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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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déposa le corps de Gauvain. « Vous me conduirez, leur dit-il, mon neveu jusqu’à Kamaalot et l’y ferez ensevelir, ainsi qu’il l’a demandé, dans la tombe de Gahériet. » En prononçant ces mots, Arthur pleurait si fort que les gens de la place éprouvaient autant de chagrin de son deuil que de la disparition de Gauvain.
    Les chevaliers montèrent en selle, et bien des gens suivirent le convoi, qui se lamentaient, déplorant la fin d’un chevalier qui s’était montré si courageux, si courtois, si généreux envers tout le monde. Cependant, lorsqu’ils l’eurent accompagné sur une assez longue distance, le roi s’arrêta et dit à ceux qu’il avait chargé de se rendre à Kamaalot : « Je ne peux m’attarder davantage. Continuez votre route et faites ce que je vous ai demandé. » Et, sur ce, il s’en retourna, le visage défait et le cœur étreint d’angoisse.
    Ceux qui devaient accompagner le corps de Gauvain chevauchèrent jusqu’au soir et arrivèrent à une forteresse appelée Béloé dont le seigneur était un chevalier qui n’avait jamais aimé Gauvain, car il en était jaloux et l’avait souvent trahi de la pire façon. Son épouse, qui se trouvait dans la cour lorsque le cortège arriva, demanda qui était le chevalier qu’on convoyait ainsi. En apprenant qu’il s’agissait de Gauvain, fils du roi Loth et neveu du roi Arthur, la dame courut comme une folle vers la dépouille et se pâma. Quand elle reprit conscience, elle s’écria : « Ah ! Gauvain ! quel grand malheur que ta mort, surtout pour les dames et les demoiselles ! J’y perds plus que personne, car je perds avec toi l’homme que j’aimais le plus au monde. Que tous ceux qui sont ici le sachent, je n’ai jamais aimé que toi et n’aimerai jamais personne d’autre, aussi longtemps que je vivrai ! »
    En entendant ces mots, le seigneur quitta la salle et, furieux de la douleur que manifestait sa femme, courut en une chambre, y prit son épée, se dirigea vers la civière et frappa la dame inclinée sur le cadavre avec tant de violence qu’il lui entama l’épaule d’un demi-pied en profondeur. « Ah ! Dieu ! s’écria-t-elle, je meurs pour toi, Gauvain ! Au nom de Dieu, seigneurs qui êtes ici, je vous prie de porter mon corps où vous porterez le sien. Tous ceux qui verront nos sépultures sauront ainsi que je suis morte pour l’amour de lui. »
    Sans plus tarder, les chevaliers, fort bouleversés par cette mort malheureuse, s’élancèrent sur le seigneur, et lui arrachèrent son épée. L’un d’eux lui cria avec colère : « Seigneur, tu nous as fait grande honte en tuant sans motif cette dame ! Dieu me vienne en aide, je crois bien que jamais plus tu ne frapperas de dame de cette façon ! » Là-dessus, il brandit son épée et lui en porta un tel coup qu’il le blessa grièvement. De souffrance et de peur, le seigneur tenta de s’enfuir, mais l’autre l’arrêta et, d’un second coup, l’abattit mort au milieu de la salle. Ce que voyant, les gens du château se précipitèrent aux armes ; mais la détermination de la petite troupe les dissuada de se battre, et ils lui laissèrent le champ libre.
    Les compagnons de Gauvain demeurèrent donc au château cette nuit-là, mangeant et buvant ce qu’ils trouvaient sur place. Au matin, ils improvisèrent une civière pour transporter la dame de Béloé et se mirent en route pour Kamaalot. Quand ils y furent arrivés et que les gens apprirent de quoi il retournait, toute la cité prit un air de deuil et d’abattement. On accompagna le corps de Gauvain jusqu’à la grande église au milieu de laquelle il fut déposé. À la troisième heure, quand les prêtres eurent donné l’absoute, on le déposa dans la tombe de Gahériet, et l’on eut soin de graver sur la dalle l’inscription qu’il avait demandée. Quant à la dame de Béloé, elle fut enterrée non loin de là, dans la même église, et son épitaphe précisa qu’elle mourut pour l’amour de Gauvain.
    Pendant ce temps, le roi Arthur avait rassemblé le plus d’hommes possible et, le lendemain, s’était mis en route avec toutes ses troupes pour aller à la rencontre de Mordret. Le soir venu, il fit établir son camp à l’orée d’un bois et coucha sous son pavillon. Or, une fois endormi, il lui sembla que Gauvain se présentait à lui, plus beau et plus noble qu’il ne l’avait jamais vu. Et derrière Gauvain se pressaient en foule de pauvres gens qui

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