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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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dont une coutume sauvage exigeait que
tout Grec trouvé dans le pays fût sacrifié à la déesse. Artémis veilla à ce
qu’aucun mal n’advînt à la jeune fille ; elle en fit la prêtresse de son
temple. À ce titre, Iphigénie avait pour tâche – combien terrible – de présider
aux sacrifices ; elle n’égorgeait pas elle-même ses compatriotes, mais
après les avoir consacrés par des rites depuis longtemps établis, elle les
remettait aux mains de ceux qui devaient les tuer.
    Depuis bien des années elle servait ainsi la déesse,
lorsqu’une galère grecque fit escale sur cette côte inhospitalière, nullement
poussée par une impérieuse nécessité ni une tempête, mais de son plein gré. On
connaissait partout cependant le sort réservé aux Grecs par les habitants de la
Tauride, mais un motif irrésistible obligeait ce navire à mouiller sur ce
rivage. Dès l’aube, deux jeunes hommes quittèrent le bord et se dirigèrent
furtivement vers le temple. Leur apparence dénonçait clairement leur grande
naissance : ils ressemblaient à des fils de Rois, et le visage de l’un
d’eux était creusé des marques de la souffrance. Ce fut lui qui chuchota à son
ami : « Crois-tu que ce soit bien là le temple, Pylade ? »
« Oui, Oreste », répondit l’autre. « Ce doit être ce lieu
souillé de sang. »
    Oreste ici, avec son ami Pylade ? Que faisaient-ils
dans un pays tellement hostile aux Grecs ? Et ceci se passait-il avant ou
après le jugement qui avait absous Oreste du meurtre de sa mère ? C’était
peu après. Bien qu’Athéna l’eût déclaré purifié de sa faute, dans cette version
de la légende toutes les Erinnyes n’avaient pas accepté le verdict et
quelques-unes s’obstinaient à poursuivre Oreste, ou du moins Oreste se
l’imaginait-il. L’acquittement prononcé par Athéna ne lui avait pas rendu la
paix ; ses poursuivantes étaient moins nombreuses, mais elles ne le
quittaient pas.
    Dans son désespoir, il se rendit à Delphes. S’il ne pouvait
trouver d’aide en ce lieu, le plus saint de toute la Grèce, il n’en trouverait
nulle part ailleurs. L’oracle d’Apollon lui donna quelque espoir, mais
seulement au péril de sa vie. Il lui fallait aller en Tauride, lui dit la
prêtresse, où, dans le temple, il déroberait l’image sacrée d’Artémis qu’il
déposerait ensuite à Athènes ; alors, mais alors seulement, il
retrouverait la paix et jamais plus il ne verrait les terribles formes qui le
pourchassaient. C’était une entreprise des plus périlleuses, mais tout son
avenir en dépendait. Il résolut donc de la tenter à tout prix et son ami Pylade
refusa de le laisser partir sans lui.
    En arrivant au temple, ils comprirent aussitôt qu’il leur
faudrait attendre la nuit avant d’entreprendre quoi que ce fût ; y
pénétrer en plein jour sans être vus était exclu. Ils battirent donc en
retraite, cherchant un lieu sombre et solitaire où ils pourraient se
dissimuler.
    Affligée comme toujours, Iphigénie vaquait à ses multiples
devoirs rituels envers la déesse, quand elle fut interrompue par un messager
qui lui apprit que deux jeunes hommes, des Grecs, avaient été faits prisonniers
et devaient être sacrifiés aussitôt. Lui-même était chargé de la prier de tout
préparer pour l’holocauste. L’horreur qu’elle avait si souvent ressentie la
saisit à nouveau. Elle trembla à la pensée – trop familière cependant — de
la hideuse effusion de sang, de l’agonie des victimes. Mais cette fois, une
réflexion nouvelle lui vint à l’esprit. Elle se demanda : « Une
déesse exigerait-elle de telles choses ? Se réjouirait-elle à ces meurtres
sacrificiels ? Je ne peux le croire. Ce sont les hommes de ce pays qui
sont assoiffés de sang, et ils rejettent leur propre malignité sur les
dieux. »
    Comme elle restait immobile, abîmée dans ses pensées, les
prisonniers furent introduits. Elle envoya les serviteurs dans le temple pour
commencer les préparatifs et lorsqu’ils se trouvèrent seuls, tous les trois,
elle s’adressa aux jeunes hommes : « Où était leur
demeure ? » leur demanda-t-elle, cette demeure qu’ils ne reverraient
jamais. Elle ne pouvait retenir ses larmes et ils s’émerveillaient de la voir
si compatissante. Oreste lui dit gentiment de ne pas se chagriner pour eux. En
venant vers cette terre, ils savaient ce qu’ils affrontaient. Mais elle les
interrogea encore. Etaient-ils frères ? « Oui, par

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