La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
me cachai ainsi que trois de mes
compagnons, chacun sous une peau de phoque donnée par la néréide. Quand le bon
et divin vieillard s’étendit non loin de moi, ce ne fut qu’un jeu de sauter de
nos trous et de nous saisir de lui. Mais ce fut une tout autre affaire de le
retenir. Il avait le pouvoir de changer de forme à volonté et dans nos mains il
devint successivement un lion et un dragon et bien d’autres animaux encore, et
même un arbre aux branches élevées. Mais nous le tenions fermement : il
céda enfin et nous dit tout ce que nous souhaitions savoir. De ton père, il
nous apprit qu’il se trouvait sur une île, dépérissant de nostalgie et retenu
là par une nymphe nommée Calypso. Mais à ce détail près, j’ignore tout de lui
depuis notre départ de Troie, il y a dix ans. Quand il eut achevé de parler, le
silence tomba. Tous pensaient à Troie et à ce qui s’était passé depuis, et ils
pleurèrent – Télémaque, sur son père ; le fils de Nestor, sur son frère, Antiloque
aux pieds légers, mort devant les murs de Troie ; Ménélas, sur plus d’un
brave compagnon d’armes tombé dans la plaine troyenne, et Hélène – mais qui
pouvait dire pour qui coulaient les larmes d’Hélène ? Dans cette salle
splendide du palais de son mari, pensait-elle à Pâris ? »
Les jeunes gens passèrent la nuit à Sparte. Hélène ordonna à
ses servantes de préparer leurs lits sous le porche d’entrée – des couches moelleuses
et chaudes, avec des draps pourpres recouverts de couvertures tissées et de
manteaux de laine. Un serviteur, torche en main, leur montra le chemin et ce
fut là qu’ils dormirent jusqu’à l’aube.
Pendant le même temps, Hermès se disposait à transmettre le
message de Zeus à Calypso. À ses pieds, il laça les sandales d’or qui le
faisaient rapide comme un souffle d’air sur la terre et sur la mer. Il prit
avec lui son caducée qui lui donnait le pouvoir d’alourdir de sommeil les yeux
des humains, et sautant dans l’espace, il vola jusqu’au niveau de la mer. Effleurant
les crêtes, il atteignit l’île ravissante qui pour Odysseus n’était plus qu’une
prison détestable. Quand il la trouva, la nymphe était seule ; comme d’habitude,
Odysseus se tenait sur la grève ; il laissait couler ses larmes tout en
fixant la mer vide. Calypso reçut les ordres de Zeus en fort mauvaise part. Elle
avait sauvé la vie de cet homme quand son navire s’était échoué non loin de l’île,
dit-elle, et depuis elle n’avait pas cessé de le combler. Chacun, bien entendu,
devait céder à Zeus, mais tout ceci était fort injuste. Et en quoi pouvait-elle
l’aider pour son voyage de retour ? Elle ne disposait ni de bateaux ni d’équipages.
Mais Hermès jugea que ceci ne le concernait pas. « Veille avant tout à ne
pas irriter Zeus », lui dit-il, et il s’en alla gaiement.
Lugubre, Calypso entreprit les préparatifs indispensables. Elle
en parla à Odysseus, qui inclina d’abord à n’y voir qu’une ruse odieuse dirigée
contre lui – pour le noyer, probablement — mais elle finit par le
convaincre. Elle promit de lui donner les moyens de construire un radeau solide
sur lequel elle le ferait monter après l’avoir équipé de tout le nécessaire. Jamais
homme ne se mit plus joyeusement à l’œuvre. Vingt grands arbres fournirent le
bois, tous bien secs afin d’assurer une bonne flottaison. Sur le radeau, Calypso
entassa des vivres et des boissons en abondance, et même tout un sac des
friandises préférées d’Odysseus. Et l’aube du cinquième jour après la visite d’Hermès
trouva Odysseus mettant son radeau à la mer sous un vent favorable et sur des
eaux sereines.
Pendant dix-sept jours, le temps ne varia pas ; Odysseus
continua sa route, dirigeant toujours son radeau, ne permettant jamais au
sommeil de lui fermer les yeux. Le dix-huitième jour, le sommet couronné de
nuages d’une montagne surgit à l’horizon. Il se crut sauvé.
Mais à cet instant précis, Poséidon, qui revenait d’Éthiopie,
l’aperçut. Il comprit aussitôt ce qu’avaient fait les dieux. « Mais »,
se marmotta-t-il à lui-même, « je crois que même à présent je peux encore
lui faire entreprendre un long voyage dans la peine avant qu’il ne touche terre. »
Il convoqua tous les vents violents et les déchaîna, aveuglant terre et mer par
des nuages d’orage. Le Vent d’est lutta contre le Vent du sud, et le mauvais
Vent d’ouest avec
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