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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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hurla et s’accroupit à côté de Christof.
    — Non, mais tu crois pas que c’est déjà
fini ? dit Emil en lui donnant un coup de genou dans la bouche.
    Christof poussa un cri et se plia en deux, du
sang et de la salive coulèrent de sa bouche tandis qu’une dent tombait sur sa
langue.
    Les joues ruisselant de larmes, Geli retenait
les mains d’Emil en lui hurlant d’arrêter. Emil n’entendait rien.
    — Alors, tu penses que tu peux te taper
ma petite amie, et dans la maison de mon Führer, par-dessus le marché ?
    Avec une force étonnante pour son gabarit de
poids moyen, Emil se saisit de l’imperméable de Christof et souleva le jeune
homme de terre avant de le lancer violemment dans le montant de la porte, faisant
trembler toute la pièce, puis le traîna dehors. Il le poussa ensuite le long du
couloir et dans l’entrée, braillant sa haine pour les intellectuels et les
tapettes, les mains surgissant devant le visage de Christof chaque fois qu’il
repérait un endroit où frapper, comme après-guerre, au temps de la brigade
navale Ehrhardt, tout en faisant valdinguer sa victime dans les murs et les
portes vacillantes de la bibliothèque.
    Christof tomba et Emil lui donna un coup de
pied ; il balança ensuite de nouveau sa jambe de toutes ses forces mais
son pied heurta le mur. Emil se fit mal malgré ses bottes, et il essaya de
faire passer la douleur en marchant un peu, pendant que Christof gisait dans le
vestibule, tout dégoulinant de sang.
    C’est alors qu’Hitler apparut, un pistolet à
la main.
    — C’est intolérable ! hurla-t-il.
    Tout étonné, Emil fixait le pistolet.
    — C’est à moi que vous parlez ?
    — À qui voulez-vous ? Vous avez fait
pleurer ma nièce !
    — Elle…, commença-t-il, mais Hitler
frappa Emil sur la tête, comme un gamin, et celui-ci tomba piteusement assis, tandis
qu’Hitler l’invectivait pour s’être adonné à une telle violence chez lui et
devant sa nièce.
    — Je te déteste, Emil ! s’écria Geli.
Je te déteste !
    Et elle alla chercher un gant de toilette
mouillé pour le passer sur le visage de Christof.
    Pendant qu’Emil s’apitoyait sur son sort, Hitler
continuait sans relâche, lui soulevant le menton avec son pistolet, criant que
ce qu’il avait fait était abject, impardonnable, une véritable honte.
    Hébété, Christof se mit à quatre pattes, puis
debout.
    — Il faut que j’aille voir un médecin, dit-il
dans le gant qui devenait de plus en plus rouge.
    Hitler força Emil à aider Christof à se
relever, puis se tourna vers sa nièce.
    — Je suis profondément navré, princesse. Cela
ne se reproduira plus.
    Elle avait d’abord pensé qu’il serait en
colère contre elle, mais elle se rendit compte que tout cela l’arrangeait bien.
Emil serait renvoyé, et Christof n’était pas idiot. Elle n’était qu’à Hitler
désormais.
    Christof partit en chancelant, appuyé sur l’épaule
d’Emil, ses galoches grinçant sur le parquet.
    — Le pistolet était dans votre voiture ?
demanda Geli.
    Hitler regarda le Walther qu’il tenait à la
main.
    — Je t’ai entendue crier.
    — Christof était juste venu m’annoncer qu’il
avait adhéré au parti, expliqua Geli.
    L’air malheureux, son oncle eut un sourire
fugace.
    — Ce n’est pas nécessaire d’en parler, dit-il,
comme s’il avait beaucoup à pardonner.
    Puis il disparut et Geli n’eut plus qu’à
essuyer le sang qui maculait les murs et le sol.

XV
Élections, 1930
    Un homme d’affaires américain nommé Owen Young
présidait une commission internationale ayant pour objectif de soulager l’économie
allemande en amendant de nombreuses clauses punitives du traité de Versailles. D’accord
avec Gustav Stresemann, le ministre allemand des Affaires étrangères, la
commission fixa un plafond de cent vingt et un milliards de Reichsmarks pour
les réparations de guerre, à payer en cinquante-neuf annuités, jusqu’en 1989. Les
taxes sur les obligations industrielles et les autres impôts étaient abolis. Les
sanctions devaient être remplacées par un arbitrage. Et les Alliés se
retireraient de la Rhénanie quatre ans et demi avant la date prévue.
    Mais tous ces changements ne firent qu’indigner
les ennemis de la république de Weimar, qui pensaient que le traité originel
était si manifestement injuste qu’il devait être purement et simplement annulé
et non modifié. Les communistes et d’autres partis de gauche s’allièrent à

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