dix mille cavaliers, de l’artillerie à cheval et de l’infanterie – et de se comporter exactement comme s’il commandait l’avant-garde des armées alliées. Son idée rencontra un vif succès.
    Donc ce fut Paris.

 
    CHAPITRE XXIII
    Le 25 mars, Napoléon se trouvait près de Wassy et s’interrogeait sur les intentions de ses adversaires. Vers Bar-sur-Aube, Brienne-le-Château, Joinville, Montier-en-Der, Saint-Dizier : partout, il avait expédié en reconnaissance des détachements de cavalerie.
    Enfin, on repéra l’ennemi ! Du côté de Saint-Dizier ! L’Empereur exultait, persuadé que les Alliés entamaient un mouvement rétrograde pour protéger leurs communications. Avide de maintenir une forte pression sur eux, il lança aussitôt son armée dans cette direction, croyant fondre sur une avant-garde qui était en réalité une arrière-garde d’arrière-garde.
    En revanche, à plusieurs lieues de là, les maréchaux Marmont et Mortier, qui avaient été séparés de Napoléon par les affrontements et les manoeuvres des jours précédents et qui espéraient le rejoindre avec leurs vingt mille hommes, s’aperçurent que l’armée de Bohême et celle de Silésie – en tout maintenant deux cent mille soldats ! ― étaient venues se placer entre l’Empereur et eux. Ils se replièrent aussitôt, poursuivis par les Alliés. En moins de quarante-huit heures, attaqués à plusieurs reprises, ils perdirent huit mille hommes... Mais, contre toute attente, les gardes nationaux, que l’ennemi ne prenait pas au sérieux, se battirent avec détermination et efficacité. Marmont et Mortier poursuivirent leur retraite héroïque. Ils ne pouvaient plus faire qu’une seule chose : rejoindre Paris. Ils amèneraient bientôt un renfort inespéré à la capitale.
    Napoléon fila à une telle allure sur Winzingerode qu’il prit celui-ci de vitesse. Dès le 26 mars, la cavalerie française s’abattit sur ses cosaques. Des canons se mirent à accabler les Russes, ceux de l’artillerie à cheval, qui s’était déjà placée en position. Winzingerode se réjouissait de voir que son plan fonctionnait, mais il était dépassé par son propre succès ! Trop de Français, trop vite ! Il voulut établir une position solide à Saint-Dizier pour les contenir. Il était de la plus haute importance qu’il tienne bon pour continuer à berner l’Empereur. Mais les Français survenaient déjà en ordre de bataille : Macdonald, la Garde impériale...

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