La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
vieillards. La cabane qui depuis si longtemps était
leur demeure se transformait sous leurs yeux en un temple majestueux, au toit d’or
soutenu par des colonnes du plus beau marbre.
« Bonnes gens », dit Jupiter, « exprimez un
vœu et nous vous l’accorderons aussitôt. » Les deux vieillards
chuchotèrent un instant, puis Philémon parla : « Qu’il nous soit
permis d’être vos ministres et les gardiens de ce temple – Oh, et puisque nous
avons si longtemps vécu ensemble – ne laissez aucun de nous demeurer seul, un
jour ; accordez-nous de mourir ensemble. »
Émus, les deux dieux acquiescèrent. Longtemps le vieux
couple servit dans le grand édifice, et l’histoire ne dit pas s’il leur arriva
parfois de regretter leur chaumière douillette et les flammes joyeuses de son
âtre. Mais un jour qu’ils se tenaient l’un près de l’autre devant la
magnificence dorée du temple, ils se mirent à parler de leur vie ancienne, si
dure et cependant si heureuse. Ils étaient maintenant parvenus à un âge très
avancé, et soudain, comme ils échangeaient leurs souvenirs, chacun s’aperçut
que l’autre se couvrait de feuilles. Puis une écorce les entoura. Ils n’eurent
que le temps de s’écrier tendrement : « Adieu, cher compagnon » ;
les mots avaient à peine passé leurs lèvres qu’ils étaient transformés en
arbres. Mais ils étaient toujours ensemble ; le chêne et le tilleul n’avaient
qu’un seul tronc.
De partout on venait admirer le prodige et des guirlandes de
fleurs garnissaient toujours les branches pour honorer ce couple pieux et
fidèle.
Endymion
J’ai emprunté ce récit à un
poète du III e siècle, Théocrite,
qui le raconte dans la manière grecque la plus traditionnelle, simple et sans
contrainte.
Cet adolescent au nom si fameux a une histoire fort courte. Certains
poètes disent qu’il était roi ; pour d’autres, il était un chasseur, mais
la plupart en font un berger. Tous s’accordent pour célébrer sa beauté, qui fut
la cause de son destin singulier.
Endymion le berger
Fut aperçu par Séléné, la Lune.
Elle le vit et l’aima.
Elle descendit des cieux
Jusqu’à la grotte de Latmos,
Elle l’embrassa et s’étendit près de lui.
Que son sort est fortuné ;
Sans un geste, immobile.
A jamais il sommeille
Endymion le berger.
Jamais il ne se réveille pour voir la forme brillante et
argentée qui se penche sur lui. Dans tous les récits qui lui sont consacrés, il
dort à jamais, immortel mais toujours inconscient ; toujours aussi beau, il
repose étendu sur le flanc de la montagne, aussi lointain et immobile que dans
la mort mais chaud et vivant ; et nuit après nuit, la Lune lui rend visite
et le couvre de baisers. On dit que ce sommeil magique est son œuvre, qu’elle l’aurait
endormi afin de pouvoir à tout moment le rejoindre et l’embrasser. Mais on dit
aussi que sa passion ne lui apporte que peine, une peine qui s’exhale en de
nombreux soupirs.
Daphné
Seul Ovide relate cette légende et seul un Romain
pouvait l’écrire. Jamais un poète grec n’aurait pensé à la coiffure d’une nymphe
si songé à la vêtir d’une robe élégante.
Daphné était une autre de ces jeunes chasseresses
indépendantes et réfractaires au mariage et à l’amour que nous rencontrons si
souvent dans les récits mythologiques. Elle fut, dit-on, le premier amour d’Apollon,
et qu’elle l’ait fui n’a rien de surprenant. L’une après l’autre, ces
infortunées jeunes filles se voyaient forcées soit de tuer secrètement leur
enfant, soit de mourir elles-mêmes. Au mieux, elles pouvaient s’attendre à l’exil
et bien des femmes estimaient ce sort pire encore que la mort. Les Néréides qui
rendaient visite à Prométhée sur son pic rocheux du Caucase, témoignaient d’un
élémentaire bon sens quand elles lui disaient :
Puissiez-vous ne jamais oh, jamais me voir
Partageant la couche d’un dieu.
Que jamais ne m’appartienne
L’amour que connaissent les dieux.
La lutte contre un amant divin n’est pas une
lutte,
C’est le désespoir.
Daphné aurait sans réserve partagé ce point de vue. Mais en
vérité, elle refusait aussi tout amant mortel. Son père, le dieu-fleuve Pénée, se
chagrinait beaucoup de la voir éconduire l’un après l’autre tous les jeunes
gens beaux et acceptables qui la recherchaient. Il la grondait gentiment et
gémissait : « N’aurai-je donc jamais un
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