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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dans cette forteresse ! » Girflet répondit : « Seigneur, je crois deviner sa conduite : il veut prendre part au tournoi sans que personne ne le reconnaisse. Et voilà pourquoi il n’a pas voulu partir avec nous. » Le roi s’en trouva tout ragaillardi, car, à l’évidence, les rapports d’Agravain n’étaient que mensonge et calomnie.
    Après le coin de la rue, Lancelot avait poursuivi sa route. Toujours à sa fenêtre, le roi attendait de le voir repasser. Il demeura si longuement à son poste qu’il dut finir par admettre que Lancelot était resté dans le village, et il dit alors à Girflet : « Nous l’avons perdu de vue ! Aurait-il pris logis ici ? – Certes, répondit Girflet, il se pourrait bien. Selon moi, il ne chevauche que la nuit, de peur d’être reconnu. – Puisqu’il souhaite se cacher, reprit le roi, respectons sa discrétion. Garde-toi de raconter à quiconque que nous l’avons vu. Quant à moi, je n’en dirai mot. » Girflet lui promit de faire de même et, là-dessus, tous deux quittèrent la fenêtre.
    De fait, Lancelot était entré cependant chez un petit seigneur qu’on appelait le vavasseur d’Escalot. Celui-ci avait deux fils, beaux et courageux, qui avaient été armés récemment chevaliers de la main même du roi Arthur. Lancelot aperçut leurs boucliers suspendus au mur : ils étaient vermeils comme le feu et sans armoiries, conformément à la coutume qui voulait que tout nouveau chevalier portât, pendant une année entière, un bouclier de couleur unie. Nul ne pouvait y déroger sans contrevenir aux lois de la chevalerie.
    Lancelot dit alors au vavasseur : « Seigneur, je voudrais te demander une faveur : prête-moi l’un de ces boucliers, que je le porte lors du tournoi de Caerwynt, ainsi que le caparaçon et les autres pièces de l’armure. – Seigneur, s’ébahit le vavasseur, n’as-tu point de bouclier toi-même ? – J’en ai un, mais je ne veux pas le porter : je risquerais d’être reconnu et c’est précisément ce que je ne veux pas. Aussi te laisserai-je mon propre bouclier et mes propres armes jusqu’à mon retour.
    — Seigneur, répondit l’hôte, qu’il en soit comme tu désires. L’un de mes fils est si malade qu’il ne saurait porter ses armes au tournoi de Caerwynt. L’autre, en revanche, s’y rendra, et il pourra faire route avec toi, si tu y consens. » Sur ces entrefaites parut le jeune homme en question. Aussitôt qu’il vit Lancelot, il lui fit d’autant meilleur accueil qu’il lui trouvait grand air et lui demanda qui il était. Lancelot s’avoua chevalier d’une terre fort éloignée du royaume de Bretagne, mais refusa de révéler son nom et son état. « Seigneur, s’inclina l’autre, sois néanmoins le bienvenu. Si tu le désires, nous nous rendrons de conserve au tournoi de Caerwynt. Ainsi nous tiendrons-nous compagnie. – Volontiers, dit Lancelot, mais je te préviens que je ne veux pas voyager de jour, la chaleur m’incommode trop. Si tu as la patience de m’attendre jusqu’à ce soir, je t’accompagnerai de bon gré. Mais il n’est pas question que je chevauche avant la nuit. – Tout ce que tu voudras, répondit le jeune homme. Je suis trop heureux de partir avec toi. »
    Lancelot demeura donc ce jour-là chez le vavasseur d’Escalot. Il y fut servi et traité du mieux qui se pût faire. Les gens de la maison lui adressèrent maintes questions sur sa personne, mais il se garda d’y répondre. Or, le vavasseur avait une fille, une jeune fille de grande beauté, qui s’intéressait fort à leur hôte. Aussi alla-t-elle trouver l’écuyer et le conjura de lui dire, au nom de Dieu, qui était le chevalier et d’où il venait. N’osant l’éconduire, l’écuyer se contenta de lui confier : « Je me parjurerais si je te dévoilais tout ce qui concerne mon maître, car il ne veut pas qu’on le reconnaisse et il serait bien fâché contre moi si je trahissais mon serment. Sache seulement qu’il est le meilleur chevalier du monde, je te l’assure en toute bonne foi. – Que Dieu m’aide ! s’écria la jeune fille. Tu m’en as assez dit, et j’en suis très heureuse. »
    La Demoiselle d’Escalot s’en alla alors dans la chambre où reposait Lancelot et s’agenouilla devant lui. « Gentil chevalier, dit-elle, accorde-moi une faveur, par la foi que tu dois à l’être que tu aimes le plus au monde. » Quand il entendit ces paroles et vit à ses pieds une jeune fille aussi

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