La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
petit-fils ? » Mais
elle jetait ses bras autour du cou de Pénée et le cajolait : « Père chéri, laissez-moi suivre l’exemple
de Diane. » Alors il cédait et elle retournait courir dans les forêts
profondes, ravie de sa liberté.
Mais un jour Apollon l’aperçut et pour elle tout s’acheva. Elle
chassait ; sa robe courte lui venait aux genoux, ses bras étaient nus et
ses cheveux en désordre. Sa beauté, malgré cela, restait enchanteresse et
Apollon pensa : « Que serait-ce si elle était convenablement vêtue et
si ses cheveux étaient coiffés ? » A cette idée, le feu qui dévorait
son cœur brûla plus vif encore et il s’élança à la poursuite de Daphné. Celle-ci
fuyait ; elle excellait à la course et Apollon lui-même eut quelque peine
à la rattraper, mais bien entendu il y parvint bientôt. Tout en courant, il
lançait sa voix devant lui, suppliante, persuasive, rassurante : « Ne crains rien », criait-il. « Arrête,
reconnais-moi. Je ne suis ni un rustre ni un berger, je suis le Seigneur de
Delphes et je t’aime. »
Mais Daphné fuyait toujours, plus effrayée que jamais. Si c’était
bien Apollon qui la poursuivait, son sort devenait désespéré, cependant elle
était bien décidée à lutter jusqu’au dernier moment. Il n’était plus loin ;
déjà elle sentait le souffle du dieu sur sa nuque, lorsque devant elle les
arbres s’écartèrent et elle vit le fleuve de son père. Elle cria : « Père, aide-moi, sauve-moi ! ». À
ces mots, une torpeur la prit, elle sentit que ses pieds s’enracinaient dans ce
sol qu’un instant plus tôt elle foulait si légèrement et avec tant de célérité.
Une écorce l’enveloppait maintenant et des feuilles jaillissaient. Elle était
transformée en arbre, en laurier.
Avec consternation, Apollon suivait des yeux la métamorphose.
« O la plus belle des jeunes filles, tu es perdue pour moi », gémit-il.
« Mais du moins tu seras mon arbre. Le front de mes vainqueurs sera ceint
de tes feuilles. Tu prendras part à tous mes triomphes. Apollon et son laurier
seront unis partout où des chants s’élèveront, où des poèmes seront dits. »
Bruissante et ondoyante, la tête du bel arbre aux feuilles
luisantes parut acquiescer joyeusement.
Alphée et Aréthuse
Seul Ovide raconte en entier cette histoire et il n’y a
rien de marquant à relever dans sa manière de la relater. Les vers qui servent
d’épilogue à ce conte sont dus au poète alexandrin Moschos.
Dans l’île d’Ortygie, tout près de Syracuse, la plus grande
ville de Sicile, se trouve une fontaine sacrée appelée Aréthuse. Jadis
cependant, ce nom ne désignait pas une fontaine ni même une Néréide, mais bien
une chasseresse jeune et belle et disciple d’Artémis. Tout comme sa déesse
favorite, elle éprouvait une aversion profonde pour les hommes et comme elle
encore, elle aimait avec passion la chasse et la vie libre de la forêt.
Un jour, lasse et hors d’haleine d’avoir poursuivi le gibier,
elle s’arrêta au bord d’un clair ruisseau ombragé par des saules. On ne pouvait
rêver meilleur endroit pour se baigner. Aréthuse laissa tomber ses vêtements et
se glissa dans l’onde fraîche et délicieuse. Pendant quelques instants, elle
nagea paresseusement dans une paix absolue ; puis, elle crut sentir une
agitation dans les profondeurs de l’eau. Effrayée, elle sauta sur la berge et
alors elle entendit une voix : « Pourquoi tant de hâte, ma belle ? »
Sans un regard en arrière, elle quitta au plus vite le ruisseau et courut avec
une célérité décuplée par la peur vers le refuge des grands bois. Mais elle
était poursuivie et par quelqu’un de tout aussi rapide qu’elle-même sinon
davantage. L’inconnu lui cria d’interrompre sa course ; il lui dit qu’il
était le dieu de la rivière, Alphée, et que seul l’Amour le portait à cette
poursuite. Mais elle ne voulait rien entendre ; elle n’avait qu’une pensée,
lui échapper. Ce fut une longue course mais son issue ne fut jamais en doute ;
il pouvait courir beaucoup plus longtemps qu’elle. Épuisée, Aréthuse implora la
déesse et ce ne fut pas en vain. Artémis la changea en fontaine, puis fendit la
terre de telle façon qu’un tunnel relia soudain, par-dessous la mer, la Grèce à
la Sicile. Aréthuse y plongea et émergea dans l’île d’Ortygie, et le lieu où
jaillit sa fontaine est sacré, il est dédié à Artémis.
Mais même alors
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