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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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cela ne lui plaisait pas. Elle s’est donc tournée vers des leçons de chant.
Elle devait faire bientôt ses débuts sur scène, mais elle ne se sentait pas
tout à fait prête et m’avait supplié de lui permettre de prendre des cours
supplémentaires avec un certain professeur Otto Ro à Vienne. Naturellement, étant
son tuteur, j’avais peur à l’idée qu’elle soit souillée par des influences dangereuses
et peu recommandables dans cette sentine de tous les vices, et je n’ai accepté
qu’à la condition que sa mère, qui demeure à Obersalzberg, l’accompagne. Pour
je ne sais quelle raison Geli n’a pas daigné m’obéir, et je me suis donc
déclaré tout à fait opposé à cette idée. Elle en a peut-être été contrariée, pourtant
elle n’a pas semblé particulièrement chagrinée, et elle m’a dit au revoir tout
à fait calmement lorsque je suis parti pour Hambourg vendredi après-midi.
    — À quelle heure ?
    — Vers trois heures.
    — Et vous n’avez effectué que le tiers du
trajet ?
    — Nous avions tout le temps. Mon discours
était prévu à huit heures ce soir.
    — Savez-vous ce qui aurait pu pousser
votre nièce à se suicider ?
    — Elle a peut-être pensé qu’elle m’avait
déçu. Elle m’avait supplié de lui offrir des leçons de chant, et j’avais
accepté, par générosité, mais elle se rendait compte qu’elle n’était pas douée.
Pour être franc, je crois qu’elle a eu peur de monter sur scène. Ou alors, c’était
peut-être une histoire d’amour contrarié. Il y a tant de rumeurs qui circulent.
Cependant, comme j’étais son oncle, ma curiosité naturelle pour sa vie privée
était arrêtée par les convenances. En fait, je me devais d’être bien plus
distant que je ne le souhaitais, et je n’étais pas toujours au courant des
détails de sa vie intime.
    — Autre chose ?
    Contemplant le ciel gris par la fenêtre de son
bureau, Hitler se mit à sucer son petit doigt de la main droite d’un air pensif.
    — Je me souviens maintenant qu’un jour
elle a participé à une séance de tables tournantes où on lui avait dit qu’elle
ne mourrait sans doute pas de mort naturelle. Et elle a toujours eu peur des
armes à feu, peut-être à cause d’un mauvais pressentiment.
    — Elle savait où vous rangiez votre
pistolet ? demanda Sauer.
    — Oh, oui !
    Et il fixa son fameux regard hypnotisant sur
Sauer, ses yeux se mouillant de larmes à point nommé.
    — Il faut que vous compreniez que la mort
de Geli m’a profondément affecté. Elle était la seule parente avec qui j’étais
vraiment proche. Nous étions inséparables. Et regardez ce qui m’arrive !
    Frau Angela Raubal
fut priée de venir d’Obersalzberg samedi, et elle fut attendue à la gare par
Rudolf Hess, Franz Xaver Schwarz et Anni Winter. Elle s’évanouit en voyant le
corps de Geli au cimetière de l’Est. Elle revint à elle dans un des salons, sous
le regard inquiet et compatissant de Rudolf Hess qui en faisait un peu trop. On
lui dit que la police et le médecin légiste venaient de terminer leur enquête. Tout
le monde avait conclu à un suicide, et Angelika Raubal, étudiante en médecine, fut
enregistrée sous le numéro 193 dans le registre des Selbstmörder de
Munich pour 1931. On ne dit pas à Angela qu’un procureur nommé Gläser, indigné
par ce jugement précipité, avait demandé un supplément d’enquête, mais que sa demande
avait été rejetée par Franz Gürtner, qui deviendrait le ministre de la Justice
du Reich quand Adolf Hitler accéderait au pouvoir.
    Le Völkischer Beobachter omit de
mentionner la mort de Geli, mais, le lundi 21 septembre, le Münchener Post publia l’information dans un article intitulé : « Une mystérieuse
affaire : le suicide de la nièce d’Hitler. » Le journaliste avait
certes tort de penser que Geli vivait Prinzregentenplatz dans un appartement
séparé de celui de son oncle, et qu’elle voulait aller à Vienne pour se fiancer,
mais il était apparemment informé de la dispute entre Hitler et sa nièce, et il
fit allusion à un homicide plutôt qu’à un suicide en écrivant que « Fräulein
Geli avait été retrouvée morte dans l’appartement avec le pistolet d’Hitler
dans la main. L’arête de son nez était brisée, et son corps portait d’autres
blessures sérieuses ». Il savait également que le samedi matin « des
messieurs de la Maison brune ont conféré sur ce qui devait être annoncé comme
motif

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