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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’affronter Mordret, et je ne saurais que t’approuver. – Mais, dit Arthur, quelle sera l’issue de ce combat ? – Je n’ai rien à te révéler là-dessus. Sache seulement que je t’aurais méprisé si tu n’avais pris cette décision-là. J’ai voulu que tu fusses un roi digne et généreux, Arthur. Je me suis efforcé de t’aider, dans la mesure de mes moyens. J’ai fait en sorte que tu réunisses autour de toi les meilleurs chevaliers de ce temps. Je les ai envoyés à la quête du saint Graal et je les ai parfois guidés dans leurs errances. – Mais, interrompit le roi, pourquoi Guenièvre m’a-t-elle trahi avec Lancelot ? N’est-ce pas là la faute par laquelle va périr ce royaume ? – Non, Arthur, la faute par laquelle le royaume périra est la faute que tu commis toi-même autrefois, et tu le sais très bien. »
    Arthur se releva, les yeux pleins de larmes. « Alors, reprit-il, tout est perdu ! » Le rire de Merlin se fit entendre à nouveau. « Les mots que tu emploies n’ont aucun sens, dit-il, lorsqu’on les prononce à propos de n’importe quoi. Quand tout est perdu, sache que rien n’est perdu, et que la vie et la mort ne sont que les deux aspects d’une même réalité. – Certes, admit Arthur, mais que me conseilles-tu, Merlin ? – Rien, répondit froidement Merlin. Je vais simplement te rappeler une histoire qu’on raconte parmi le peuple, une histoire des temps lointains. Un jour que le roi Brân le Béni partait en expédition avec ses troupes, ils se trouvèrent devant un estuaire infranchissable. Et comme on se demandait comment traverser, Brân le Béni déclara : "Que celui qui est le chef soit pont. " Et il s’étendit par-dessus l’estuaire, si bien que ses troupes purent le passer sur son corps {78} . C’est une belle histoire, n’est-ce pas ? J’espère qu’elle te servira. »
    Merlin se leva de son siège et se dirigea vers la tenture qui fermait le pavillon. « Adieu, Arthur, dit-il encore, je voulais te conter cette histoire et te dire aussi que j’ai confiance en toi. Souviens-toi, Arthur : tu as été un grand roi, et un grand roi ne recule jamais devant la mort, parce que la mort n’est que le milieu d’une longue vie. » Et comme il prononçait ces derniers mots, Merlin disparut soudain. Arthur eut beau chercher, il ne découvrit aucune trace du passage de celui qui avait été si longtemps son conseiller et son inspirateur. Mais il se sentait fortifié en lui-même parce que Merlin lui avait affirmé qu’un grand roi ne devait jamais s’abandonner au désespoir.
    Le lendemain, Arthur, levé dès que le jour parut, entendit la messe, puis il s’arma et fit s’armer les siens. Il ordonna dix corps de bataille {79} . Yvain, fils du roi Uryen, conduisait le premier, le roi Yon le deuxième, Bedwyr, son fidèle compagnon de toujours, le troisième, Kaï, le sénéchal, son frère de lait, le quatrième, Cador de Cornouailles le cinquième, Girflet, fils de Dôn, le sixième, l’échanson Lucan le septième, Sagremor le Desréé le huitième, Yder, fils de Nudd, le neuvième, et Arthur en personne le dernier, où se trouvait rassemblée l’élite de ses troupes, et en qui il plaçait son espoir, car il serait difficile de vaincre tous ces preux-là, à moins de les submerger sous le nombre.
    À l’instar d’Arthur, Mordret ordonna ses troupes en bataillons, mais il en constitua vingt, parce qu’il avait davantage d’hommes, et, à la tête de chacun, plaça des braves. Le dernier, il le composa de la fine fleur de ses forces et de chevaliers qui lui inspiraient pleinement confiance, et il s’en réserva le commandement de manière à se retrouver face au roi. Dans ses premiers corps, il n’avait mis que des Saxons, que des Écossais dans les deux suivants ; les Gallois en formaient deux autres, les Irlandais trois, soit les sujets de dix royaumes qui, venant se ranger en bon ordre dans la vaste plaine, aperçurent, sous les bannières qui claquaient au vent, les partisans d’Arthur.
    Ces derniers attendaient à cheval et, quand ils les virent assez près pour passer à l’attaque, s’élancèrent, lances abaissées. En un instant, la mêlée devint générale. Leurs lances bientôt brisées, les guerriers empoignèrent l’épée, frappant ici de grands coups, là enfonçant le fer au travers des heaumes jusqu’à la cervelle. Bousculés par le bataillon d’Yvain, les Saxons se replièrent en désordre, appelant à

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