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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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disaient : « Roi Arthur, nous avons conquis la maison de Dieu au profit de ton neveu Gauvain, à cause des bienfaits qu’il avait répandus sur nous. Agis comme lui, et tu seras un sage entre les sages. »
    Alors, dans son sommeil, il répondait qu’il y consentait volontiers, courait embrasser son neveu, et celui-ci lui disait en pleurant : « Bel oncle, garde-toi d’affronter Mordret, car tu risques d’être blessé mortellement. – Mais, répondait le roi, il me faut l’affronter, dussé-je en mourir. Ce serait être lâche et indigne que de ne pas défendre ma terre contre un traître. » Alors, Gauvain s’en allait en murmurant : « Ah ! seigneur ! quel malheur de hâter ainsi ta fin ! » Puis il semblait revenir vers lui et disait d’une voix forte : « Mon oncle, fais venir Lancelot. Si tu l’as avec toi, jamais Mordret ne pourra te résister. Mais si tu ne l’appelles à ton aide, tu ne pourras échapper à la mort. » Le roi répondait qu’il ne ferait jamais appel à Lancelot, car il lui avait causé trop de tort pour que celui-ci consentît jamais à y répondre. Alors Gauvain s’en allait, disant encore en pleurant : « Sache bien, doux seigneur, que ce sera un grand malheur pour tous les hommes sages de ce royaume. »
    Arthur se réveilla, le lendemain matin, fort mal à l’aise, et, une fois levé, fit prendre à son armée un peu de nourriture, car il ne savait à quel moment l’on rencontrerait Mordret. Ensuite, il donna le signal du départ, et l’on chevaucha toute la journée, sans hâte, afin de ne pas fatiguer les chevaux avant l’ouverture des hostilités. Et l’on se trouva, le soir, dans une grande plaine, non loin des pierres que jadis Merlin avait fait dresser à la mémoire des chefs bretons victimes de la trahison des Saxons {75} . Arthur décida d’établir là son camp et d’y attendre que Mordret se manifestât.
    Or, cette nuit-là, Arthur fut à nouveau visité par un rêve étrange. Dans son sommeil, il crut voir une femme qui venait à lui, plus belle que toutes celles qu’il eût rencontrées jusque-là. Elle le soulevait de terre, l’emportait sur une montagne très haute et, là, le plaçait sur une roue. Sur cette roue se trouvaient des sièges dont les uns montaient et les autres descendaient. Le roi regardait la place qu’il occupait et remarquait que son siège dominait tout. La femme lui demandait : « Arthur, où es-tu ? – Dame, répondait-il, je suis sur une haute roue, mais j’ignore ce qu’elle représente. – C’est, répondait-elle, la roue de la Fortune. » Arthur avait l’impression d’un équilibre instable. « Que vois-tu, Arthur ? demandait-elle encore. – Dame, il me semble que je vois le monde entier. – C’est exact, le monde entier se trouve sous ton regard. Roi Arthur, il n’est pas grand-chose dont tu n’aies été le seigneur jusqu’à ce jour, car, dans le cercle que tu aperçois, tu as été le plus puissant des rois, mais tels sont les orgueils terrestres qu’il n’est homme si haut placé qui ne doive tomber un jour et abandonner la possession du monde. » Et, au même moment, sans lui laisser seulement le temps de répondre, la femme le saisissait par les épaules et le précipitait à terre si violemment et si cruellement qu’en tombant le roi se voyait, tout brisé, perdre la force de ses membres. Là-dessus, il se réveilla, couvert de sueur et le cœur plein d’angoisse.
    Il se leva alors que paraissait tout juste le soleil et s’en alla trouver un archevêque qui était là. Il se confessa de son mieux de tous les péchés dont il se sentait coupable et, cela fait, après avoir imploré son pardon, il fit part au prélat des deux visions qu’il avait eues durant son sommeil les deux nuits précédentes. À ce récit, l’autre s’écria : « Ah ! seigneur Arthur ! Si tu veux sauver ton âme, ta personne et le royaume, retourne au rivage avec toute ton armée et appelle Lancelot à ton secours. Brave et généreux comme il est, il répondra à ton appel. Mais si tu affrontes seul Mordret en ce moment, tu seras tué ou blessé à mort, et nous en éprouverons un tel dommage qu’il durera jusqu’à la fin du monde. Roi Arthur, voilà ce qui arrivera si tu t’obstines à affronter Mordret. – Seigneur, rétorqua le roi, je ne saurais faire autrement ! »
    L’archevêque tenta derechef de convaincre Arthur que sa bravoure ne suffirait pas, face à Mordret, mais rien n’y

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