La nièce de Hitler
du suicide. On tomba d’accord pour expliquer la mort de Geli par des
ambitions artistiques déçues ».
L’article du Münchener Post força la
police à ordonner un supplément d’enquête, mais rien n’en ressortira. Le
pistolet Walther fut rendu à Hitler le 21 septembre, et ce jour-là le cercueil
de zinc contenant le corps de Geli était envoyé par chemin de fer du cimetière
de l’Est de Munich au cimetière central de Vienne.
Léo Raubal prit le train à Linz et vit que sa
mère était accompagnée dans ce voyage funèbre par le capitaine Ernst Röhm et
Heinrich Himmler, qui leur firent l’offense de prétendre être de vieux amis de
la famille. À la suite de son putsch de 1923, Hitler avait perdu la nationalité
autrichienne et il lui était interdit d’entrer dans le pays. Léo trouva étrange
que sa sœur ne soit pas enterrée à Munich ou à Berchtesgaden ; mais lorsqu’il
en demanda la raison à sa mère, celle-ci répondit : « Oh, je l’ignore »,
d’un ton vague, et chaque fois qu’Angela parlerait du suicide par la suite, Léo
aurait l’impression que sa mère cachait des choses.
Elle avait choisi le père Johann Pant pour la
messe d’enterrement à Vienne, car celui-ci avait rencontré Adolf trente ans
auparavant, lorsqu’il était aumônier dans un foyer et que le jeune Adolf
vendait des cartes postales peintes à la main ; il avait recherché des
subsides pour l’éducation de Geli quand Angela n’avait pas les moyens de la financer.
Le prêtre confia à Léo qu’il y avait un problème venant d’en haut, car l’Église
considérait tout suicide comme une grave offense envers Dieu ; il allait
devoir refuser à Geli un office catholique et un enterrement en terre consacrée.
Malgré une fervente éducation catholique, Heinrich
Himmler avait dévié de l’Église autant qu’Hitler ; mais lorsqu’il eut
connaissance de cet obstacle, certain que le prêtre n’allait rien révéler de ce
qu’il entendrait dans le confessionnal, Himmler eut un sursaut d’honnêteté et
décida d’aider la famille Raubal en demandant secrètement au père Johann Pant
le sacrement de la confession. Ce soir-là, le prêtre déclara à Léo que sa sœur
serait enterrée avec tous les rites funéraires de l’Église catholique et « de
ce fait vous pouvez tirer des conclusions que je ne peux pas vous communiquer ».
Elle fut enterrée
solennellement dans un mausolée au 9, Arkadengruft, en face de l’église Luger. La
tante Paula Hitler était présente avec les Raubal, ainsi qu’Ernst Röhm, Heinrich
Himmler, Adolf Muller, l’imprimeur du Völkischer Beobachter, et le Gauleiter nazi autoproclamé de Vienne, Alfred Frauenfeld. Une belle plaque
de marbre serait installée par la suite, avec cette inscription :
ICI NOTRE ENFANT BIEN-AIMÉE
GELI
REPOSE DANS LE SOMMEIL ÉTERNEL
ELLE ÉTAIT NOTRE RAYON DE SOLEIL
4 JUIN 1908-18 SEPTEMBRE 1931
FAMILLE RAUBAL
Angela Raubal allait
rester un membre loyal du parti national-socialiste des ouvriers allemands et
demeurer la gouvernante du chalet d’Obersalzberg, qui serait remanié de façon
grandiose pour devenir le Berghof, mais abandonnerait ses fonctions en 1935
parce qu’elle détestait Eva Braun – qu’elle traitait de grosse dinde – et épouserait
un certain Professor Martin Hammitzsch, âgé de soixante ans, directeur d’une
école d’ingénieurs des travaux publics de Dresde. Prétextant des affaires d’État
urgentes, Adolf n’assista pas au mariage. Lorsque le Führer se suicida avec Eva
Braun en 1945, Angela découvrit que l’homme le plus riche d’Europe avait laissé
au parti le Berghof, son mobilier, ses tableaux et quelques objets personnels, mais
que Paula et elle ne devaient recevoir qu’une rente à vie de douze mille Reichsmarks par an. Elles n’en virent jamais la couleur. Interrogée parl’ Office
of Strategic Services américain après la guerre, Angela continuait à ne pas
tenir Hitler pour responsable de la mort de Geli et soutenait qu’elle avait été
assassinée par Himmler. Frau Hammitzsch pensait aussi qu’Hitler avait eu l’intention
d’épouser sa nièce, mais avait temporisé, selon elle, parce que Geli était
amoureuse d’un violoniste de Linz. Angela mourut en 1949 à l’âge de
soixante-six ans.
Après 1933, Aloïs Hitler junior n’eut guère de
contacts avec son demi-frère – lequel ne parla jamais de lui à ses amis – et ne
mit jamais les pieds à la chancellerie à
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