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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Pourquoi ne pas
me le demander ?
    Hitler lui adressa un sourire fugace, mais
plein d’ironie et de méfiance, puis il se tourna vers Georg.
    — Elle est rentrée quand de chez Herr
Vogl ?
    Une autre fois, en juin, elle était à la Stammtisch d’Hitler au café Heck. Treize mois auparavant Alfred Rosenberg
avait terminé un livre, Der Mythos des 20 Jahrhunderts, que par vanité
il tenait à appeler son magnum opus, et qu’il avait donné à lire à son Führer
au cas où celui-ci y trouverait quoi que ce soit de sujet à caution. Elle
savait qu’en réalité son oncle ne s’était pas donné la peine de le lire, mais l’avait
gardé une année entière avant de le rendre avec un « Très bon »
griffonné en hâte sur la page de garde. Malgré tout, Rosenberg était tout
excité, et pendant que Rudolf Hess entretenait Hitler d’un problème urgent dans
le Nord, Rosenberg voulut démontrer à Geli pourquoi son oncle était si
impressionné.
    Avec une haleine si fétide que Geli dut se
mettre la main devant le nez, Rosenberg s’approcha d’elle pour dire que Le
Mythe du XX e siècle était l’accomplissement des théories raciales formulées initialement par
Houston Stewart Chamberlain et Paul de Lagarde.
    — Mais je les ai surpassés, car j’ai
prouvé que les plus grandes œuvres culturelles de l’Occident ont toutes leurs
origines dans les anciennes tribus germaniques. Et que la chrétienté, corrompue
par les jésuites, les francs-maçons et la juiverie internationale a détruit la
culture germanique en favorisant la dilution de notre sang avec des races
faibles.
    — Et que préconisez-vous ?
    — Il faut une guerre, un nettoyage.
    — Parfait, commencez par les dents, rétorqua
Geli sans réfléchir.
    Vexé, il se carra dans sa chaise et dit bien
fort :
    — Certaines personnes ont rapporté que
vous êtes une jeune fille insolente. Maintenant, j’en ai la confirmation.
    Elle n’en revint pas que Rosenberg osât parler
sur ce ton à la nièce de son Führer, mais quand elle se retourna, indignée, vers
son oncle, elle vit que Hess et lui les regardaient dans un silence indulgent
qui semblait approuver l’insulte de Rosenberg. Y avait-il été incité ?
    Hitler sourit.
    — Les hommes n’ont que faire de l’intelligence
chez les femmes. Nous voulons qu’elles soient de gentilles petites choses
câlines. Tendres, douces et même un brin stupides.
    Le visage de Geli était brûlant. Sa bouche
faible. Elle eut une sensation de malaise au creux de l’estomac.
    — Je suis ici pour être sermonnée ?
    — Seulement si cela se révèle nécessaire.
    Au bord des larmes, elle se contenta de fixer
son assiette.
    — Je ne connais rien de plus plaisant que
d’éduquer un jeune être. Une jeune fille de dix-huit ou vingt ans est aussi
malléable que de la cire, disait Hitler à Hess et à Rosenberg.
    Elle faillit déclarer qu’elle en avait
vingt-deux, mais elle se souvint qu’Eva Braun était plus jeune qu’elle.
    — Vous voulez bien que je cite vos
paroles à Herr Hess ? demanda Rosenberg à Hitler.
    — Sur ce sujet ?
    — Ce que vous disiez pas plus tard qu’hier.
    — Je dis tant de choses !
    — Si je me souviens bien, vous disiez :
« Un homme doit être capable d’apposer sa marque sur chaque fille. Les
femmes ne veulent rien d’autre. » Je trouve cela si…
    Geli voulut se lever de table.
    — Où vas-tu ? demanda son oncle.
    — Je me sens mal.
    — Assieds-toi !
    Et le silence régna pendant que le serveur
leur apportait des assiettes de minestrone. Rudolf Hess essaya de détendre l’atmosphère.
    — Qui a dit « Pour les hommes l’amour
est une chose à part, pour les femmes c’est toute leur existence » ? demanda-t-il.
    — Moi, dit Hitler. Mais pas dans ces
termes.
    Alors il vit les larmes qui coulaient sur les
joues de sa nièce et il changea de sujet.
    À quatre heures du matin elle entendit sa
porte s’ouvrir et se refermer doucement, elle se leva et vit un petit paquet
enveloppé dans du papier doré. Une carte l’accompagnait, sur laquelle il s’était
dessiné avec le corps d’un horrible dragon. « Je suis un monstre, avait-il
écrit. Tu veux bien me pardonner ? » Le paquet contenait d’adorables
boucles d’oreilles ornées d’un diamant d’un demi-carat. Et il fut si détestable
le lendemain, et sa mauvaise humeur si lassante, que sur l’insistance des
Winter elle finit par lui pardonner.
    Il devait y avoir
une autre

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