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La momie de la Butte-aux-cailles

La momie de la Butte-aux-cailles

Titel: La momie de la Butte-aux-cailles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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Jean-Pierre Verberin. Voyez ce livre, c’est La Chanson des gueux , de Jean Richepin, il est à lui. Or il a été trouvé aux environs de la maison, et sur cette page, où le poète décrit un meurtre, était imprimée l’empreinte d’une paume sanglante.
    — On ne patauge plus, on s’embourbe ! gémit Joseph.
    — Mon associé a raison. Le mieux, c’est que nous rentrions nous coucher. Demain matin, nous unirons nos forces afin de percer les secrets de cette demeure.
    — Moi, demain, je travaille, objecta Lucy.
    — De mon côté, je ne suis pas de taille à continuer, mes nerfs sont trop fragiles pour supporter de telles émotions. Je suis navré, ajouta Jean-Pierre Verberin.
    — Votre réaction est normale. Joseph et moi nous persévérerons, promit Victor. Si nous débroussaillons cette énigme, je vous avertirai.
    Ils échangèrent leurs adresses et se faufilèrent à la queue leu leu dans le tunnel végétal. Quand ils se turent redressés et époussetés, Victor proposa d’emprunter un fiacre commun, mais l’homme et sa compagne déclinèrent son offre.
    — À votre avis, ils sont fiables ?
    — Il me semble que oui, Joseph. Vous allez isoler ce cabas, votre mouchoir et son contenu dans un carton ficelé. Personne ne doit y avoir accès. Déposez-le dans votre cave.
    — Pourquoi ?
    — Parce que je vous en prie instamment. Savonnez-vous des pieds à la tête avant le moindre contact avec vos proches. Juré, promis ?
    — Cochon qui s’en dédie.
    — Nous rempilons aux aurores.
    — Vous oubliez un détail : Kenji.
    — Soit, je me dévouerai. Je vous téléphonerai auparavant.
    — Comme d’habitude, on m’élimine !
    Ils rejoignirent en se chamaillant le boulevard d’Italie pendant que, sur le trottoir opposé, se dépêchait en sens inverse la sentinelle, retardée par une algarade imprévue. Le guet serait de courte durée, à cause de la fatigue et du calendrier chargé.
     
    Lové contre Tasha, Victor en était à son cent vingt-deuxième mouton. Il réfléchit. Où pouvait être Alphonse Ballu ? Avait-il déserté ? Avait-il trempé dans la mort d’Alexandrine Piote ? Cette hypothèse n’était pas à négliger. Après tout, il fréquentait sa boutique.
    « Peut-être a-t-il été victime d’un accident ? En ce cas, l’état-major le saurait… Nous débrouillerons demain ce méli-mélo, il faut que je dorme. Et cependant… Ses objets personnels ? Ils sont restés rue Violet. »
    Victor envisageait la question sous ses multiples facettes, mais il ne parvenait pas à écarter de son esprit l’idée d’une disparition louche. Il se leva sans bruit, gagna la cuisine où Kochka lui réclama impérativement un rabiot de pâtée. Il s’aspergea le visage d’eau froide et s’échoua sur une chaise. Il était las, anxieux, plein de funestes pressentiments. L’inspecteur Valmy, sous des dehors débonnaires, ne s’en laisserait pas conter.

CHAPITRE XVI
    22 septembre
     
     
    Si Tasha n’avait promis au commanditaire suisse d’ Émaux et Camées , de passage à Paris, de le rencontrer tôt le matin, Victor aurait différé la perquisition prévue rue Corvisart. Ils se séparèrent après des baisers d’autant plus impétueux que chacun d’eux se sentait la conscience lourde. Au souvenir de la visite de Hans, Tasha ressentait le dégoût d’une femme qui s’est rendue coupable d’une faiblesse indigne d’elle, et Victor, rentré tard la veille, avait inventé un mensonge inédit.
    À la librairie, Joseph décrocha presque aussitôt et manifesta son déplaisir d’être hors jeu par un bougonnement, signe que Kenji était proche. Partagé entre l’excitation et la répugnance, Victor entreprit d’exécuter en solitaire le programme qu’il s’était fixé : retourner rue Corvisart collationner les résidus momifiés afin de les soumettre à une expertise.
    Un vent de sud tiédissait les rues baignées d’une lumière frisante. Il avait renoncé à sa bicyclette, craignant qu’on ne la lui volât sur la Butte-aux-Cailles. Le fiacre filait bon train dans la ville assoupie et il toucha vite au but.
    Sous le ciel lessivé après plusieurs averses nocturnes, chaque goutte d’eau réfractait les rayons du soleil. Rassuré, Victor marchait comme un écolier en vadrouille et revivait la joie des lointains séjours d’été à Londres, où les parcs se muaient, durant les vacances scolaires, en forêts exotiques.
    Aux abords du bassin, non loin de la

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