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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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croquis, mon père et
moi. Franchement, on ne te reconnaît pas.
    — Qui d’autre les a vus ?
    — Oh, beaucoup de ses amis, je crois. Herr
Hitler en était très fier.
    — Il m’avait juré que ce n’était que pour
lui ! s’exclama-t-elle, en rage. Il m’avait donné sa parole d’honneur !
Comment je pourrais regarder ces gens en face maintenant !
    Henny essaya de plaisanter pour la dérider.
    — Bah, ils te connaissent un peu mieux, c’est
tout.
    Hurlant de honte, elle replia les bras sur sa
tête et le maudit.
    — Allons, allons, dit Henny d’un ton
maternel, et elle sourit en lui passant un bras autour de la taille et en la
serrant contre elle. Ce n’est que de l’art, Angelika.
    — Facile à dire pour toi, répondit Geli
en essuyant ses larmes et en reniflant. Tu n’es qu’une effrontée.
    Pour la campagne de
1930, le Doktor Goebbels organisa six mille rassemblements et parades aux
flambeaux dans toute l’Allemagne. Des millions de livres sur le parti furent
vendus ou distribués gratuitement. Et durant les six semaines précédant l’élection
de septembre, Adolf Hitler prononça plus de vingt discours importants, souvent
dans des chapiteaux venant d’être montés et ne contenant pas moins de dix mille
personnes. Jusque-là, aucun pays d’Europe n’avait expérimenté un bourrage de
crâne si frénétique, et le fruit de cette propagande se recueillit dans les
résultats : il y eut trente-cinq millions de votants – contre quatre
millions en 1928 –, et les nazis obtinrent cent sept sièges au Reichstag, quatre-vingt-quinze
de plus. Ce que les masses appelaient encore le mouvement hitlérien était
désormais le deuxième parti du Reich.
    Avec le succès vint l’anxiété. Hitler était
anéanti par des maux d’estomac qui étaient pour lui les prémices du cancer, ses
insomnies empirèrent, il s’inquiétait de ses odeurs de pieds et de ses
flatulences, il trouvait ses mains trop moites. C’est ainsi que deux jours
après les élections il décréta qu’il avait besoin de vacances, et que lui, Geli
et Angela se rendraient à Berlin pour ce que Hitler appela « une réunion
familiale avec Aloïs », le frère aîné d’Angela.
    Julius Schaub assistant à un festival de jazz
à Stuttgart, Hitler décida qu’ils pouvaient tout aussi bien prendre le train.
    Comme il voulait trouver un wagon de première
classe pas trop bondé, Hitler les fit aller à la Hauptbahnhof un peu avant
quatre heures du matin, mais c’était dimanche, et les cyclistes, les
randonneurs que l’on appelait Wandervögel, les clubs sportifs juifs
Makkabi et Schild, le Forum de gymnastique de Friedrich Jahn et la Ligue des
filles allemandes avaient rempli la gare de leurs cris, en attendant les trains
pour Garmisch, Passau, Nuremberg, et Bad Tölz.
    Hitler baissa son chapeau mou et dissimula son
visage à la foule désordonnée derrière un vieux numéro du Berliner
Illustrierte, tandis qu’Angela allait leur chercher du thé bien chaud et
que Geli parcourait la gare à la recherche de pastilles pour la gorge.
    Mais près d’un kiosque fermé, elle tomba sur
trente pèlerins en costume tyrolien arborant des insignes de la confrérie de Notre-Dame
de Saint-Michel, qui assistaient à une consécration célébrée sur une table
pliante transformée en autel. Elle n’était pas allée à l’église depuis son
installation dans l’appartement de son oncle, aussi s’attarda-t-elle un moment,
essayant en vain de prier, mais elle eut bientôt conscience que son oncle l’observait,
et elle regagna le quai de Berlin.
    Angela, qui n’avait pas ôté son chapeau cloche
ni son imperméable avec l’insigne à croix gammée, finissait son thé et son
oncle faisait mine d’être plongé dans les pages sportives de son journal.
    — Tu crois toujours à ces foutaises ?
demanda-t-il d’un ton sarcastique.
    Geli ne trouva pas de réponse satisfaisante.
    — Oh, toi et tes belles paroles ! dit
Angela.
    — Ce n’est pas en allant à l’église que l’on
paie les factures.
    — Aloïs est comme toi. Des mécréants, voilà
ce que vous êtes.
    — Nous ne pourrons pas avoir une nation
forte si des religions sont en concurrence avec nous pour le contrôle du peuple,
dit Hitler en repliant son journal. Nous voulons tout d’un homme, pas une
partie de lui. Nous commencerons par nous débarrasser des Juifs. Ensuite nous
éliminerons les catholiques. Et enfin toutes les autres religions. Dans
quelques

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