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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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oncle.
    — Et pas avec Emil ?
    — C’est de cela que parlaient vos lettres ?
    Christof soupira.
    — Avant, quand je n’étais pas encore à l’université,
je trouvais que la politique n’était que vociférations et vulgarité. Le
fanatisme des partis semblait si étranger à la pureté et à la simplicité de la
vie intellectuelle. C’est cela que je vous écrivais hier soir. Mais avec les
temps durs que connaît l’Allemagne, et la popularité du communisme, je me suis
contraint à me pencher à nouveau sur la possibilité la plus forte, le national-socialisme.
Et qu’est-ce que je trouve ? De l’énergie, de la vitalité, de quoi séduire
les jeunes, qui sont l’avenir de l’Allemagne. Alors avant-hier je suis allé
entendre parler votre oncle. Vous y étiez ?
    Elle secoua la tête.
    — En général, je n’y vais pas.
    — Pourquoi ?
    Elle haussa les épaules.
    — C’est barbant.
    — Mais pas du tout ! C’est
passionnant !
    — Vous avez des cigarettes ?
    Christof sortit un paquet et le secoua pour en
extraire une cigarette. Elle la prit, chercha une allumette et l’alluma. Elle
souleva une des fenêtres à guillotine le plus haut qu’elle put, laissant entrer
à flots de l’air frais et des rafales de neige, puis se rassit sur le sofa, les
jambes repliées.
    — Racontez !
    — Il y avait cinq mille étudiants, et de
nombreux professeurs respectés sur l’estrade, et Hitler n’est pas du tout le
fanatique qu’on m’avait décrit. Il a à peine évoqué les Juifs. Par contre, il a
parlé en termes mesurés de la justice et de l’harmonie sociales, et d’un
nouveau monde idéaliste, un monde qui recherche la liberté, le travail et le
pain pour les masses, en rejetant le matérialisme, l’égoïsme et les
distinctions de classe. Contrairement aux autres politiciens, il s’est adressé
directement aux jeunes, nous offrant une chance de le rejoindre dans sa croisade
pour le bien et la gloire de l’Allemagne à condition que nous le suivions sans
hésitation. À la fin du discours, nous étions tous très remontés. Nous pensions
que s’il pouvait nous mettre dans cet état rien qu’avec un discours, notre
patrie pourrait peut-être être sauvée avec lui comme Führer. Un de mes amis qui
était là, un Juif, m’a surpris en disant que sans l’antisémitisme du parti, il
aurait adhéré.
    — Et donc vous avez adhéré, dit-elle d’un
ton monocorde. Et vous deviez me le dire de vive voix.
    — Vous n’êtes pas contente ?
    Elle entendit la sonnette. Elle jura.
    — Qui est-ce ? demanda Christof.
    — Aucune idée.
    Elle se leva et se pencha par la fenêtre pour
regarder dans Prinzregentenplatz. La Mercedes d’Hitler était là, de la fumée
grise sortait en tourbillonnant du pot d’échappement, et son oncle était
recroquevillé sur le siège avant, en train d’étudier un journal.
    — Oh, non !
    Elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir.
    — Salut ! cria Emil.
    En allant dans le couloir, elle effleura de la
main la bouche de Christof pour qu’il se taise.
    — Emil ! s’écria-t-elle.
    Il portait des bottes montantes, une capote
militaire grise, et un bonnet de SA tellement enfoncé qu’il lui recouvrait les
oreilles. Ses mains étaient rougies par le froid et il souffla dessus en demandant :
    — Tu veux aller avec ton oncle à l’Osteria ?
    — Non, je n’en ai pas très envie, merci.
    Le visage d’Emil sembla indifférent à la
réponse de Geli. Puis il s’assombrit.
    — Tu fumes, Geli ?
    Elle se rendit compte qu’elle tenait sa
cigarette entre les doigts du milieu de sa main droite, tout comme Goebbels.
    — Qui est avec toi ?
    Christof apparut sur le seuil.
    — Un vieil ami, dit-il innocemment.
    Emil ricana et, très calme, appela Geli «  meine
Dirne  », ce qui pouvait être aussi banal que « ma fille », mais
pouvait également signifier « garce ».
    — On parlait, c’est tout, dit-elle.
    — Ah, c’est toujours comme ça que ça
commence, pas vrai ? répondit Emil.
    Il avança et sembla prendre un plaisir méchant
à voir Christof lever les mains d’un geste frêle, comme si son impuissance
allait le pacifier.
    — Non, Emil ! dit Geli d’une voix
ferme.
    — J’ai adhéré au parti, dit Christof
faiblement. Nous sommes camarades.
    Emil le frappa si fort sur le nez que le sang
gicla sur la tapisserie vert tendre. Christof grogna et tint son visage à deux
mains en tombant à genoux. Geli

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