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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qui le tourmentait. « Mon cher neveu, dit-il enfin, te l’avouerai-je ? J’ai été tenté d’ajouter foi aux insinuations de ton frère Agravain. – Comment cela ? Quelles insinuations ? – Voici. Tu te souviens sans doute qu’au moment du départ pour le tournoi de Caerwynt, Lancelot s’était prétendu malade et avait annoncé qu’il désirait rester à Kamaalot ? Eh bien, ton frère Agravain en a profité pour venir me parler en particulier, et il s’est étonné que j’eusse le cœur de garder Lancelot près de moi. – Et pourquoi cela ? – Parce que, selon lui, Lancelot me déshonorait avec ma femme. Il m’affirma que Lancelot, non content d’aimer Guenièvre d’un fol amour, la connaissait charnellement, dans ma propre demeure, et ne restait à Kamaalot qu’afin de pouvoir rejoindre la reine à loisir sitôt que je serais parti. – Mais c’est une monstrueuse calomnie ! s’écria Gauvain.
    — C’est en tout cas ce qu’a voulu me faire croire Agravain. Qu’il exècre Lancelot, cela, je le sais depuis longtemps. Ainsi espérait-il le voir chasser de ma cour ou, mieux, me le voir faire mettre à mort ignominieusement. Je me serais véritablement déshonoré en ajoutant foi à ces infamies car force est de convenir que si Lancelot aimait la reine d’un amour coupable, il serait resté à Kamaalot pendant mon absence afin de la fréquenter tout à son aise. – Assurément ! s’exclama Gauvain. Or, il n’avait feint de demeurer à Kamaalot que pour se rendre au tournoi sans que personne pût le reconnaître. Ah ! mon oncle, garde-toi de jamais croire un homme qui, fût-il mon propre frère, te tiendrait semblables propos car, pour moi, je jurerais que Lancelot n’a jamais éprouvé de sentiments pareils à l’endroit de la reine. Il a d’ailleurs bien d’autres amours en tête. À telle enseigne que, pour l’heure, il est épris de l’une des plus belles demoiselles du monde, et je suis bien placé pour t’en répondre, elle l’aime également. Voilà qui ne souffre aucune réserve. Du reste, souviens-toi : il a si bien aimé de tout son cœur la fille du roi Pellès qu’elle en a enfanté Galaad, le Bon Chevalier qui mit un terme aux aventures du Graal. – En effet, admit le roi, et s’il était vrai que Lancelot aimât la reine d’un amour coupable, je ne pourrais néanmoins le croire capable à mon égard de déloyauté. Dans un cœur brave et droit comme le sien, la trahison ne saurait trouver place, à moins que le diable ne s’en mêlât ! »
    Ainsi le roi Arthur exprima-t-il sa confiance en Lancelot du Lac, et Gauvain ajouta : « Je n’hésiterais pas, le cas échéant, à combattre en champ clos quiconque, fût-il l’un de mes frères ou le meilleur chevalier du monde, oserait accuser Lancelot d’un pareil forfait ! – Bien parlé, Gauvain, repartit le roi. Il ne faut croire ni les médisants ni les envieux. Or, en ce moment, nous en sommes entourés. Mon unique souhait est que Lancelot n’apprenne jamais les vilenies que l’on débite à son propos. »
    Or, ce même jour, il advint qu’un écuyer de Cornouailles descendit loger dans la maison où Lancelot se remettait lentement de sa blessure, et ce dernier lui demanda où il allait. « Seigneur, répondit l’écuyer, je vais à Dinas Emrys où, dans trois jours, aura lieu un grand tournoi. – Sais-tu quels chevaliers y participeront ? – Ceux de la Table Ronde et ceux qu’on a déjà vus au tournoi de Caerwynt. Et il paraît que le roi Arthur y mènera la reine Guenièvre. »
    En apprenant que la reine assisterait aux joutes de Dinas Emrys, Lancelot fut si troublé qu’il pensa mourir de douleur et, dans son émotion, s’oublia jusqu’à dire tout haut, de telle sorte que tout le monde l’entendit : « Ah ! dame, tu n’y verras pas ton chevalier, hélas ! Ici, je ne fais que languir. Quant à toi, chevalier qui m’as infligé ma blessure, que Dieu m’accorde de te rencontrer un jour et de te reconnaître ! Car, assurément, ta mort seule peut me tenir lieu de réparation ! » Or, comme il étirait ses membres en raison de la souffrance qu’il éprouvait, ce faisant il rouvrit sa plaie. De celle-ci jaillit, comme d’une bête égorgée, un tel flot de sang, qu’en voyant cela le médecin dit à l’écuyer : « Tu l’as tué avec tes paroles ! » Il fit aussitôt dévêtir et coucher Lancelot, puis, de son mieux, s’efforça d’étancher la blessure.
    De toute la

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