La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
couleur après l’autre, et il essayait de s’imaginer
qu’elle en était heureuse. Il la comblait de ces présents qui plaisent tant aux
vraies jeunes filles, des petits oiseaux et des fleurs et ces brillantes larmes
d’ambre que pleurent les sœurs de Phaëton, et ensuite, il imaginait qu’elle le
remerciait avec effusion. Le soir il l’étendait sur un lit et l’enveloppait de
chaudes et moelleuses couvertures comme font les petites filles pour leurs
poupées. Mais il n’était plus un enfant ; il ne put longtemps continuer ce
jeu et bientôt il y renonça. Il aimait un objet sans vie et il était
désespérément misérable.
Cette passion singulière ne demeura pas longtemps ignorée de
la déesse de l’Amour. Vénus s’intéressa à ce sentiment qu’elle ne rencontrait
pas souvent, à cet amant d’une espèce nouvelle, et elle décida d’aider un jeune
homme qui pouvait être à la fois amoureux et cependant original.
La fête de Vénus, comme il se doit, était tout
particulièrement célébrée à Chypre, l’île qui avait accueilli la déesse après
qu’elle fut née de l’écume. On lui offrait en grand nombre des génisses
blanches comme neige et aux cornes dorées ; l’odeur divine de l’encens s’élevait
de ses nombreux autels pour se répandre dans toute l’île ; des foules se
pressaient dans ses temples ; nul amoureux éconduit qui ne fût là, suppliant
que l’objet de son amour se laissât enfin attendrir. Et là aussi, naturellement,
se trouvait Pygmalion. N’osant en demander davantage, il priait la déesse de
lui faire rencontrer une jeune fille pareille à sa statue. Mais Vénus savait ce
qu’il souhaitait en réalité, et pour lui montrer qu’elle accueillait
favorablement sa prière, elle permit que par trois fois s’élevât dans l’air, lumineuse
et brûlante, la flamme de l’autel devant lequel il se trouvait.
Rendu pensif par ce signe de bon augure, Pygmalion revint à
sa maison et à son amour, cette forme qu’il avait façonnée et qui avait pris
tout son cœur. Elle était là, sur son socle, plus belle que jamais. Il la
caressa – puis recula. Était-ce une illusion, ou avait-il vraiment senti une
tiédeur sous ses mains ? II posa un long baiser sur ses lèvres, et elles s’adoucirent
sous les siennes. Il toucha les bras, les épaules ; comme une cire qui
fond au soleil, leur dureté disparut. Il lui prit le poignet ; le pouls y
battait. Vénus, se dit-il. C’était l’œuvre de la déesse. Avec une gratitude et
une joie débordantes, il prit son amour dans ses bras. Rougissant, elle sourit.
Vénus honora leur mariage de sa présence, mais de ce qu’il
advint ensuite nous ne savons rien, sauf que Pygmalion donna à la jeune femme
le nom de Galatée et que leur fils, Paphos, donna le sien à la cité favorite de
Vénus.
Philémon et Baucis
Seul Ovide narre cette histoire. Il y montre son amour
des détails et cet art consommé dont il use pour donner de la réalité à un
conte de fées. Les dieux y portent leurs noms latins.
Dans une région montagneuse de la Phrygie, il y avait jadis
deux arbres que les paysans se montraient du doigt, de près ou de loin, et pour
cause, car l’un était un chêne, l’autre un tilleul et cependant ils n’avaient
qu’un seul tronc. L’histoire qui raconte comment ceci advint fournit la preuve
de l’immense pouvoir des dieux et de la façon dont ils récompensent les humbles
et les pieux.
Parfois, lorsque Jupiter se lassait de goûter au nectar et à
l’ambroisie de l’Olympe ou même, un peu, d’écouter la lyre d’Orphée et de
regarder danser les Muses, il lui arrivait de descendre sur la terre pour y
courir l’aventure, déguisé en simple mortel. Pour ces randonnées, son compagnon
favori était Mercure, le plus amusant de tous les dieux, le plus sagace et le
plus fertile en ressources. L’excursion qui nous occupe avait un but bien
déterminé ; Jupiter voulait savoir jusqu’à quel point le peuple phrygien
pratiquait l’hospitalité. Le père des dieux et des hommes s’intéressait très
particulièrement à cette vertu puisque tous les hôtes, tous ceux qui cherchent
refuge dans un pays étranger se trouvaient sous sa protection personnelle.
Les deux dieux prirent donc l’apparence de pauvres vagabonds
coureurs de routes et se promenèrent au hasard à travers le pays, frappant à
chaque chaumière basse, à chaque grande maison qu’ils venaient à passer, demandant
partout
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