Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
Vom Netzwerk:
par ses actions généreuses. Son esprit s’est
envolé afin de vivre dans chacun de nous à présent. Il marche dans nos rangs. Même
maintenant il lève sa main lasse et nous appelle dans la distance chatoyante, et
crie : “Marchons sur les tombes ! Au bout de la route se trouve l’Allemagne !” »
    À cet instant six grands chœurs entonnèrent ce
qui était maintenant connu sous le nom de Lied de Horst Wessel :
    « Les bannières
s’agitent, les tambours roulent, les fifres se réjouissent, et l’hymne de la
révolution allemande résonne dans des millions de gorges, Lève haut le drapeau ! »
    Afin de donner une
plus grande importance politique à l’événement, le Doktor Goebbels aurait voulu
que ce soit Hitler qui prononce l’oraison funèbre mais celui-ci, même s’il ne l’avouait
pas, avait peur que les communistes ne l’éliminent. Alors, il prétendit être
malade, ou déjà pris, et avec cet esprit de tergiversation pour lequel il n’était
pas encore connu, il alla se cacher pendant deux semaines avec Geli.
    Elle était son échappatoire, sa torpeur, sa
capitulation devant l’hésitation et la passivité qui faisaient de plus en plus
partie de sa nature. Avec le Rolleiflex qu’il lui avait offert, elle prit des clichés
de lui dans son costume tyrolien, assis sur une congère dans l’Obersalzberg, ou
dans les bois en train de lancer des bâtons à ses deux bergers allemands, Prinz
et Muck, ou bien sur un traîneau en bois, vêtu d’un costume et d’un chandail, ses
jambes de pantalon rentrées dans des chaussettes de laine. Et sur chaque cliché
il souriait.
    Après leurs promenades ils écoutaient les
émissions de radio de Munich dans le jardin d’hiver, tandis qu’Angela faisait
chauffer de l’eau salée pour le bain de pieds d’Adolf. Lorsqu’elle retournait
dans le jardin d’hiver, elle trouvait souvent Geli à genoux, en train de
retirer les chaussettes de son oncle et de replier les jambes de son pantalon
de lainage sur ses mollets blancs et glabres. Angela posait la cuvette fumante
par terre, et son demi-frère poussait de faux gémissements de douleur en
immergeant ses pieds.
    — Oh, pourquoi les femmes de ma famille
passent-elles leur temps à me tourmenter ?
    — Parce que vous adorez ça, disait Geli
en se relevant.
    Hitler savourait le contentement qui suintait
de tous ses pores, et fermait les yeux.
    — C’est vrai, c’est bien vrai. J’aime
tellement ça. Je suis si heureux. Si heureux, vraiment.
    Un jour de mars, au crépuscule, Hitler se
tenait dans une position martiale sur la terrasse nord balayée par les vents
froids, remplissant sa cage thoracique d’un air riche en oxygène, les yeux
fixés sur les Alpes majestueuses et les amas de nuages qui roulaient vers lui. Geli
vint le voir après avoir passé un cardigan, sa jupe à volants plaquée à ses
jambes comme de la peinture. Elle passa son bras autour de la taille de son
oncle, et il lui désigna d’un doigt ganté les villages qu’ils surplombaient, les
nommant tous comme s’il était Adam.
    — Bischofswiesen est par là, à l’ouest. Puis
il y a Berchtesgaden. Et Maria Gern. Obersalzberg. Markschellenberg. Et loin
derrière c’est Salzbourg. À l’est il y a Oberau, Hallein, Klaushöhe, Buchenhöhe.
    — J’aime être ici, dit-elle, en se
rendant compte avec embarras qu’elle désirait l’entendre dire qu’il aimait qu’elle
y soit.
    Au lieu de cela, il lui récita des vers qu’il
venait d’inventer.
    — « Tout là-haut au-dessus du monde,
dans le froid repaire du Kehlstein, j’entretiens le feu avide de ma haine. »
    — Il faut que je rentre, fit Geli, peinée
et découragée.
    Au milieu des nuits d’Obersalzberg, il
arrivait qu’elle entende ses pas dans le couloir et qu’elle le voie passer une
tête hésitante dans sa chambre pour vérifier si elle était encore éveillée. Elle
l’invitait alors à entrer, et souvent il ne faisait que lui planter un rapide
baiser sur le front en lui disant Schlaf gut, dors bien. Mais d’autres
fois, il s’asseyait contre ses jambes enfouies sous la couverture, et se
renseignait d’un ton paternel et formel sur ce qu’elle avait fait dans la
journée, ce qu’elle souhaitait faire le lendemain, si elle n’avait besoin de
rien. Puis il lui tapotait doucement le genou et se levait, se contentant
parfaitement de cela.
    Un soir, après une dispute de une heure au
téléphone dans le jardin d’hiver, il entra dans sa

Weitere Kostenlose Bücher