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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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leur attaque.
    Ils furent priés d’entrer et Electre attendit, comme elle
l’avait fait toute sa vie. Alors une porte s’ouvrit doucement et une femme
sortit et se tint sans bouger sur le seuil. C’était Clytemnestre. Elle était là
depuis quelques instants quand un esclave arriva en courant. Il criait :
« Trahison ! Notre maître ! Trahison ! » Il vit
Clytemnestre et haleta : « Oreste – vivant – ici ». Elle
comprit. Tout lui apparaissait clairement, ce qui s’était passé et ce qui
allait venir. Rigide, elle pria l’esclave de lui apporter une hache de guerre.
Elle était décidée à défendre chèrement sa vie, mais à peine l’arme fut-elle
dans ses mains qu’elle se ravisa. Un homme passa la porte, tenant une épée
rouge de sang, un sang qu’elle reconnut comme elle reconnut celui qui tenait
l’épée. Aussitôt, elle entrevit un moyen de se défendre. « Arrête, mon
fils », dit-elle. « Vois ce sein. Ta tête s’y est posée et tu as
dormi contre lui tant et tant de fois. Ta bouche d’enfant, qui n’eut jamais de
dents, en a sucé le lait et c’est ainsi que tu grandis. » Oreste
cria : « O Pylade, elle est ma mère ! Ne puis-je l’épargner. »
Solennel, son ami répondit : « Non. Apollon a commandé. Les dieux
doivent être obéis. » « J’obéirai donc », dit Oreste.
« Toi, suis-moi. » Clytemnestre comprit qu’elle avait perdu. Elle dit
avec calme. « Il semble, mon fils, que tu aies décidé d’égorger ta
mère. » 11 lui fit signe d’entrer dans la maison. Elle y pénétra et il la
suivit.
    Quand il revint, ceux qui attendaient dans la cour du palais
n’eurent besoin d’aucune explication. Sans poser de questions, ils observaient
avec compassion celui qui était maintenant leur maître. Il semblait ne pas les
voir. Au-delà d’eux tous, ses yeux se fixaient sur une vision horrible. Il
bégayait : « L’homme est mort. Là, je ne suis pas coupable. Un
adultère – il devait mourir. Mais elle, l’a-t-elle fait, ou ne l’a-t-elle point
fait ? O vous, mes amis. Je dis que j’ai tué ma mère, non sans
raison ; elle était vile et elle avait tué mon père, et Dieu la
haïssait. »
    Ses yeux restaient fixés sur cette horreur invisible. Il
cria : « Regardez ! Regardez ! Des femmes. Noires, toutes
noires, et leurs longs cheveux sont des serpents. » Ils l’assurèrent tous
à l’envi qu’il n’y avait pas de femmes. « Ce n’est que ton imagination.
N’aie aucune crainte. » « Ne les voyez-vous pas ? »
criait-il. « Ce n’est pas un jeu de mon imagination. Je… je les vois.
C’est ma mère qui les envoie. Elles m’entourent et leurs yeux pleurent des
larmes de sang. Oh, laissez-moi !… » Il s’enfuit, seul avec ses
invisibles compagnes.
    Des années passèrent avant qu’il revînt dans sa patrie. Il
avait erré dans bien des pays, toujours poursuivi par les mêmes formes
terrifiantes. Il était épuisé par la souffrance, mais dans cette perte de tout
ce que prisent les hommes, il y avait un gain. « La misère a été mon
maître », disait-il. Il avait appris que nul crime n’est au-delà de l’expiation,
que lui-même, souillé comme il l’était par le meurtre d’une mère, pouvait
encore être purifié. Sur l’ordre d’Apollon, il se rendit à Delphes pour y
plaider sa cause devant Athéna. Il y alla pour implorer de l’aide, mais son
cœur néanmoins gardait confiance. Ceux qui aspirent à être purifiés ne peuvent
être rejetés et la tache noire de sa faute avait beaucoup pâli au cours de ces
longues années d’errance et de souffrance ; il la croyait maintenant
effacée. « Mes lèvres seront pures lorsque je parlerai à Athéna », se
disait-il.
    La déesse écouta son appel. À côté de lui se tenait Apollon.
« Je suis responsable de son acte », dit-il. « C’est sur mon
ordre qu’il a tué. » Les formes redoutables de ses poursuivantes, les
Erinnyes, les Furies, se dressaient contre lui, mais lorsqu’elles réclamèrent
vengeance, Oreste les entendit avec calme. « C’est moi seul et non Apollon
qui suis coupable du meurtre de ma mère », dit-il. « Mais j’ai été
lavé de mon crime. » Ces mots n’avaient jamais encore été prononcés par un
membre de la Maison d’Atrée. Les tueurs de cette race n’avaient jamais souffert
de leur crime ni cherché à l’expier. Athéna fit droit à la requête d’Oreste.
Elle persuada les divinités vengeresses de

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