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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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contenu sans qu’une seule goutte en fût renversée. « Dame ! dit-il à l’adresse de Guinier, jamais nulle femme n’a fait tant d’honneur à un homme que toi en ce moment ! » Et un grand brouhaha parcourut l’assemblée. Sans en rien montrer, tous les chevaliers présents furent remplis de colère et de haine envers Karadoc parce que lui seul avait pu boire dans le cor. Quant à la reine Guenièvre, elle en fut fort affectée, de même que nombre de dames. Toutes jalousaient Guinier et lui en voulaient grandement pour avoir eu l’audace d’encourager son ami. À dater de ce jour, Guinier fut de fait à la cour la femme la plus détestée par toutes les dames.
    Karadoc s’en aperçut tout de suite. Prenant Guinier à part, il la pria de se préparer à partir le soir même et à aller l’attendre auprès de son père, le roi de Vannes. Quant à Cador, qui avait bien compris que sa sœur et son ami s’étaient attiré l’animosité générale, il s’offrit à escorter Guinier, proposition que Karadoc accepta d’enthousiasme. Avant la tombée de la nuit, Cador s’en alla donc avec Guinier, laissant Karadoc parmi les compagnons de la Table Ronde {20} .

3
 
La Demoiselle d’Escalot
    Ce soir-là, avant que ne fût venue l’heure de s’aller coucher, le roi Arthur convia tous les chevaliers présents à un tournoi qui se tiendrait à la fin de la semaine à Caerwynt {21} . Il espérait ainsi réveiller chez ses compagnons le sens de la prouesse qu’il trouvait passablement assoupi depuis leur retour de la quête. Ils accueillirent néanmoins l’annonce avec un grand enthousiasme, et nombre d’entre eux décidèrent de se mettre en route dès le lendemain. Cependant, Lancelot du Lac s’était mis en tête d’y participer mais incognito. Aussi dit-il à son entourage que, se sentant souffrant, il resterait à Kamaalot.
    Bohort, Lionel et Hector renoncèrent alors aussi à s’y rendre, vu que lui-même n’y serait pas. Mais il rétorqua : « Ce n’est pas une raison pour vous abstenir. Aussi vous ordonné-je de partir dès demain matin. Moi, je resterai ici et, avant même que vous ne soyez de retour, je serai parfaitement remis. – Seigneur, dirent-ils, puisque tel test ton désir, nous partirons donc. Cependant, sache que nous préférerions demeurer en ta compagnie. » Lancelot s’opposa de nouveau à leur vœu, et la conversation en resta là.
    L’incident toutefois avait eu un témoin en la personne d’Agravain, fils du roi Loth d’Orcanie et frère de Gauvain, qui de longue date haïssait Lancelot ; affreusement jaloux de ses prouesses et de ses hauts faits, il attendait patiemment l’occasion favorable pour nuire au fils du roi Ban de Bénoïc. Et comme il ne cessait de l’épier, il acquit la certitude que celui-ci aimait la reine Guenièvre d’un fol amour et qu’elle l’aimait aussi. Plusieurs fois, il les avait surpris sur le point de se rejoindre dans quelque retraite écartée. Un jour, en passant près d’une chambre dont la porte était demeurée entrouverte, il les avait même vus tous deux nus sur un lit. Certes, la reine était fort belle et toujours désirable, encore qu’à cette époque elle eût dans les cinquante ans, au demeurant si avenante qu’on n’eût pu trouver sa pareille au monde {22} . Et comme sa beauté ne déclinait pas, certains chevaliers voyaient en elle la fontaine de toutes beautés.
    Aussi, en entendant Lancelot dire qu’il ne se rendrait pas au tournoi de Caerwynt, Agravain le soupçonna-t-il d’agir ainsi pour demeurer auprès de la reine et profiter en sa compagnie de l’absence du roi. Et, dès que, le lendemain matin, il eut vu partir Bohort et ses compagnons qui venaient de prendre congé de Lancelot, il s’arrangea pour avoir une conversation privée avec le roi Arthur. « Mon oncle, dit-il, je voudrais te révéler un secret dont je crains, à la vérité, que tu ne sois fort chagriné. Mais sache bien que je n’entreprends cette démarche qu’afin de te préserver de la honte. – Quelle honte ? répondit le roi. Tu m’intrigues, mon neveu. S’agit-il donc d’une chose si importante ? – Oui, seigneur roi, et je vais t’en faire la confidence. »
    Il entraîna Arthur à l’écart et lui dit à voix basse : « Seigneur, je suis en mesure de t’affirmer que Lancelot et la reine, ton épouse, s’aiment d’un fol amour. Et ne pouvant se rencontrer à leur guise lorsque tu es là, ils profitent des heures

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