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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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virent un homme hirsute et nu surgir des buissons. Les voix des
jeunes filles avaient éveillé Odysseus. Terrorisées, toutes prirent la fuite – toutes,
sauf Nausicaa. Elle le regarda sans crainte ; quant à lui, sa langue
employa pour lui parler son éloquence la plus persuasive : « O Reine »,
dit-il, « à tes genoux, je suis un suppliant. Es-tu mortelle ou divine, je
n’en sais rien – jamais mes yeux ne se sont posés sur un être qui te ressemble.
Je m’émerveille à te voir. Sois indulgente à celui qui t’implore, un naufragé, sans
ami ni recours, sans une guenille pour le recouvrir. »
    Nausicaa lui répondit avec bonté. Elle lui apprit où il se
trouvait et que le peuple de cette région se montrait accueillant aux voyageurs
infortunés. Le Roi son père lui réserverait l’hospitalité la plus courtoise. Elle
appela les fillettes apeurées ; elle les pria de donner l’huile fine à l’étranger
puis de lui trouver un manteau et une tunique. Elles attendirent pendant qu’il
se baignait et se vêtait, puis tous ensemble, ils se dirigèrent vers la cité. Mais
avant d’atteindre la demeure de Nausicaa, cette jeune fille discrète recommanda
à Odysseus de rester en arrière et de la laisser continuer seule avec ses
compagnes : « Les gens ont de si méchantes langues », dit-elle,
« s’ils voyaient un aussi bel homme à mes côtés, ils feraient toutes
sortes d’insinuations. Il te sera facile de découvrir la demeure de mon père, c’est
de loin la plus belle. Entre sans crainte et dirige-toi vers ma mère que tu
trouveras filant à côté de l’âtre. Et ce que ma mère décidera, mon père le fera. »
    Odysseus acquiesça aussitôt. Il admirait son bon sens et il
suivit ses instructions avec exactitude. Après être entré dans le palais, il
traversa la grande salle jusqu’à la cheminée, puis il s’agenouilla devant la
Reine, il lui étreignit les genoux en implorant son aide. Le Roi le releva
promptement et le menant à la table, il l’invita à se restaurer sans crainte.
« Qui que tu sois et d’où que tu viennes », lui dit-il, « sois
assuré que nous ferons en sorte de te ramener chez toi sur l’un de nos bateaux.
Il est temps maintenant de dormir ; demain, tu nous diras ton nom et
comment tu es venu jusqu’à nous. » Tous dormirent donc, Odysseus avec
béatitude, sur une couche moelleuse et chaude comme il n’en avait plus connu
depuis qu’il avait quitté l’île de Calypso.
    Le jour suivant, et en présence de tous les chefs phéaciens,
il fit le récit de ses dix années d’errance. Il commença par le départ pour
Troie et la tempête qui avait alors assailli la flotte. Lui-même et ses bateaux
s’étaient vus dériver pendant neuf jours sur la mer. Le dixième jour, ils
abordèrent au pays des mangeurs de Lotus, ou Lotophages, mais bien qu’épuisés
et à court de vivres, ils avaient dû s’en éloigner en hâte. Les habitants, après
les avoir fort bien accueillis, leur offrirent leur nourriture fleurie mais
ceux qui en goûtèrent – peu nombreux, heureusement – perdirent tout désir de
retrouver leur foyer. Ils n’aspiraient plus qu’à rester dans le pays de Lotus
et à perdre le souvenir du passé. Odysseus dut les entraîner de force vers les
navires et les enchaîner. Ils pleurèrent, tant était grand leur désir de se
nourrir à jamais des fleurs au goût de miel.
    Leur aventure suivante fut leur rencontre avec le Cyclope
Polyphème, dont le récit a été donné en détail au quatrième chapitre de la
première partie de cet ouvrage. Ils perdirent par ses mains plus d’un de leurs
compagnons et pis encore, ils irritèrent à tel point le père de Polyphème, Poséidon,
que celui-ci fit serment qu’Odysseus ne regagnerait sa patrie qu’après de
longues épreuves et la perte de tous ses compagnons. Pendant ces dix années, la
colère du dieu l’avait suivi sur les mers.
    De l’île des Cyclopes, ils arrivèrent au pays des Vents, gouverné
par le Roi Eole. Zeus l’avait fait gardien des Vents, qu’il pouvait calmer ou
soulever à son gré. Eole les reçut avec affabilité et quand ils le quittèrent, il
fit présent à Odysseus d’un sac de cuir dans lequel il avait enfermé tous les
vents de tempête. Le sac était clos de façon si hermétique que le plus faible
souffle d’un vent, quel qu’il soit, présentant un danger pour un navire, ne
pouvait s’en échapper. Dans des conditions aussi exceptionnelles pour

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