La nièce de Hitler
tout en se tirant une balle de son Walther P.38 dans la tempe droite. Pour
s’assurer de leur mort, un garde SS tira deux fois dans les corps à terre. Imitant
Hitler en tout, le Doktor Goebbels avait laissé des instructions pour que les
ordonnances SS arrosent leurs corps avec le contenu de quatre jerricans d’essence
avant d’y mettre le feu, mais la combustion fut incomplète et leurs visages, bien
que dépourvus de peau, étaient encore reconnaissables lorsque les troupes
russes les découvrirent et les photographièrent.
Le 21 mai 1945, à un poste de contrôle entre
Hambourg et Bremerhaven, des soldats britanniques arrêtèrent une voiture dans
laquelle se recroquevillait un homme à l’allure familière. Rendu fou par l’échec
et la maladie, il avait rasé sa moustache grise, remplacé son pince-nez par un
faux bandeau sur l’œil, revêtu un uniforme de concierge, mais c’était quand
même, sans doute possible, Heinrich Himmler, le ministre de l’Intérieur, le
commissaire du Reich pour la consolidation de la nation allemande, Reichsführer des SS, du service de sécurité, de trois millions de policiers, des camps de
prisonniers de guerre et des camps d’extermination de Kulmhof, Belzec, Sobibor,
Maidanek, Birkenau, Treblinka et Auschwitz. Le médecin qui l’examinait en
prison aperçut dans sa bouche ce qui semblait être une molaire noire et cariée.
C’était en fait une ampoule de cyanure. Himmler la mordit immédiatement, avala
le poison et se tortilla par terre pendant une agonie de douze minutes – que d’aucuns
trouveront trop brève.
Collectionnant les fonctions et les titres
tout comme il s’emparait des œuvres d’art, Hermann Wilhelm Göring était, avant
de tomber en disgrâce auprès d’Hitler, ministre prussien de l’Intérieur, président
du Reichstag, chef de la Luftwaffe, chef de la Gestapo et Reichsmarschall de la grande Allemagne, le gros Falstaff de bien des plaisanteries cruelles. Flamboyant,
avide, hédoniste, jovial, cruel et misanthrope, amateur de chasse au cerf, possédant
l’œil acéré d’un connaisseur pour repérer les objets d’art et les bijoux, Göring
était considéré dans les cercles nazis comme un homme de grande culture ; mais
à cause de son manque d’éducation, de sens moral, de réflexion, de qualités de
gestionnaire, de compréhension de la technologie, de persévérance, et ses
fréquentes sous-estimations de la force alliée, les nombreuses organisations
dont il était responsable s’affaiblirent et capotèrent pendant la guerre, et le
9 mai 1945 il fut fait prisonnier par des soldats de la 7 e armée des
États-Unis. Reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité
par le tribunal militaire international de Nuremberg, il fut condamné à mort
par pendaison en 1946, mais, alors que l’on installait la potence dans la cour
de la prison de Spandau, il parvint à se suicider grâce à un poison caché. Il
cligne de l’œil sur le cliché pris après sa mort.
Alfred Rosenberg, que l’on appelait « le
grand prêtre intellectuel de la race supérieure », continua dans les
années trente à publier largement sur les thèmes racistes, antisémites et
anticatholiques, et reçut en récompense le titre d’« adjoint à l’éducation
spirituelle et idéologique du NSDAP », puis fut nommé ministre du Reich
pour les territoires occupés de l’Est, fonctions qui lui permirent de liquider
les ghettos juifs, de piller les œuvres d’art des collections juives, et d’écrire
des mémorandums que personne ne lisait. Au procès de Nuremberg il affirma que
ses écrits avaient été utilisés à mauvais escient de façon éhontée, qu’il avait
voulu trouver une solution « chevaleresque » à la question juive, que
les camps de concentration et les chambres à gaz étaient inconcevables pour lui
et pour Hitler, lequel avait seulement eu l’intention de donner de « sérieux
avertissements » aux Juifs. Rosenberg fut déclaré coupable de crimes
contre l’humanité et exécuté par pendaison en 1946.
Rudolf Hess était l’adjoint du Führer et
ministre du Reich sans portefeuille quand, en 1941, dans une équipée audacieuse,
il survola la mer du Nord en Messerschmitt et sauta en parachute au-dessus de l’Écosse
pour négocier la paix avec la Grande-Bretagne de façon indépendante et demander
la démission de Winston Churchill. Incarcéré à la Tour de Londres jusqu’en 1945,
il simula la folie,
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